OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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PARIS
16/12/2007
 
Cecilia Bartoli
© DR


CECILIA BARTOLI
Récital

García : La figlia dell’aria, Ouverture
Air "E non lo vedo… Son regina"
Persiani : “Cari giorni" (Ines di Castro)
Mendelssohn : Scherzo en sol mineur
extrait de l’Octuor op. 20 (Version orchestrale du compositeur)
Mendelssohn : "Infelice" pour voix, violon et orchestre
Rossini : Tempête (Il barbiere di Siviglia)
Rossini : La Cenerentola, “Nacqui all’affanno… non più mesta”,
Donizetti : Andante sostenuto
extrait du Concertino pour clarinette en si bémol majeur
Rossini : Otello, "Assisa al piè d’un salice"
Rossini : Il Signor Bruschino, Ouverture
Balfe : The Maid of Artois, "Yon moon o’er the mountains"
Hummel : Air à la Tyrolienne avec variations
Bériot : Andante tranquillo
extrait du Concerto pour violon n° 7 en sol majeur, op. 73
Bellini : La Somnambula
“Ah, non credea mirarti… Ah, non giunge”

Bis :
Maria Malibran : Rataplan
Rossini : La Cenerentola, “Non più mesta”,

Orchestra La Scintilla
Cecilia Bartoli, mezzo soprano

Théâtre des Champs Elysées, le 16 décembre 2007

Viva Maria… et viva Cecilia (deuxième)

C’est un exercice rodé, mais non point galvaudé auquel nous invitait Cecilia Bartoli.

C’est un rendez-vous rituel qu’elle donne à ses admirateurs… qui ne déçoit pas ! Car au-delà d’un emballage glamour parfois un rien encombrant, c’est bien l’artiste exceptionnelle que le public vient retrouver.

Le dispositif scénique étonne de prime abord. La cantatrice se tient sur une estrade devant l’orchestre… Ce soir elle est presque autant chef d’orchestre que chanteuse, délivrant tout au long du spectacle des indications à l’orchestre par de discrets mouvements de la main.

L’orchestre parlons en, il est aussi scintillant que le promet son nom. Un premier violon de très grande qualité qui donne la réplique à la cantatrice dans la scène « Infelice » de Mendelssohn, ou qui enchante dans l’extrait de concerto de Bériot, une merveilleuse clarinette dans l’extrait de Donizetti, mais surtout un ensemble à la cohérence parfaite, au son soyeux, à la virtuosité éprouvée.

La cantatrice qui avait annulé en début de semaine une représentation à Bruxelles est annoncée encore souffrante… Elle ne semble pourtant que peu diminuée ; peut-être une quinte aigue moins libre qu’habituellement ?

Pour le reste on retrouve intact ce qui fait de cette chanteuse un phénomène unique actuellement : une virtuosité hallucinante (ah la tyrolienne !) mais aussi un investissement dramatique (à la limite parfois du « surjeu ») même en concert.

La soirée aura commencé un peu fraîchement par la faute d’une ouverture de La Fille de l’air pas forcément de la meilleure inspiration. Mais dès l’air de Persiani, le concert prend son envol. La cantatrice sublime la partition par un chant juste sur le souffle, subjuguant le public par des piani irréels. Mais ce sera avec le final de la Cenerentola que la cantatrice emportera complètement l’enthousiasme du public. On la sait plus que familière de ce rôle et elle se permet des variations inédites, semblant ré-inventer la partition au fur et à mesure. Indéniablement un grand moment.

La seconde partie s’ouvre sur une chanson du Saule infiniment prégnante… Le personnage prend vie sous nos yeux, Desdémone mélancolique et effrayée. Puis après l’anecdotique air de Balfe, arrive la tyrolienne virtuose. Cecilia Bartoli joue avec le public s’amusant visiblement à chanter ce yodlé ébouriffant.

Evidemment elle ne fait qu’une bouchée du finale de la Somnambule, variant à plaisir la reprise.

Les bis seront plus réduits qu’à l’habitude, signe peut-être d’une petite fatigue… Le Rataplan de la Malibran n’en est pas moins vibrant et jubilatoire… Une reprise du rondo de La Cenerentola viendra clore le spectacle.

Que d’enthousiasme me direz-vous… Oui mais avec toute de même un fond d’insatisfaction : ces récitals rituels ne peuvent en rien remplacer une vraie incarnation scénique ! Et on aimerait retrouver des personnages plutôt que des esquisses… A quand par exemple une Desdemone ?

Ah oui, j’oubliais l’essentiel ! La robe était rouge et brodée de fils d’argent… en un mot scintillante !


Antoine Brunetto
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