C O N C E R T S
 
...
[ Sommaire de la rubrique ] [ Index par genre ]
 
......
PARIS
07/05/2004

© DR
Les Contes d'Hoffmann

Jacques Offenbach
Création à Paris en 1881

Mise en scène Jérôme Savary
Direction Musicale Jean-Claude Casadesus

Orchestre de Paris, Choeur de l'Orchestre de Paris, Ensemble Vocal "Paris Consort", Melo Men

Hoffmann : Markus Haddock
Olympia : Patricia Petibon
Lindorf, Coppélius, Dapertutto, Miracle : Alain Fondary
Giulietta : Béatrice Uria-Monzon
Antonia : Inva Mula
Nicklause, La muse : Marie-Ange Todorovitch,
La mère d'Antonia : Viorica Cortez
Crespel, Luther : Michel Trempont
Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Frantz : Ricardo Cassinelli
Spalanzani : Antoine Normand
Herman, Schémil : Francis Dudziak
Nathanael : Martial Defontaine
Wilhelm : Olivier Podesta

Vendredi 7 mai 2004
Palais Omnisports de Bercy



Ce spectacle est fait pour les amateurs d'effets spéciaux et de mises en scène à l'esbroufe. Immense plan d'eau où évoluent de vraies gondoles vénitiennes et leur gondolier, poupées géantes, mouvements de foule, feux d'artifices, rideaux d'eau ou de vapeur sur lesquels sont projetées des images, effets de fumée, figurants montés sur des échasses... Pas de doute, c'est très divertissant et peut-être dans l'esprit d'un Offenbach un peu "fin de siècle". Il règne sur le plateau une atmosphère de fête perpétuelle, on en prend plein les yeux, mais est-ce bien le ton juste pour cette évocation de la littérature fantastique à travers l'univers d'Hoffmann ?

"Il faut être toujours ivre. Tout est là, mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, mais enivrez-vous." (Baudelaire)

Savary a sûrement suivi Baudelaire et juré d'enivrer son public avec une débauche d'effets spéciaux. Sur scène, la féerie domine. Et pourtant, le spectacle a beau être grandiose, l'émotion n'est pas toujours au rendez-vous. Le gigantisme de la salle qui peut contenir 11 000 personnes à chaque représentation n'arrange rien et il est bien difficile d'oublier que nous sommes dans un Palais des Sports, ne serait-ce qu'à cause de la grosse horloge suspendue au-dessus de tout le dispositif. Heureusement, la sonorisation directionnelle est parfaite et même si on n'est pas à Vérone ni à Orange, on a le plaisir de suivre les voix dans l'espace. Quant à avoir l'impression que les chanteurs chantent pour vous, ceci est une autre histoire : la voix irréprochable des artistes a bien du mal à atteindre son but, c'est-à-dire toucher le public. Quant à leur qualité, elle est bien difficile à apprécier, eu égard aux transformations technologiques. Même quand l'interprétation est de grande qualité, il manque à un chanteur lyrique dont la voix passe dans un micro, de la chair, de la vie...

Dans l'immensité du Palais des Sports de Bercy, une poursuite de lumière prend tout son sens pour les spectateurs qui entourent la scène sur trois côté et qui ont donc une parfaite visibilité. L'action est rondement menée et les temps morts ne sont pas de mise. Sollicité de tous côtés, le public n'accorde finalement à la musique que la place qui lui revient dans ce genre d'aventure hybride, celle qu'elle occupe au cinéma. Offenbach aurait-il été un précurseur ou est-il la victime d'une transmutation savarienne ?

La direction très sensible de Jean-Claude Casadesus à la tête de l'Orchestre de Paris, sonorisé lui aussi, nous ferait presque oublier le côté show télé de cette production dont on n'ose imaginer le budget.
 
 
 

Anna de AYALA
[ Sommaire de la Revue ] [ haut de page ]