C O N C E R T S 
 
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PARIS
30/04/06

Rolando Villazon - Natalie Dessay
© Patrice NIN (pour l'Opéra de Toulouse)
Concert
Villazon / Dessay

Giuseppe VERDI (1813 -1901)
LA FORCE DU DESTIN
Ouverture

LUISA MILLER
Air de Rodolfo : « Quando le sere al placido  », acte II

LA TRAVIATA
Duo de Violetta et Alfredo : « Un di felice », acte I
Air de Violetta : «  E strano…Sempre libera  », acte I

Gaetano DONIZETTI (1797-1848)
LUCIA DI LAMMERMOOR
Duo de Lucia et Edgardo : «  Lucia, perdona… », acte I

Charles GOUNOD (1818-1893)
ROMEO ET JULIETTE
Duo de Juliette et Roméo : «  Hélas, moi, le haïr », acte II
Duo de Juliette et Roméo : «  Va, je t’ai pardonné », acte IV
Air de Juliette : « Dieu, quel frisson », acte IV

Jules MASSENET (1842-1912)
LE CID
Air de Rodrigue :
«  Tout est bien fini…O souverain  », acte III

MANON
Duo de Manon et Des Grieux :
« Pardonnez-moi, Dieu de toute puissance … Toi ! Vous ! »

Bis :
ROMEO ET JULIETTE : madrigal de l’acte I

CONTES D’HOFFMANN :
Duo d’Antonia et Hoffmann : « C’est une chanson d’amour »

RIGOLETTO
Duo de Gilda et du Duc : « Addio, Addio »


Orchestre de Radio France
Direction musicale, Myung-Whun Chung

Natalie Dessay, soprano
Rolando Villazon, ténor

Orchestre National du Capitole
Direction musicale, Jean-Yves Ossonce

Paris, Théâtre des Champs Elysées
le 30 avril 2006

La diva et son sombrero

Deux semaines après le concert triomphal du Capitole de Toulouse, c’est au tour du public parisien de s’enflammer sous les feux réunis de Natalie Dessay et Rolando Villazon.

Natalie Dessay apparaît particulièrement en forme, avec une voix renouvelée, moins légère, plus dramatique et avec encore de belles réserves dans le suraigu, comme en témoigne un mi-bémol supersonique à l’issue de sa Traviata (1). La composition du personnage de Violetta est encore à mûrir, la voix manque un peu d’italianita, mais on sent nettement le potentiel de cette interprétation. Scéniquement, on regrette toutefois une tendance initiale à « jouer les gamines » comme s’il s’agissait d’une mise en scène de Pelly et non d’une version concert.

Le duo de Lucia balaie ces réserves et laisse présager une composition intéressante lors des représentations de Bastille en septembre prochain (2) : compte tenu de ce calendrier, un autre morceau aurait été plus approprié.
Les extraits de Roméo et Juliette en seconde partie du concert sont en revanche particulièrement précieux : il ne semble pas en effet que Natalie Dessay reprenne prochainement ce rôle, en tout cas à Paris.

Dessay est apparue plus détendue et plus à l’aise que pour ses représentations new-yorkaises. L’air du poison, qui l’avait vu en difficulté au Met, est ici bien maîtrisé sans les tensions observées dans l’aigu. Restent les problèmes habituels de prononciation, malheureusement liés au type d’émission.

Finalement, c’est certainement en Manon et en Antonia que Dessay trouve dorénavant son meilleur emploi : la tessiture semble idéale et l’expressivité théâtrale est à son apogée, compensant une relative pauvreté dans la variation des couleurs.

A ses côtés, Rolando Villazon rencontre comme toujours la sympathie du public. Ce magnétisme n’est pas rien, mais ne cache pas des faiblesses vocales de plus en plus prononcées. La voix reste engorgée et sans projection (3), souvent couverte par l’orchestre et sa partenaire ; l’artiste chante souvent un peu haut, surtout en première partie et l’aigu est devenu difficile, ce qui est inquiétant à ce stade de sa carrière : plusieurs notes passent ainsi à la trappe dans LuciaRoméo et Manon, sans parler de l’aigu traditionnel de Luisa Miller ; enfin, le chant est parfois très relâché comme dans « Quando le sere al placido », interprété avec vaillance par le ténor mexicain, mais dans un style particulièrement débraillé. Effets véristes et chant en force, on est aux antipodes de Bergonzi ou de Pavarotti. Il serait dommage que ce chanteur gaspille ses réels moyens, et le capital de sympathie dont il dispose auprès du public, en usant prématurément sa voix en continuant à chanter ainsi.

Chung assure un accompagnement « de luxe » avec malheureusement quelques tendances à couvrir les chanteurs. Son ouverture de la Force du Destin est particulièrement sonore, avec de beaux effets musicaux, mais sans véritable tension dramatique.

Le concert se conclut par la strette « Addio ! Addio ! » de Rigoletto (4) qui achève de mettre le feu au Théâtre des Champs-Élysées. Qu’importe alors nos quelques réserves devant ce triomphe du chant sans complexe : il est devenu rare que Paris puisse ainsi faire la fête à deux belles voix
. 

 

Placido CARREROTTI



Notes :

(1) Il faut bien constater que les suraigus sortent désormais en force.


(2) Mes seules interrogations concernent la capacité de Natalie Dessay à soutenir des variations comparables à celles de Joan Sutherland ou de June Anderson.

(3) D’autant que l’artiste s’obstine à chanter les duos en se tournant vers sa partenaire : cet volonté de réalisme l’honore, mais n’a pas sa place au concert. D’ailleurs, pour être totalement réaliste, il faudrait carrément arrêter de chanter !

(4) Bis qui remplace le duo intégral initialement prévu au programme et supprimé sans explication !

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