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WAGNER, Tristan und Isolde — Saintes

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Spectacle
1 avril 2012
La première Isolde de Natalie Dessay

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Richard Wagner
Tristan und Isolde

Drame musical en trois actes
Livret du compositeur

Mise en scène
José Moreno
Décors
Association Musique et Tricot
Costumes
Rita Moreno
Lumières
EDF
Mise en espace
José Moreno

Tristan
Jean-Paul Fouchécourt
Isolde
Natalie Dessay
Kurwenal
José Moreno
Brangäne
Jane Berbié
Melot
José Moreno
Le Roi Marke
Gabriel Bacquier
Le Pâtre
José Moreno

Ensemble orchestral du Conservatoire de Saintonge et des Chœurs du Collège Félix-Eboué

Direction
Emmanuelle Haïm

Espace Sainte-Eutrope, Saintes, 1er avril 2012

 

Notre grande soprano nationale, Natalie Dessay, a annoncé récemment dans « Le Figaro » son intention de s’octroyer en 2015 une année sabbatique. « Je tourne en rond », déclarait-elle, faisant état du peu de rôles intéressants accessibles à sa voix, des rigidités et des mauvaises habitudes du milieu lyrique, enfin de son goût ancien pour le théâtre. Faut-il croire que les deux années qui nous séparent de cette interruption annoncée seront celles de tous les défis, ou de toutes les folies ? C’est ce que nous avons immédiatement pensé lorsque, ce 29 mars, la direction des Affaires Culturelles de la bonne ville de Saintes (Charente-Maritime) nous appela pour nous faire part de la décision de la soprano de se jeter une unique fois dans le grand bain de … Tristan et Isolde. Etonnant pari, auquel nous fûmes invité toutes affaires cessantes à assister.

Pour l’occasion, Natalie Dessay avait réuni autour d’elle des amis fidèles, apparemment en villégiature dans le département, et qui l’épaulèrent bravement pendant toute la soirée. Dans la fosse, Emmanuelle Haïm arborait sa chevelure rougeoyante à la tête non de son habituel Concert d’Astrée, mais d’un Ensemble orchestral du Conservatoire de Saintonge et des Chœurs du Collège Félix-Eboué particulièrement à leur aise dans ce répertoire pas si facile. Signalons en particulier la performance, au cor anglais, de José Moreno, dont on a reconnu également l’agréable voix de ténor dans le rôle du Pâtre.

La sensation de la soirée (outre les efforts considérables réalisés par les dames de l’association Musique et Tricot pour décorer la scène en un temps record de vaste drap de pourpre qu’ornaient des blasons censément celtes tricotés façon jacquard) ce fut évidemment le retour sur scène, par amitié, du Maestro Gabriel Bacquier, campant un roi Marke blessé, abattu, désolé… mais très en voix pour ses quatre-vingt-huit printemps. La scène où, désespéré, il déchire sa cotte de maille (tricoté par Madame Jacqueline au petit point ajouré façon jacquard), est particulièrement prenante et l’on ne sait plus si c’est un homme trompé qui dit sa douleur ou un homme au soir de sa vie entonnant son chant du cygne. L’idée de lui adjoindre une grosse dame en fichu comme suivante de cour donnait de la dignité royale à son incarnation. La signature de son livre, « Soigner ses varices par les plantes » (ed. Jardinia) a fait un tabac à la sortie, où nous le trouvâmes en pleine forme, toujours flanqué de la grosse dame en fichu.

Particulièrement émouvantes furent ses retrouvailles sur scène avec sa complice de toujours, Jane Berbié, campant une Brangäne inattendue à la subtilité toute mozartienne, quoique teintée d’un accent canaille qui ne fut jamais qu’à elle, et qui rappelle à tout un chacun que Brangäne était née dans la banlieue d’Avignon. Ses appels déchirants ont suscité la survenance de la maréchaussée en pyjama. En Kurwenal, José Moreno fait forte impression. Excellent Melot interprété par le directeur du chœur de la maison de retraite « Les Orangers Meurtris », Monsieur José Moreno.

Annoncé en Tristan, Michel Sénéchal avait finalement cédé sa place à Jean-Paul Fouchécourt. Une brouille avec la soprano et la chef d’orchestre a été avancée par l’entourage du ténor, mais certains assurent qu’il s’agit bien plutôt d’une mésentente avec le metteur en scène, Monsieur José Moreno, dont la conception très personnelle de l’ouvrage peut en effet dérouter des artistes peu rompus à la vision moderne du théâtre qui anime nos plus jeunes scénographes. En particulier, José Moreno semble assez convaincu de l’attirance de Tristan pour le roi Marke. Dans l’édition du matin de « Saintonge Actus », Monsieur Sénéchal a pour sa part affirmé que ces transpositions relevaient du « délire » puisque Tristan est manifestement fou du petit pâtre. En Tristan, Jean-Paul Fouchécourt déploie toutes les moirures d’un timbre miraculeusement juvénile, parfois couvert, malheureusement, par la voix du souffleur (José Moreno). L’idée d’emporter Tristan sur une civière à la fin du premier acte est excellente, mais son absence pendant le reste de l’opéra se remarque un peu.

Mais c’est la performance de Natalie Dessay que tout le monde attendait. A juste titre tant la soprano française est littéralement habitée par le personnage. On ne sait s’il faut plus admirer le mouvement gracieux de ses bras, l’expression intense de son regard, les plis de son front, et cette démarche si particulière, au III, entre titubation et exténuation, sans parler de ce sourire radieux à la fin de son « Mild und Leise ». Une grande actrice dramatique, une grande tragédienne, une grande dame de théâtre : décidément, nous avons hâte de la voir sur les planches dans le grand répertoire (Paul Claudel, Tennessee Williams, Marc Camoletti). Quant à la prestation vocale, Natalie Dessay, indisposée, n’a pu l’assurer comme prévu, et c’est Rita Moreno qui nous a gratifié d’une lecture pour le moins contestable, la mère de José Moreno n’ayant plus son aigu d’antan (lorsqu’elle nous réjouissait dans « Ciboulette » les dimanches de Pâques au buffet-banquet de la mairie de Saintes) : par chance, Michel Sénéchal, qui assistait à la représentation, a assuré un « Mild und Leise » de la plus belle eau. A noter que pour l’occasion, il s’était teinte en blonde.
  

 

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Tristan
Jean-Paul Fouchécourt
Isolde
Natalie Dessay
Kurwenal
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Brangäne
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Le Roi Marke
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