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5 questions à Brigitte Hool

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Interview
9 juillet 2009

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Il existe des êtres nés sous de bons auspices, Brigitte Hool est l’un d’entre eux. Véritable fée du chant lyrique elle est 100 % soprano et croque ses rôles à 300 %. Jeune, belle, talentueuse, une voix radieuse et colorée, Brigitte galvanise les scènes où on la croise. En ce moment la jeune femme joue à Avenches en Suisse dans Don Giovanni. Une mise en scène de Giancarlo Del Monaco où elle interprète une Zerlina plutôt décoiffante…

 

Vous brillez sur les scènes Suisse et européennes. Vous êtes née sous une bonne étoile, dirait-on ?

 

J’aime les étoiles. La bonne étoile est là pour vous faire voir le meilleur chemin à prendre afin d’avancer dans le bon sens. C’est vrai, j’en ai une et elle est toujours là pour m’aider à faire les bons choix… J’ai surtout eu la chance de rencontrer un jour de grandes dames du chant comme Grace Bumbry et Mirella Freni. Étudier avec elles m’a tellement apporté. Avec Grace, nous avons fait un travail extraordinaire. Notamment d’un point de vue technique. Elle m’a transmis un savoir régulier, une base solide. Comment mettre le timbre en valeur, comprendre ce qui est dit, savoir obéir à sa voix… Avec Mirella, j’ai étudié entièrement le répertoire Italien, un domaine dans lequel elle s’est distinguée. J’ai pu suivre son enseignement grâce à une bourse au mérite qu’elle m’a décernée à l’époque. Je leur dois beaucoup, vraiment.

 

Vous avez d’abord suivi des études de violoncelle puis des études de littérature et d’histoire de l’art, tout en apprenant le chant au conservatoire de musique de Neuchâtel. Pourquoi le chant finalement ?

 

J’ai toujours aimé ça. À 6 ans lorsque je chantais, les gens dans la rue m’arrêtaient pour me dire que je devais faire du chant. Mais ça n’avait rien d’exceptionnel pour moi et je n’avais pas conscience que je pouvais en faire mon métier. Et puis, pour moi la liberté était de me dire que rien n’était tracé. J’avais envie de vivre, d’apprendre. J’ai adoré étudier. Tout ce que j’ai appris m’a construite et m’a permis de me réaliser plus tard dans le chant. Mes études m’ont, en quelque sorte, préparée au chant et à la scène. Dans la vie, dans la littérature, sur scène tout est question de compréhension des autres, des situations, des sentiments. Tout est lié, je pense. J’ai toujours su que j’allais vers le chant mais j’avais besoin de me nourrir ailleurs et d’aller à mon rythme. 

 

Qu’est ce qui se passe en vous quand vous chantez, quand vous jouez ?

 

Simplement du bien-être. Le corps est traversé de vibrations. Vivre pleinement cet instant et en avoir conscience me procure un plaisir incroyable. On se sent vivant. Mais c’est un apprentissage. Ça demande beaucoup d’exigence de chanter et c’est un vrai travail au quotidien, une vraie discipline. Ça me construit. Tous les jours je fais le même exercice et à chaque fois je retrouve ce bonheur, cette spontanéité que j’avais étant enfant… Ce que j’aime dans l’interprétation d’un rôle c’est de jouer de telle façon que je suis le personnage. J’adore lorsqu’il n’y a pas de décalage entre le geste et la situation. Sur le moment je vis comme si j’étais moi-même surprise par ce qui se passe… Je vis ces instants pleinement.

 

Quels sont les rôles qui vous ont le plus fait vibrer ?

 

 

Il y a Mimi dans La Bohème de Puccini, parce que cette femme est la générosité, que sa ligne mélodique est toute dans l’expansion, la rondeur, le vrai lyrisme. Pour cette phrase: « ho tante cose che ti volgio dire, o una sola ma grande come il mare », (« j’ai tant de choses à te dire, ou une seule, mais grande comme la mer »). C’est tellement ce que je ressens en face du public. Il y a aussi ce rôle miraculeux d’ Agilea dans Teseo de Haendel, parce qu’avoir 7 airs pour exprimer un personnage, c’est un cadeau artistique. Ma formation en violoncelle, et des années de continuo m’ont préparée à ce genre de musique. Agilea chante des airs d’une qualité telle qu’on peut les sortir de leur contexte, les chanter en récital et qu’ils gardent toute leur saveur.

Et l’équilibre fabuleux de chanter dans le même spectacle les rôles si bien conjugués de Margerita et d’Elena dans le Mefistofele de Boito, avec ces deux airs de folie, qui offrent à la voix la possibilité de tracer l’être humain dans des situations extrêmes et si différentes, montrant la terreur et la difficulté à assumer la réalité.

Et j’avoue, j’aime aussi faire rire, surprendre dans des rôles créatifs et récréatifs et je me réjouis tellement de cette Périchole en décembre à Lausanne, une mise en scène d’Omar Porras, comme j’ai eu par exemple plaisir à collaborer avec Laurent Pelly dans Monsieur Choufleuri ou La Vie Parisienne d’Offenbach. 

 

En ce moment vous interprétez à Avenches en Suisse Zerlina dans Don Giovanni, mis en scène par Giancarlo Del Monaco… Qu’est ce qui vous plaît dans ce rôle ?

 

J’ai reçu ce rôle, il y a déjà deux ans. J’ai accepté avec bonheur, parce que chanter Zerlina, c’est s’amuser. J’ai toujours aimé chanter dans des arènes, car il y a la magie du plein air, qu’on atteint un public très large, qui vient parfois pour la première fois à l’opéra. Zerlina est un personnage charismatique, qui apporte une touche jeune, sensuelle, joueuse. Elle est câline, espiègle. Reprendre ce rôle avec Giancarlo Del Monaco a été passionnant. Nous avons fait un vrai travail d’acteurs. Puisque la scène était vide, à part ce portrait de Mozart au sol, tout devait être lisible dans le geste, la présence, l’intention, le déplacement. Il y a eu un grand travail de positionnement spatial, très précis, pour rendre les relations entre les personnages, leurs tensions. Comme la scène avait cette pente de 25%, tout était encore plus physique. Les répétitions se passaient avec des genouillères, pour apprendre à se réceptionner.

Sur le moment, de même que dans le souvenir, ce qui reste, c’est cette fabuleuse énergie partagée avec Giancarlo et qui donne un spectacle plein de vie. Cet homme a un tel amour de l’opéra que tout ce qu’il a validé pour sa mise en scène mettait à la fois le spectacle et le chanteur en valeur. C’est très important de le souligner. Car aucun geste n’a été gratuit. J’ai senti que nous partagions ce respect de l’art et du public.

 

 

Propos recueillis par Raphaëlle Duroselle

 

   

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© Raphaëlle Duroselle

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