C O N C E R T S
 
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PARIS
Théâtre musical du Châtelet

27/12/2001

 
La belle Hélène
Jacques Offenbach

Hélène : Katarina Karnéus
Pâris : Yann Beuron
Ménélas : Michel Sénéchal
Agamemnon : Laurent Naouri
Calchas : François Le Roux
Oreste : Stéphanie d'Oustrac
Achille : Gilles Ragon 

Les musiciens du Louvre-Grenoble
Choeur des musiciens du Louvre
Direction Marc Minkowski 

Mise en scène et costumes : Laurent Pelly
Décors : Chantal Thomas
Chorégraphie : Laura Scozzi
Dramaturgie : Agathe Mélinand

 

Tout a été dit et redit sur cette vision de la Belle Hélène de Jacques Offenbach par l'équipe Minkowski/Pelly : l'intelligence et la drôlerie de la mise en scène, l'adéquation parfaite de la direction de Marc Minkowski à la musique d'Offenbach, le talent des musiciens du Louvre-Grenoble et des choeurs des musiciens du Louvre, la qualité du chant, du jeu et de la diction des solistes. Un disque a été réalisé, qui fait dorénavant figure de référence, ainsi qu'un DVD. Une captation vidéo a été diffusée à la télévision française pour les fêtes de fin d'année.

Excepté au fin fond de la Patagonie, il semble donc improbable que quiconque n'ait jamais entendu les fameux rois barbus qui s'avancent-bu qui s'avancent, vu dame Felicity Lott en chemise de nuit mauve ou Yann Beuron montrant une partie de son anatomie.

Dans ces conditions, il paraît exclus de faire du neuf avec du vieux, c'est à dire de rédiger une critique qui ne sente pas le réchauffé, sauf à se concentrer sur les changements de distribution de cette reprise.

Le premier est d'importance, puisqu'il s'agit du rôle titre. La délicieuse Felicity Lott est ici remplacée par la capiteuse Katarina Karnéus. La prise de rôle de cette dernière avait suscité bien des interrogations, car il s'agit d'une chanteuse qui se produit relativement peu en France, et le texte parlé est important. Cependant, ceux qui se souvenaient de ses Rosine et Carmen à l'Opéra Comique lui accordaient toute leur confiance, et ils avaient raison.

Katarina Karnéus, très intelligemment, joue dans un autre registre que la très british Felicity Lott, et incarne ici une Hélène pulpeuse, voluptueuse, à la limite de la nymphomanie, pleine d'énergie (elle court, se jette sur le lit...) voire par moments carrément déjantée ! La voix est ronde, pleine et sensuelle, la prononciation du français parfaite. A l'issu du spectacle, il est impossible de choisir entre l'une ou l'autre cantatrice, tant leurs interprétations sont différentes mais tout aussi excellentes.

S'agissant d'une jeune chanteuse pleine d'avenir, on aimerait pouvoir dire aussi de Stéphanie d'Oustrac qu'elle a fait oublier Marie-Ange Todorovitch en Oreste, hélas ! ce n'est pas possible. L'allure scénique est parfaite, mais la diction n'est pas excellente, et le chant, sans démériter, n'intéresse pas vraiment. C'est navrée que l'on glisse sur le sujet, en espérant une autre fois meilleure confirmation de ce jeune talent...

Terminons ce compte-rendu par une remarque attristée sur le manque de courtoisie de la direction du Châtelet, qui a renvoyé Tracey Welborn dans ses pénates sans tambours ni trompettes après la deuxième représentation. Celui-ci devait alterner avec Yann Beuron en Pâris, et sa prestation a provoqué quelques huées, ce qui fût apparemment suffisant pour le congédier sans préavis. Que ce chanteur ait été ou non capable de bien interpréter le rôle n'est pas vraiment la question, la direction ayant bénéficié de trois semaines de répétitions pour s'apercevoir d'un éventuel problème. Pour la petite histoire, Tracey Welborn n'a pas réussi à rentrer chez lui pour les fêtes de fin d'année, et a passé Noël seul à Paris... et sans engagement. Joyeux Noël, M. Welborn !
 
 

Catherine Scholler
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