OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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PARIS
12/09/2007
 
Felicity Lott
© DR


Récital Felicity Lott
Maciej Pikulski, piano


Mozart (1756-1791)
An Chloé, Das Veilchen, Abendempfindung, Als Luisa die Briefe

Robert Schumann (1810-1856)

Die Blume der Ergebung, Röselein, Aus den östlichen Rosen, Meine Rose, Widmung

Richard Strauss (1864-1949)
Das Rosenband, Waldseligkeit, Wiegenlied, Zueignung

Reynaldo Hahn (1874-1947)
Si mes vers avaient des ailes, C'est très vilain d'être infidèle

Maurice Yvain (1891-1965)
Je chante la nuit, Yes

André Messager (1853-1929)
J'ai deux amants

Paris, Péniche le Vaisseau fantôme
Festival Les journées romantiques 12 septembre 2007

"Flott sur une péniche"...

Par amitié pour Maciej Pikulski, accompagnateur talentueux et directeur artistique des 4èmes Journées romantiques du Vaisseau Fantôme (à deux pas de la Villette) et pour réparer son désistement (pour raison de santé) l’an dernier, Felicity Lott a donné un éblouissant récital le 12 septembre. Loin des ors du Châtelet, où elle se produira le 19 mai prochain avec Graham Johnson et des grandes scènes qui l’accueillent régulièrement, la cantatrice chère au cœur des Parisiens a donc accepté de chanter dans le cadre intimiste et surprenant d’une péniche amarrée sur les Quais de la Seine. Avec le naturel, la chaleur et la spontanéité que nous lui connaissons, Felicity Lott s’est conformée aux exigences de ce lieu insolite en offrant au public réuni à cette occasion un moment musical comme elle seule en a le secret. Confiante et amoureusement épaulée par le piano enveloppant de Maciej Pikulski, la soprano a démarré cette soirée avec quatre mélodies de Mozart chantées avec une souplesse d’articulation, une évidence de ton et un timbre à la jeunesse préservée. Comme à son habitude, elle a pris le temps de résumer en quelques mots choisis, la trame de chaque air, précaution toujours utile et éclairante. Les Schumann retenus par la suite, dont l’émouvant « Meine Rose » et l’éclatant « Widmung », donné avec l’élan et la passion voulus, ont été interprétés avec une déconcertante facilité et une extrême variété de sentiments. Quatre Strauss incontournables suivirent : la voix à la fois docile et mordante a su exprimer la fragilité et la détermination, l'extase ou la mélancolie et répondre ainsi aux moindres inflexions de cette musique pailletée. La limpidité et le frémissement propres à "Waldseligkeit" ("Félicité des bois"), sensuelle déclaration d'amour au beau milieu de la forêt écrite par le compositeur à sa femme en 1901, les longues phrases éthérées de la berceuse ("Wiegenlied"), comme suspendues dans l'air, les aigus flottants et les interminables piani, ont rappelé l'incomparable straussienne qu'elle a toujours été. Une seconde partie plus légère, consacrée à des mélodies coquines signées Hahn, Yvain et Messager, a permis à la cantatrice de communiquer plus ouvertement avec l'auditoire. Une fois encore l'art avec lequel elle a su manier le sérieux (Hugo) et la dérision (Guitry) était irrésistible, le public ne sachant qu'admirer le plus, des talents de la diseuse, ou de la comédienne. La soirée n'a finalement pris fin qu'après quatre bis généreux : Offenbach bien sur auquel son nom est désormais associé ; un voluptueux "Je t'adore brigand", un amusant "Ah quel dîner" et un "Dis-moi vénus" qui est devenu son cheval de bataille, entrecoupé par de délicieux "Chemins de l'amour" (*).

Un récital qui à coup sûr aura fait chavirer plus d'un coeur.


François LESUEUR



(*) Mélodie de Francis Poulenc

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