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« L’AUTRE MOZART »
Franz Xaver MOZART (1791 - 1844)

Mélodies
Barbara Bonney Soprano
Malcom Martineau Piano

1 CD DECCA N° 475 6936 - durée : 61 ' 43 - mars 2006

 Programme :

- Sechs Lieder (1809)
Das liebende Mädchen (Baumberg)
An spröde Schönen (Müchler) -
Nein! (Müchler)
Der Schmetterling auf einem Vergissmeinnicht (Baumberg)
Klage an den Mond (Hölty) - Erntelied (Hölty)

 - Romanze (In der Väter Hallen ruht) Op.12 (Stolberg) (1808)

- Acht Deutsche Lieder (1810)
 Die Einsamkeit (Unger) - Das Klavier (Zacharia)
Der Vergnügsame (Götz) - Aus den Griechischen (anon)
Todtengräberlied (Hölty) - Mein Mädchen (Jacobi)
Maylied (Hölty) - Das Geheimniss (Schiller)

- Ständchen (Körner) (1820)

- An Emma (Weit in nebelgrauer Ferne) Op.24 (Schiller) (1820)
 
- Sechs Lieder Op.21 (1820)
Aus dem Französischen des J. J. Rousseau
Seufzer (Hölty) - Die Entzückung (Hölty)
An Sie (Salomon)
An die Bäche (Haim) - Le Baiser (anon.)

 - Drei Deutsche Lieder Op.27 (1820)
 An den Abendstern (anon.) - Das Finden (anon.)
Bertha’s lied in der nacht (Grillparzer)

- Erinnerung (Lord Byron) (1829)





LE FILS DE SON PÈRE

Voici assurément un disque agréable et original, qui intéressera les amateurs de curiosités et aussi bien sûr les fans de Barbara Bonney.

D’autant plus qu’en cette année commémorative, c’est plutôt une bonne idée, sortant des sentiers battus, que de mettre au goût du jour les mélodies composées par le dernier fils de Mozart, Franz Xaver.

Certes, il n’est point question ici de le comparer à son illustre père et encore moins de le considérer comme un maître absolu du lied. Mais il faut bien avouer que ces pages sont loin d’être inintéressantes, et que certaines même possèdent un charme réel.

Comme le précise Barbara Bonney, qui a déniché ces lieder à l’occasion de recherches pour un projet Mozart au Lincoln Center : « J’ai eu l’impression d’avoir découvert une nouvelle espèce ou une île du Pacifique ». Et de renchérir sur les références au jeune Schubert et à Weber…C’est d’ailleurs d’autant plus troublant que le poème utilisé pour une des mélodies « Ertnelied », écrit par Ludwig Hölty, sera réutilisé plus tard par Schubert lui-même (D 434 – 1816) et même par Mendelssohn.

Ce dernier fils du divin Amadeus n’avait pas cinq mois quand son père s’en alla rejoindre le Panthéon des génies, le laissant lui, son frère aîné Carl Thomas – âgé de sept ans – et leur mère Constance, dans un grand dénuement. Fermement décidée à se sortir de cette pénible situation, cette solide femme de tête mit ses deux fils à l’étude intensive de la musique. Carl Thomas se désintéressant bien vite du chant et du piano (il deviendra fonctionnaire), c’est sur Franz Xaver que se reporteront les espoirs maternels. Ce dernier, enfant malingre et chétif, se révéla par contre précocement et fortement doué : à l’âge de cinq ans, il chante en public l’air de Papageno lors d’un concert donné en mémoire de son père à Prague, et a sept, il sera capable de jouer - plutôt bien - au piano, les pièces dites « faciles » composées par lui.

Constance fera en sorte que son fils reçoive la meilleure formation possible auprès des plus grands maîtres, notamment l’élève de Haydn, Sigismund Neukomm et le compositeur et pianiste Johann Nepomuk Hummel. Sans oublier le célèbre Abbé Vogler, qui sera son professeur de composition et Antonio Salieri lui même, qui lui donnera des cours de  chant ! Si l’on ajoute que Franz Xaver fit une belle carrière de pianiste concertiste (à laquelle sa mort prématurée viendra, hélas, mettre un terme), on comprendra que les mélodies figurant dans cet enregistrement, loin d’être insipides, fassent preuve d’une belle vocalité rehaussée par un accompagnement soigné. Il fallait d’ailleurs des artistes de la qualité de Barbara Bonney, dont on ne vante plus la clarté et la fraîcheur de timbre et le raffinement musical, et Malcom Martineau, formidable accompagnateur, pour leur rendre justice.

En conclusion, un enregistrement à posséder dans sa discothèque, aussi comme témoignage de l’intéressante mutation qui allait s’opérer du père au fils, Wolfgang Amadeus, étant, malgré tout encore, du moins dans ses lieder, musicien du siècle des lumières, et Franz Xaver annonçant, par le pré-romantisme latent dans lequel baignent ces œuvres, l’explosion qui, plus tard, allait s’incarner dans Beethoven, Schubert, Weber et Mendelssohn.

Juliette Buch


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