OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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NEW YORK
01/12/2007
 
Ekaterina Siurina (Susanna), Bryn Terfel (Figaro) & Simon Keenlyside (Comte)
© Ken Howard


Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)


LE NOZZE DI FIGARO

Opéra en quatre actes
Livret de Lorenzo Da Ponte
d’après Le Mariage de Figaro de
Pierre Augustin Caron de Beaumarchais


Direction musicale : Philippe Jordan
Mise en scène : Jonathan Miller
Décors : Peter Davison
Costumes : James Acheson
Éclairages : Mark Mccullough
Chef de chœur : Sandra Horst

Chœur et Orchestre du
Canadian Opera Company

Figaro : Bryn Terfel
Susanna : Ekaterina Siurina
Le Comte Almaviva : Simon Keenlyside
La Comtesse Almaviva : Anja Harteros
Marcellina : Marie Mc Laughlin
Bartolo : Maurizio Muraro
Cherubino : Kate Lindsay

Metropolitan Opera, Lincoln Center, le 1er décembre 2007

 Desperate Husbands

Pour cette reprise de la production mise en scène par Jonathan Miller, le Met a fait appel à deux stars pour les rôles masculins, Bryn Terfel en Figaro et Simon Keenlyside en Comte, qui succèdent à Erwin Schrott et Michele Pertusi, qui assumaient ces mêmes rôles quelques semaines plus tôt.

Cette production est belle. Les décors sont richement chargés, mais ne tombent pas dans le « Bling-Bling ». La chambre de Susanna et Figaro au premier acte, les intérieurs du palais et sa façade au dernier acte sont du meilleur goût, dans des tons beiges pastel très chics. La mise en scène est vivante… presque trop et on sent la proximité du Lincoln center et des théâtres de Broadway. Le dramma giocoso est tiré vers le giocoso, voire vers le burlesque et le public rit à gorge déployée, beaucoup, trop même, à certaines idées de Jonathan Miller (1) ou en lisant sur les petits écrans individuels les traductions en anglais du livret de Da Ponte.

Côté orchestre, c’est Philippe Jordan qui conduisait les forces du Met. Le nouveau futur directeur musical de l’Opéra National de Paris a été très applaudi, par sa lecture elle aussi très vivante… mais respectueuse de l’esprit de la partition. Le New-York Times a salué la prestation d’un des « meilleurs jeunes musiciens » du moment.

S’agissant de Bryn Terfel, on pouvait nourrir quelques craintes, certaines de ses apparitions en concert à Paris notamment ou au disque, ayant démontré une dégradation certaine de la tenue vocale et une perte de ligne de chant qui le rendait, au moins pour nous, pénible à entendre. Que les fans du Gallois soient rassurés : en Figaro, rôle dans lequel il avait fait ses débuts au Met il y a treize ans, Terfel reste incomparable même s’il n’est plus le jeune insolent que l’on avait aussi pu applaudir au Châtelet. C’est plutôt un vieux roublard à qui on ne la fait pas. Et vocalement, le rôle ne lui pose toujours aucune espèce de problème, dans les passages en force comme dans ceux chantés mezza-voce.

Belle démonstration vocale aussi que celle de Simon Keenlyside, dans un autre registre. Scéniquement, le parti pris de Miller transforme le Comte en maniaque du sexe qui veut trousser Susanna sur la table du salon (rires dans la salle…) et qui, après avoir échoué, manifeste sa colère en tapant du pied. Almaviva devient une sorte de Louis de Funès en perruque qui n’est, évidemment, ni sympathique, ni effrayant. Pas de colère froide dans le « Hai già vinta la causa… » mais un caprice de grand enfant. Cette vision ne nous a pas convaincu, mais elle a au moins le mérite d’exister.

Côté féminin, le « cast » est contrasté. La Susanna d’Ekaterina Siurina, soprano russe, a mis du temps à se chauffer dans la grande salle du Met et brosse un portrait sans grand relief. Cherubino était incarné par la mezzo new-yorkaise Kate Lindsey, efficace scéniquement, malgré un italien incompréhensible, mais sans intérêt vocalement. La triomphatrice de la soirée, y compris à l’applaudimètre, est Anja Harteros. Grande, pleine d’allure, sa comtesse est une Rosine qui a à peine vieillie et qui se désole, déjà, du sort que lui réserve la vie. Vocalement, la voix est ample, mais sait parfaitement dispenser de magnifiques piani qui font vibrer la salle.

La distribution est complétée par Marie Mc Laughlin en Marcellina façon meneuse de revue et Maurizio Muraro, efficace Bartolo.


Jean-Philippe THIELLAY


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Note


(1) En chantant « Se vuol ballare… », Figaro fait passer un sale quart d’heure au comte dont il n’a en face de lui que les bottes… et fait mine de l’attraper par les parties sensibles, à la plus grande joie du public.

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