OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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PARIS
08/03/2008


Vesselina Kasarova
© Wilfried Hösl

Vesselina Kasarova
mezzo-soprano


Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie n°99 en mi bémol majeur

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
La clemenza di Tito, ouverture
Airs de Sesto « Parto, parto ma tu ben mio »
et Deh per queste istante solo »

Igor Stravinsky (1882-1971)
Pulcinella, suite pour orchestre

Gioacchino Rossini (1792-1868)
L’Italiana in Algeri, ouverture
Air d’Isabella  « Amici in ogni evento… Pensa alla patria »
Il Barbiere di Siviglia
Cavatine de Rosina « Una voce poco fa »

Los Angeles Chamber Orchestra
Direction : Jeffrey Kahane

Théâtre des Champs-Elysées
8 mars 2008

Co-production Les grandes voix

Un concert au vrai goût bulgare

Retrouver la mezzo bulgare Vesselina Kasarova est toujours un plaisir. Voilà près de quinze ans que Paris l’a découverte et adoptée, le jour où elle accepta de remplacer Marilyn Horne programmée pour un récital Salle Gaveau. Quelques mois plus tôt, la jeune débutante avait relevé un autre défi, en prenant la place de la Horne (décidément), pour une version concertante de Tancredi, à Salzbourg.

Quel chemin parcouru depuis cette date, que de promesses tenues, de rôles abordés avec panache et autorité, quelle carrière brillamment menée. Rossini un peu partout, Bellini, Donizetti, Mozart surtout, Strauss, évidemment, Massenet et Haendel. Elle incarnait d’ailleurs Ruggiero (Alcina) au Palais Garnier en décembre dernier et donnait un concert samedi soir avec le Los Angeles Chamber Orchestra, au Théâtre des Champs-Elysées.

Cet ensemble remarquablement dirigé par Jeffrey Kahane, tout en musicalité et une ferveur communicative, a exécuté avec une caressante virtuosité la 99e symphonie de Haydn (en mi bémol majeur), puis les ouvertures de La Clemenza di Tito de Mozart et de L’Italiana in Algeri de Rossini, parfaitement réglées, ainsi que la Suite pour orchestre, Pulcinella, domptée avec bravoure et beaucoup de subtilités ; le choix de cette œuvre commenté par le maestro dans un français parfait, était un hommage rendu à Stravinsky, qui partagea son existence entre Paris, où fut crée la partition en 1920 et Los Angeles où il vécut de longues années.

Rétive à la nuance, fâchée avec le legato et crispée sur les vocalises, la voix de la cantatrice n’était pas dans un grand soir, tout du moins dans la première partie. Le premier air de Sesto « Parto, parto » n’avait pas la couleur, le mœlleux et l’aisance que Vesselina Kasarova sait déployer lorsque son instrument est mieux chauffé et qu’il répond à ses plus infimes demandes. Tandis que « Deh, per questo istante », manquait lui aussi de soyeux, l’interprète donnant l’impression de lutter contre une voix rebelle, dominée, mais avec difficulté. Le grand air d’Isabella « Pensa alla patria » qui faisait suite, était abordé avec plus de confiance et d’éclat, même si la mezzo a abusé de sons tubés, ou déformés et vocalisé un peu sèchement. Si son registre aigu était retrouvé, certaines respirations mal placées finissaient par malmener la ligne, n’en déplaise au public, littéralement sous le charme.

Comme à Gaveau en 1993, Vesselina Kasarova n’a pas résisté à interpréter la célèbre cavatine du Barbier de Séville « Una voce poco fa », de manière personnelle sans doute, mais au risque de perdre tout naturel. Pourquoi surcharger à l’excès et se laisser aller à de telles variations, quand on a les moyens de satisfaire l’auditoire qui vous mange déjà dans la main ?

Après quelques saluts enthousiastes, la cantatrice a continué sur sa lancée avec en bis la scène d’entrée du Tancredi de Rossini, « O patria… Di tanti palpiti », exécuté avec élégance et aplomb (récitatif), mais là encore d’inutiles vocalises (aria), dont se passe justement très bien cette mélodie simple et délicate, inventée par Rossini en attendant la cuisson des ses pâtes ! Dommage de la part d’une artiste de cette trempe. N’ayant pas prévu d’autres rappels, Kasarova a proposé de chanter à nouveau l’air avec clarinette obligée « Parto, Parto », cette fois investi avec plus d’attention et de rigueur, comme pour se faire pardonner. Ce fut chose faite.


François Lesueur
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