Soirée Francis Ford Coppola - Alagna

Soirée sicilienne

Cette année le Festival de Montpellier rendait hommage au cinéaste Francis Ford Coppola à travers ce concert et deux expositions: la première, intitulée "L'Image en mouvement", située au pavillon populaire, était consacrée à Dean Tavoularis, décorateur qui a travaillé - entre autres - avec Coppola sur ses films les plus importants et la seconde, "Circle of Memory", visible au musée Fabre jusqu'au 16 septembre, est due à Eleanor Coppola, épouse du cinéaste, qui a également présenté le concert en compagnie de sa fille, Sofia, et du metteur en scène Jean-Paul Scapitta. Le cinéaste, retenu sur un tournage, n'avait pu se déplacer pour la circonstance.

Le concert met à l'honneur Carmine Coppola, père de Francis Ford. Flûtiste de formation, ce musicien a fait partie, dans les années 40, de l'Orchestre Symphonique de la NBC que dirigeait Toscanini, avant de devenir chef d'orchestre à Broadway. Il a signé de nombreuses musiques de films, notamment ceux son fils: Outsiders, Le Parrain (en collaboration avec Nino Rota), Apocalypse now....

La suite symphonique "Godfather" se compose de quatorze numéros qui reprennent les thèmes principaux composés par Nino Rota et Carmine Coppola pour le film éponyme. Il s'agit d'une sorte de patchwork auquel les arrangements de Carmine Coppola parviennent à donner une certaine unité de style. L'oeuvre qui s'écoute sans déplaisir ne manque pas de raviver bien des souvenirs dans l'esprit des spectateurs cinéphiles. Comparativement, en fin de soirée, la suite "Apocalypse now", aux proportions plus modestes, a paru d'un intérêt moindre.

En seconde partie nous aurions dû avoir le dernier acte de la Manon Lescaut de Puccini que Sofia Coppola mettra en scène à Montpellier au cours de la saison 2009/2010, mais la défection de Svetla Vassileva qui devait donner la réplique à Roberto Alagna a contraint les organisateurs à modifier le programme. C'est ainsi que nous avons pu entendre deux extraits du Dernier jour d'un condamné des frères Alagna dont la création avait eu lieu au Théâtre des Champs-Elysées deux semaines plus tôt.

Il n'est guère aisé de porter un jugement sur un ouvrage à partir de pages si brèves. Sans être révolutionnaire, la musique de l'intermezzo, d'une grande puissance dramatique, semble lorgner vers le Puccini de Il Tabarro. L'air du condamné, d'autant plus poignant qu'il distille une émotion contenue, est interprété avec conviction par un Alagna en grande forme qui fait valoir une ligne de chant sobre et élégante et une diction, comme à l'accoutumée, irréprochable.

En complément de programme, le ténor donnera une chanson napolitaine, "A Vuchella" de Tosti puis, s'accompagnant lui-même à la guitare, "Ninna nanne", berceuse dont il a composé le texte, en dialecte sicilien, sur un thème du Parrain et dans laquelle il rend un émouvant hommage à sa première épouse.

Frustré d'entendre si peu le ténor pour lequel il s'était déplacé, le public en réclame davantage. Roberto Alagna donnera un ultime bis a capella: le Notre Père d'Auber qui figurera au programme de son prochain CD.

Christian PETER

Notes
Concert enregistré et diffusé sur France Musiques le 1er septembre 2007, 9h 05.



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