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CHOSTAKOVITCH, Le Nez — Aix-en-Provence

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Spectacle
12 juillet 2011
Epoustouflant !

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4

Infos sur l’œuvre

Détails

Dimitri CHOSTAKOVITCH (1906 – 1975) Le Nez Opéra en trois actes et dix tableaux sur un livret du compositeur, d’après Gogol Créé à Leningrad (Théâtre Maly) le 18 janvier 1930
Mise en scène et vidéo, William Kentridge Metteur en scène associé, Luc De Wit Scénographie, William Kentridge et Sabien Theunissen Costumes, Greta Goiris Lumières, Urs Schönebaum Elaboration et montage vidéo, Catherine Meyburgh Platon Kouzmich Kovaliov, Valdimir Samsonov Le Nez, Alexandre Kravets L’inspecteur de police, Andrey Popov Ivan Yakovlévitch, Vladimir Ognovenko Proskovia Ossipovna, Claudia Waite Ivan,Vasily Efimov Le Fonctionnaire du journal, Yuri Kissin Le Docteur, Gennady Bezzubenkov Pelagie Grigorievna Podtotchina, Margarita Nekrasova La Fille de Madame Podtotchina, Tehmine Yeghiazaryan et 15 rôles de complément. Chœur de l’Opéra de Lyon Chef des chœurs, Alan Woodbridge Orchestre de l’Opéra de Lyon Direction musicale, Kazushi Ono En coproduction avec le Metropolitan Opera et l’Opéra de Lyon Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence, mardi 12 juillet 2011, 20h00

A partir d’une étonnante nouvelle de Gogol, publiée en 1830, et décrivant les aventures d’un malheureux qui se réveille un beau jour sans son nez, Chostakovitch composa, en arrangeant lui même le livret, son premier opéra ; représenté 16 fois seulement, mais avec grand succès, avant que la censure soviétique s’en mêle, jugeant l’œuvre sans signification pour les travailleurs et leurs problèmes. Le Nez connut alors un long purgatoire de 43 ans, avant d’être repris à l’opéra de chambre de Moscou un an avant la mort du compositeur. L’argument, qui est en même temps une critique acerbe de la bureaucratie russe, tient du burlesque, de la fable la plus fantasque : un homme cherche son nez dans toute la ville, met des annonces dans les journaux, le retrouve et dialogue avec lui, le fait arrêter par la police, mais le nez refuse de reprendre sa place : malgré l’intervention du médecin, il ne colle pas ! Par miracle un matin, le sortilège cesse sans qu’on sache pourquoi.

 

Il fallait tout le génie de William Kentridge pour donner à cette histoire sans queue ni tête une cohérence et une crédibilité inattendues. Le plasticien sud-africain réalise ici sa troisième expérience à l’opéra ; certains ont encore en mémoire son Retour d’Ulysse dans sa patrie avec ses grandes marionnettes (2007) ou sa Flûte Enchantée (2005) à la Monnaie. Si ces deux premiers spectacles avaient déjà séduit, celui-ci franchit assurément une étape supplémentaire dans l’aboutissement : incontestable réussite, véritable coup de maître, spectacle époustouflant !

 

Avec une habileté diabolique et une imagination débordante, montrant une connaissance absolue de la partition à laquelle il adhère parfaitement, le metteur en scène fait preuve d’une virtuosité vertigineuse dans le détail et dans la réalisation, procédant par superposition, collage, accumulant les effets comiques ou oniriques, jouant sur tous les tableaux à la fois, musique, théâtre, vidéo, gags sonores ou visuels, vertigineux effets de d’ombre et de lumière, créant des personnages d’une irrésistible tendresse, auxquels on croit d’emblée, sans même se poser la question. Il donne à son spectacle l’allure d’une comédie burlesque, tirant son inspiration tantôt des débuts du cinéma, images d’archive à l’appui, et tantôt du dessin animé ou de la bande dessinée, faisant bouger chanteurs, comédiens et figurants avec autant de naturel qu’il est possible, tout en dialoguant avec des images filmées projetée en surimpression, en particulier lors des intermèdes orchestraux ; de ce burlesque le plus fou, sans cesse en mouvement mais parfaitement maîtrisé, naît cependant une réflexion plus profonde qu’il n’y paraît sur les relations sociales et les comportements humains. De quoi contenter tous les publics, donc.

 

Dans la fosse, Kazushi Ono n’est pas en reste : avec sa légendaire précision, sa science des couleurs, mais aussi un humour et un sens de l’à-propos qu’on ne lui connaissait pas, il soutient les propositions du metteur en scène, et même les renforce, mettant en évidence, avec l’aide de l’orchestre de l’Opéra de Lyon au mieux de sa forme, toutes les qualités d’imagination, de juvénile modernité et de grinçante drôlerie de la partition.

 

Le casting vocal, très homogène, est majoritairement composé d’artistes russes ou russophones ; excellentes prestations de Vladimir Samsonov, tant vocale que scénique, voix impressionnantes de Vladimir Ognovenko, Gennady Bezzubenkov ou Claudia Waite, sollicitées dans le suraigu, irrésistible drôlerie de Vasily Efimov, tous jouent l’équipe plutôt que la confrontation des individualités, la performance théâtrale autant que lyrique, pour le plus grand bénéfice d’un spectacle en perpétuel rebondissement.

 

Signalons également, pour leur très imaginative diversité, et toujours dans la même esthétique complètement déjantée, les costumes de Greta Goiris, colorés et gentiment provocateurs.

 

 

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Dimitri CHOSTAKOVITCH (1906 – 1975) Le Nez Opéra en trois actes et dix tableaux sur un livret du compositeur, d’après Gogol Créé à Leningrad (Théâtre Maly) le 18 janvier 1930
Mise en scène et vidéo, William Kentridge Metteur en scène associé, Luc De Wit Scénographie, William Kentridge et Sabien Theunissen Costumes, Greta Goiris Lumières, Urs Schönebaum Elaboration et montage vidéo, Catherine Meyburgh Platon Kouzmich Kovaliov, Valdimir Samsonov Le Nez, Alexandre Kravets L’inspecteur de police, Andrey Popov Ivan Yakovlévitch, Vladimir Ognovenko Proskovia Ossipovna, Claudia Waite Ivan,Vasily Efimov Le Fonctionnaire du journal, Yuri Kissin Le Docteur, Gennady Bezzubenkov Pelagie Grigorievna Podtotchina, Margarita Nekrasova La Fille de Madame Podtotchina, Tehmine Yeghiazaryan et 15 rôles de complément. Chœur de l’Opéra de Lyon Chef des chœurs, Alan Woodbridge Orchestre de l’Opéra de Lyon Direction musicale, Kazushi Ono En coproduction avec le Metropolitan Opera et l’Opéra de Lyon Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence, mardi 12 juillet 2011, 20h00

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