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Voix d’Afrique, voix de demain

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Edito
11 avril 2022
Voix d’Afrique, voix de demain

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Longtemps accaparées par les chanteurs asiatiques, les compétitions internationales de chant lyrique se tournent désormais vers l’Afrique. Dès 2016, le très européen Belvedere organisait sa finale à Cape Town, franchissant les océans pour la première fois depuis sa création en 1981. L’occasion pour votre serviteur de coiffer la casquette écossaise de Sherlock Holmes et d’enquêter sur les raisons de cette émergence de talents au sud du continent africain. Ces investigations, guidées par un savoureux hasard, conclurent à la présence effective d’un terrain favorable au voix lyriques par la conjonction de plusieurs facteurs : la pratique du chant choral entonné dès le plus jeune âge dans les lieux de culte ; le « shout » libérateur auquel sont enjoints les enfants par leurs parents (au contraire du silence imposé à nos chères têtes blondes par la culture occidentale) ; la fin de l’Apartheid (la distinction raciale entre blancs, métis et noirs interdisait à ces derniers l’accès aux théâtres, sur scène comme en salle). Sur cette terre fertile, le phénomène Pretty Yende a fait l’effet d’une pluie féconde, à la manière dont, en France, la personnalité de Zinedine Zidane a suscité après la coupe du monde de 1998 bon nombre de vocations footballistiques dans les zones dites sensibles. 

L’édiction de la diversité ethnique en sujet de société a transmuté en lame de fond ce qui n’aurait pu rester qu’un épiphénomène circonscrit à l’Afrique du Sud. L’Opéra, perméable plus que tout art aux préoccupations sociétales, ne pouvait rester indifférent à cette prise de conscience. Ces dernières années ont vu rien qu’en France la création du concours « Voix des Outre-mer» et pas plus tard que la semaine dernière la première édition du Concours des Grandes voix lyriques d’Afrique. La scène du Palais de la Porte Dorée a accueilli des voix opulentes, généreuses, chargées de promesse, d’une sincérité et d’une candeur désarmante. Une cure de jouvence.

Si réjouissant soit le panorama révélé par cette fenêtre entrebâillée sur l’Afrique, le bilan s’avère contrasté. Les deux chanteuses primées – Adriana Bignagni Lesca et Suzanne Taffot – sont des artistes expérimentées, l’une et l’autre âgées de plus de trente ans, formées dans nos conservatoires. A côté de ces talents confirmés, combien de diamants bruts ne peuvent envisager une carrière lyrique, faute d’être né là où il fallait. Il y avait parmi les candidats des voix formidables qu’il est hélas trop tard pour façonner. 

« Le pessimisme ouvre la voie à tous les renoncements », disait Jacques Chirac. Cet état des lieux sur les perspectives gigantesques d’un continent en devenir ne saurait se refermer sur un accord de triton. Il appelle, au contraire, à poursuivre l’effort entrepris ces dernières années et saluer, en s’inclinant très bas, le courage et la ténacité de ceux et celles qui aujourd’hui se mobilisent pour que l’opéra ajoute à sa mission artistique la composante sociétale indispensable au monde lyrique de demain. 

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