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Dix propositions de reprises économiques pour l’Opéra de Paris

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Actualité
7 décembre 2020
Dix propositions de reprises économiques pour l’Opéra de Paris

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On l’a bien compris, dans le monde d’après, il faudra être économe. Et en particulier à l’Opéra de Paris. Prenons un exemple : en vingt ans, Die Zauberflöte aura connu quatre productions différentes, trois à Bastille et une à Garnier. Quittant ses fonctions, Gerard Mortier confessait même son regret de ne pas avoir eu le temps d’en proposer une nouvelle : c’était un de ses ouvrages préférés. De son côté, le Metropolitan Opera de New-York, gestionnaire rigoureux, restait fidèle à une production créée en 2004, pas terrible il faut bien le dire. Parallèlement, des productions créées à l’Opéra de Paris ne sont pas remontées des réserves depuis dix à vingt ans : puisqu’on cherche des économies, voici quelques pistes.

1. Les tubes. Le grand public un peu cultivé et même celui qui regarde les pubs à la télé,  reconnait « Nessun Dorma » (grâce à Pavarotti), « Va pensiero » (merci Nana Mouskouri) et « Casta diva » (salut Jean Paul Gaultier). Avec un peu de buzz, voilà trois ouvrages qui pourraient attirer les foules en reprenant des productions qui n’ont pas été déballées depuis 20 ans ou plus. La dernière série de Turandot dans la production spectaculaire de Francesca Zambello (1997) n’a pas été vue depuis 2002, celle de Nabucco (Robert Carsen, 1995) depuis 2000, et celle de Norma (Yannis Kokkos,1996) depuis 2000 également. 

2. Puisqu’on parle de Norma, force est de constater que le belcanto, qui fait plutôt recette, reste lui aussi au garage : ni La Donna del lago (Lluis Pasqual, 2010), ni La Sonnambula (Marco Arturo Marelli, 2010, en location il est vrai), ni surtout La Fille du régiment (Pelly, 2012) n’ont été repris. A titre de comparaison, ce dernier ouvrage a été donné 28 fois au Met dans la même mise en scène à l’occasion de 4 séries. Cette même production remplit régulièrement la salle à Londres.

3. Richard Strauss a été particulièrement mal traité sous le mandat de Stéphane Lissner : Die Frau ohne Schatten (Robert Wilson, 2002, vue pour la dernière fois en 2008), Salome (Lev Dodin, 2003 – 2009) ou Elektra (Robert Carsen, 2013 – 2013) ne demandent qu’à sortir des oubliettes.

4. L’opéra français derait être l’ADN de la maison mais les dates parlent d’elles-mêmes. Les productions suivantes ont plutôt été des succès, voire des triomphes pour certaines : Guillaume Tell (Francesca Zambello, 2003 – 2003), La Juive (Pierre Audi, 2007 – 2007), Les Vêpres siciliennes (Andrei Serban, 2003 – 2003), Ariane et barbe-bleue (Anna Viebrock, 2007-2007). Sont-elles encore disponibles ?

5. Faut-il célébrer le Brexit avec Benjamin Britten ? Peter Grimes (Graham Vick, 2001-2004) est prêt à reprendre les flots. Quant au Billy Budd (Francesca Zambello, 1996 – 2010), il a toujours rencontré un grand succès.

6. Certaines productions d’opéras contemporains gagneraient sans doute à être reprises comme Il Prigioniero (Lluis Pasqual, 2008 – 2008) ou Saint François d’Assise (Stanislas Nordey, 2004 – 2004). Notons que cette œuvre en était déjà à sa troisième production parisienne, et on lui préférera sans conteste la deuxième (Peter Sellars, 1992 – 1992). En revanche, la production de Die Soldaten (Harry Kupfer, 1994 – 1994) a probablement disparu.

7. Andrea Chénier  (Giancarlo Del Monaco, 2009 – 2009) est un cas d’école. Donné sur toutes les scènes du monde avec les plus grands ténors de la planète, le chef-d’œuvre de Giordano reste quasi invisible en terres parisiennes. Serait-ce parce que cet ouvrage dévie par trop du récit hagiographique officiel de la révolution française, et que le donner à la Bastille frôlerait la provocation ?

8. Les amoureux de Leos Janácek attendent toujours une production en langue originale de Jenůfa (Götz Friedrich, 1980 – 1980, en français). En attendant, pourquoi ne pas ressortir Kátia Kabanová (Christoph Marthaler, 2004 – 2011) ? Pour rester dans les anciens pays de l’est, mentionnons un autre chef-d’œuvre, Krol Roger (Krzysztof Warlikowski, 2009 – 2009). Certes ces productions ne sont vieilles que d’une dizaine d’années. Pour atteindre les 20, il faut aller encore plus à l’est : Guerre et Paix (Francesca Zambello, 2000 – 2005) ou L’Ange de feu (Andrei Serban, 1991 – 1991). Citons aussi La Dame de Pique (Lev Dodin, 1999 – 2012).

9. On remarque également qu’on ne rigole pas trop à l’ONP (à part la millionième reprise du Barbiere di Siviglia). Outre La Fille du régiment déjà citée, on aimerait des nouvelles des Brigands (Jérôme Deschamps et Macha Makeieff, 1993 -1994 : un spectacle qui a beaucoup voyagé), sans parler de productions bien plus anciennes et depuis longtemps poubellisées : La Belle Hélène, Orphée aux Enfers, Mesdames de la Halle, Monsieur Choufleuri, Pomme d’Api, Robinson Crusoé qui (le croirait-on ?) furent à l’affiche de la grande boutique dans les années 80.

10. Et pour conclure, voici notre voiture-balai, songeons à Manon Lescaut (Robert Carsen, 1990 – 1996), Il Trittico (Luca Ronconi, 2010 – 2010, parfois revendu à la découpe), Attila (Josée Dayan et Jeanne Moreau, 2001 – 2001 : une production très mal accueillie, mais aussi victime du bashing de la profession car on a objectivement vu 100 fois pire…), Porgy and Bess (Tazewell Thompson, 1996 – 1997), Idomeneo (Luc Bondy, 2006 – 2010 : quatrième production depuis 1987…), Der fliegende Holländer (Willy Decker, 2000 – 2010), ou encore DieTote Stadt (Willy Decker, 2009 – 2009) qui ressusciterait volontiers pour certain ténor. Le Nozze di Figaro (Giorgio Strehler, 1972 – 2012) ont sans doute été un peu trop vues : mais en attendant, rien ne nous est proposé.

Bien des mises en scène mentionnées ci-dessus sont probablement réformées (une façon polie de dire : mises à la poubelle) et ne sauraient donc être reprises. Cette énumération (qui n’est certainement pas exhaustive) pointe toutefois une gestion plutôt dispendieuse du patrimoine des productions, celle d’un théâtre qui a du mal à choisir entre le modèle du répertoire et celui du festival permanent. Ce sera sans doute plus difficile à l’avenir.

 

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