Mosè et Ben Laden, même combat ?

Scandale à Pesaro où, dans Mosè in Egitto, Graham Vick a choisi de représenter Mosé enturbanné, la mitraillette au ciel, tel Ben Laden appelant à la guerre sainte. La très catholique Italie n’a pas apprécié un traitement qui transforme l’un de ses prophètes majeurs en terroriste. Le soir de la première, la police a dû intervenir pour forcer à s’asseoir quelques spectateurs qui, révoltés, manifestaient leur colère. Moïse étant aussi, selon la tradition, le fondateur de la religion juive, la soprano d’origine israélienne Hila Baggio, qui interprète le rôle de Giulia dans La Scala di seta, a manifesté sa désapprobation en quittant la salle après le premier acte. L’affaire fait suffisamment de ramdam pour que les politiques s’en mêlent. Ainsi, le sénateur Elio Massimo Palmizio, qui n’a pourtant pas vu le spectacle, l’accuse de « fomenter la haine » et envisage d’en référer au ministre de la Culture. « N’oublions pas que ce que nous considérons comme un terroriste est vu par d’autres comme un défenseur de la liberté. Du reste, Rossini nous présente Moïse toujours furieux et menaçant… En relisant son œuvre, j’ai ressenti le besoin de tenir compte de tout ce qui s’est passé au Moyen Orient ces dix dernières années. » a expliqué Graham Vick. Compte-rendu à suivre. Christophe Rizoud