C O N C E R T S 
 
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MONTPELLIER
26/12/04
© Opéra de Montpellier
LA PERICHOLE

Opéra-comique de Jacques Offenbach

Direction musicale Claude Schnitzler

Mise en scène : Laurent Pelly
Assistant à la mise en scène : Claude Cortese
Décors : Caroline Ginet
Chorégraphie : Laura Scozzi
Dramaturgie et adaptation des dialogues : Agathe Mélinand
Costumes : Donate Marchand
Lumières : Patrick Méeüs
Création originale : Joël Adam

Direction des choeurs : Noëlle Geny
Chef de chant : Germaine Boulard
Assistantes aux décors : Caroline Le Roux / Florence Evrard
Assistante à la chorégraphie : Karine Girard
Régie du spectacle : Nicolas Marty / Xavier Bouchon

La Périchole : Stéphanie d'Oustrac
Piquillo : Marc Laho
Le vice-roi : Jean-François Lapointe
Le comte Miguel de Panatellas : Bernard Van der Meersch
Don Pedro de Hinoyosa : Erick Freulon
Berginella / Ninetta : Georgia Ellis-Felice
Mastrilla / Bambrilla : Doris Lamprecht
Frasquinella : Marie-Camille Goiffon
Tarapote / Le vieux prisonnier Jean-Philippe Salerio
Le geôlier : Gilles Hubert
Deux notaires : Fr.-Ch. Nouri / Ernesto Fuentes
Un courtisan : Laurent Serrou
Les danseurs : Jean Alavi, Eloy Casanova, Natasha Garcin, Karine Girard, Jean-François Michaud, Sébastien Oliveros, Estelle Sicard, Ivana Testa

Orchestre National de Montpellier
Choeurs de l'Opéra National de Montpellier

24, 26* décembre 2004, 2, 5, 7 Janvier 2005


Une conception cohérente, des décors suggestifs, des costumes colorés, une chorégraphie déjantée, des interprètes honorables, une direction musicale et un orchestre très satisfaisants... Pourquoi dans ces conditions, cette représentation de La Périchole ne nous a-t-elle pas comblé ?

Peut-être parce que d'un spectacle signé Laurent Pelly nous attendions plus de vie et de rythme. Certes, les représentations d'après-midi, un lendemain de fête, sont souvent laborieuses pour tout le monde. Mais le très nombreux public de l'Opéra-Comédie, aux réactions rares et tièdes, s'est pourtant animé au moment du finale. Le fait est que la reprise de cette coproduction Marseille - Montpellier - Caën et Opéra de Nancy et de Lorraine n'a pas été effectuée par le metteur en scène lui-même.

C'est peut-être aussi parce que Laurent Pelly, transposant l'intrigue au milieu du XXème siècle, abandonne l'imagerie traditionnelle du royaume d'opérette où les souverains s'entichent de chanteuses des rues. Le rideau se lève sur un décor urbain dont le délabrement, peut-être trace de combats passés, reflète l'incurie des pouvoirs publics. En arrière-plan, sur des éperons rocheux des Andes, des amoncellements de maisonnettes en équilibre précaire, comme dans les tristement célèbres favellas .

Les signes du totalitarisme sont là : quadrillage de la population par les espions du régime, culte de la personnalité, hommages sur commande, impossibilité pour les artistes de vivre dignement. Le vice-roi est un despote, l'uniforme militaire est sa tenue de prédilection et, à l'occasion, il fait le salut fasciste.

Cette conception fonctionne, elle est cohérente et rend à l'oeuvre un poids qui lui est souvent refusé ; mais ces allusions à une réalité des plus graves empêchent aussi de s'amuser vraiment en contemplant cette fiction. L'uniforme des dames de la Cour - toutes Jolie Madame années 50 -, la présence fréquente de soldats, la prison, l'arbitraire, la répression générale lors de la recherche des évadés, tout va dans le sens d'une lecture exclusivement et sans doute excessivement sérieuse de l'oeuvre .

Enfin, la distribution n'a pas l'éclat qui suscite l'effervescence chez le spectateur. Les seconds rôles masculins n'appellent aucune remarque particulière. Les trois cousines remplissent honorablement leur office. Bernard Van der Meersch et Erick Freulon, respectivement Panatellas et Hinoyosa, sont serviles à souhait et tentent d'être cocasses. Jean-François Lapointe est un vice-roi bien chantant, quoique gêné dans les graves, et avec la fatuité requise. Marc Laho est Piquillo Comédien modestement convaincant, son timbre n'a pas pour nous de séduction particulière ; son chant, que nous suivons depuis dix ans, ne nous semble pas s'être amélioré de façon significative . Néanmoins, il a des partisans, puisqu'au rideau final, il reçoit quelques ovations.

Heureusement, Stéphanie d'Oustrac complète la distribution. Dans un rôle que désormais elle connaît bien, elle allie séduction vocale et physique. Très élégamment costumée, elle est une Périchole charmeuse, fuyant l'effet, jamais vulgaire, à la voix soyeuse et contrôlée, hormis quelques aigus un peu forcés. Le public lui a réservé un triomphe.

Vif succès aussi pour le quadrille de danseurs en uniforme militaire qui passe du pas cadencé aux entrechats de ballerines, vraie note burlesque d'une chorégraphie qui n'est pas la plus inspirée de Laura Scozzi Les choristes, associés à la gestuelle, semblent avoir du mal à la maîtriser ; il est vrai que Turandot les a mobilisés jusqu'au 9 décembre. Mais leur participation vocale est sans défaut.

Dès le prélude, les musiciens de l'Orchestre National de Montpellier se sont mis en valeur, aussi bien lors des interventions solistes (clarinette, violoncelle) qu'ensemble. Claude Schnitzler a obtenu un parfait équilibre fosse-plateau et rendu perceptible son amour de cette musique. Vives ovations pour eux, amplement méritées.
 
 

Maurice SALLES
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