OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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LONDRES
17/09/2007
 
Sophie Karthaüser
© DR


Wolfgang Amadeus Mozart (1756 – 1791)

L’intégrale des mélodies pour voix et piano

An die Freude K53
Wie unglücklich bin ich mit K147
An die Freundschaft K148
Ridente la calma K152
Oiseaux, si tous les ans K307
Dans un bois solitaire K308
Die Zufriendenheut K349
Komm, liebe Zither K351
Verdankt sei es dem Glanz der Großen K392
Sei du mein Trost K391
Ich würd’ auf meinem Pfad K390
Lied zur Gesellenreise K468
Der Zauberer K472
Die Verschweigung K518
Die Zufriendenheit K473
Die betrogene Welt K474

Entracte

Das Veilchen K476
Lied der Freiheit K506
Die Alte K517
Das Lied der Trennung K519
Als Luise die Briefe ihres ungetreun Liebhabers verbrannte K520
An Chloe K524
Das Traumbild K530
Die kleine Spinnerin K531
Des kleinen Friedrichs Geburtstag K529
Lied beim Auszug in das Feld K552
Sehnsucht nach dem Frühlinge K596
Der Frühling K597
Das Kinderspiel K598
Cantate : Die ihr unermesslichen Weltalls K619
Abendempfindung K523

Bis

« Bei Männern, welche Liebe fühlen », Die Zaubeflöte

Sophie Karthäuser, soprano
Stephan Loges, baryton
Eugene Asti, piano

Londres, St John’s, Smith Square,
lundi 17 septembre 2007, 19h30

My taylor is rich


Qu’on le veuille ou non, il se passe toujours quelque chose à Londres : mode, politique, économie, faits divers et musique évidemment ; n’importe où dans la ville, n’importe quand. Il suffit de se laisser guider par son ange gardien, pour peu qu’il soit un brin mélomane. Ainsi, le touriste égaré dans les artères exsangues du quartier de Westminster, après avoir piétiné les dalles de l’abbaye, vibré au carillon de Big Ben et contemplé les rayons d’un inhabituel soleil couchant sur les Houses of Parliament, sera bien inspiré de pousser la porte de St John’s au centre de Smith Square. Chaque soir ou presque, des concerts en animent les colonnes blanches (1). Ce soir - l’ange gardien veille – l’intégrale des mélodies de Mozart par Sophie Karthäuser, Stephan Loges et Eugen Asti à l’occasion du lancement du CD par le label Cyprès.

Ca tombe bien car depuis quelques mois le nom de Sophie Karthäuser titille notre curiosité. Pamina à Bruxelles, Tamiri dans Il Re Pastore au Théâtre des Champs-Elysées, Susanna à Lyon en juin dernier : autant de rôles, autant d’éloges. Et il suffit de la première mélodie – « An die Freude », bonbon caramélisé à 11 ans par un Mozart reconnaissant à son médecin de l’avoir guéri de la variole – pour comprendre qu’on tient l’oiseau rare : le timbre pur mais incarné, le medium suffisamment solide pour conjurer le spectre de la soubrette, l’aigu lumineux et puis cet art du legato qui est la marque des grandes mozartiennes : Teresa Stich-Randall, Margaret Price, Lucia Popp... A ces qualités vocales s’ajoute un sens de l’interprétation, lisible ne serait-ce qu’à travers l’expression du visage, une manière, quand le texte le commande, de glisser dans le chant là un sourire, ici un regret ou encore un clin d’œil, qui a vite fait d’empocher le public. Impossible de ne pas succomber à son portrait nasillard mais cependant élégant de la vieille dame (« Die Alte ») tout comme, dans un autre esprit, il est impossible de ne pas être emporté par le grand élan maçonnique de la cantate « Die ihr unermesslichen Weltalls ».

Sans démériter, Stephan Loges ne soulève pas le même enthousiasme. Peut-être parce qu’embarrassé au début du concert, le chanteur ne retrouve clarté et couleurs qu’à partir de « Verdankt sei es dem glanz ». A sa décharge, on apprendra à l’entracte qu’il souffre d’un mauvais rhume. Peut-être parce que la prononciation de « Dans un bois solitaire » n’est pas exemplaire. Mais ne s’agit-il pas plutôt d’un défaut d’écriture imputable au compositeur lui-même ? Mozart assurément ne maîtrisait pas le français aussi bien que l’allemand ou l’italien ; Sophie Karthäuser semble d’ailleurs rencontrer le même problème avec « Oiseaux si tous les ans ». Peut-être tout simplement parce qu’ébloui par la soprano, on regarde un peu moins le baryton.

L’œil en revanche s’attarde sur Eugene Asti car le pianiste ne se contente pas d’accompagner. Il traduit, précis et attentif, d’une façon autant physique que technique chacune des émotions mises en musique. Et elles sont nombreuses, de la gaité au désespoir en passant par l’ironie ou la mélancolie, tout au long de ces 31 mélodies au point de former – ce n’est pas pour rien que Mozart est divin – une sorte de comédie humaine.

Après une gourmandise supplémentaire – le duo « Bei Männern, welche Liebe fühlen », délicieux souvenir de La flûte enchantée bruxelloise, qui prouve pour la quatrième fois de la soirée combien ces deux voix s’accordent (2) - le disque dans la poche, on repart enchanté et après avoir levé le bras moins de dix secondes pour trouver un taxi - Paris nous en avait fait perdre l’habitude - on comprend mieux pourquoi My taylor est plus riche ici qu’ailleurs.


Christophe RIZOUD


Notes
(1) Avec notamment, pour la saison 2007-2008, les récitals de Gabriele Viviani (12 décembre), Stephen Costello (8 janvier), Ekaterina Siurina (13 février) et Maxim Mironov (26 juin)


(2) 3 mélodies sur les 31 que comporte le récital sont interprétées en duo : « An die Freundschaft », « Des kleinen Friedrichs Geburtstag » et « Das Kinderspiel »

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