OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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PARIS
18/03/2008


Diana Damrau
© DR

Diana Damrau
soprano

Ensemble Orchestral de Paris
Joseph Swensen direction



Wolfgang Amadeus Mozart  (1756 - 1791)
Divertimento en ré majeur K 136

Antonio Salieri (1750 - 1825)

Cublai, gran Khan dei Tartari
“D’un insultante orgoglio”

Christoph Willibald Gluck (1714 - 1787)

Orphée
Ouverture

Wolfgang Amadeus Mozart

Die Zauberflöte
“Ach’, ich fühl’s”

Wolfgang Amadeus Mozart

Cosi’ fan tutte
Ouverture

Antonio Salieri

Cublai, gran Khan dei Tartari
“Fra barbari sospetti”

Entracte

Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovanni
Ouverture

Antonio Salieri

Semiramide
“Sento l’amica speme”

Wolfgang Amadeus Mozart
Le Nozze di Figaro
Ouverture
“Giunse alfin il momento... Deh vieni non tardar”
Lucio Silla
Ouverture
“In un istante... Parto m’affretto”

Bis:
Antonio Salieri
La Finta scema
“Se spiegar potessi appieno”

Wolfgang Amadeus Mozart

“Alleluja” (extrait de Exsultate jubilate k 165)

Antonio Salieri

Semiramide
“Sento l’amica speme”
Kublai, gran Khan dei Tartari
“Fra barbari sospetti”

Les Grandes Voix

Théâtre des Champs-Elysées
Mardi 18 mars 2008 à 20 heures

Un zeste de déception


C’était déjà au Théâtre des Champs-Elysées que Diana Damrau avait fait - sauf erreur - ses débuts en France en chantant Suzanne dans une version en concert des Noces de Figaro dirigée par Jérémie Rhorer en septembre dernier. Elle y revient aujourd’hui pour son premier récital parisien dans la série des Grandes Voix. Ce récital s’inscrit dans le cadre d’une tournée destinée à assurer la promotion de son récent CD (1), Arie di bravura, qui a inauguré sa collaboration avec le label Virgin Classics. Seul changement notable, Jérémie Rhorer et son Cercle de l’Harmonie ont cédé la place à Joseph Swensen à la tête de l’Ensemble Orchestral de Paris.

Le programme est centré autour de Salieri et Mozart, deux compositeurs qui ont permis à la cantatrice allemande d’accéder à la notoriété internationale. En 2004, pour la réouverture de la Scala, son ébouriffante Europa Riconosciuta avait été encensée par la critique mais c’est bien sûr La Reine de la nuit qu’elle a chantée pendant près de dix ans sur la plupart des grandes scènes – à l’exception de Paris - qui a contribué à asseoir durablement sa réputation. Pourtant nous n’entendrons pas ces héroïnes au cours du concert. Diana Damrau, qui semble vouloir s’orienter vers des emplois plus lyriques, a dit récemment adieu à la Reine de nuit, au profit de Pamina et ne s’est pas risquée à chanter l’air de L’Europa riconosciuta, présent sur le CD, qui culmine au contre-sol.

Dès son entrée en scène, rayonnante dans une robe rouge vermillon, le public est séduit : son premier air révèle un timbre lumineux doté d’une belle palette de couleurs. La voix n’est pas très grande mais la technique est solide et l’interprète subtile. Dommage qu’il faille ensuite subir une ouverture d’Orphée des plus prosaïques qui casse un peu l’ambiance. Que des morceaux symphoniques permettent à la chanteuse de se reposer et à l’orchestre éventuellement de briller, soit. Mais pourquoi ne pas les avoir intercalés entre deux groupes d’airs ? Tout au long du concert l’alternance un air / une page orchestrale empêche la cantatrice d’instaurer une complicité durable avec la salle ; pour cela il faudra attendre les bis. De fait la prestation de Diana Damrau, dans la première partie, dure à peine quinze minutes au total. On en retiendra surtout un « Ach ich fühl’s » bouleversant d’intensité dramatique et superbement nuancé.

En seconde partie l’air de la Semiramide de Salieri met en valeur les capacités de la chanteuse à vocaliser avec aisance et vélocité. Ce sera pourtant un incident, dans l’air de Suzanne des Noces de Figaro, qui va contribuer à briser la glace avec un public jusque là réservé : Damrau chante le récitatif mais au début de l’aria, point de basson pour lui donner la réplique ! Le chef, affolé, s’interrompt ; soudain, la bassoniste, qui était restée en coulisses, entre en scène, accueillie par quelques huées. La chanteuse prend la chose avec humour et rit de bon cœur. Le public l’applaudit chaleureusement, elle reprend son air depuis début avec davantage de mordant et d’implication théâtrale dans le récitatif, et c’est le triomphe.

Le concert s’achève avec un air de Giunia, magistralement interprété : on ne sait qu’admirer le plus : l’insolence et la précision des ornementations, la musicalité impeccable de la ligne de chant, l’investissement dramatique sans faille.

Deux bis étaient initialement prévus : l’air de la Finta scema de Salieri et l’Alleluja de Mozart, mais devant l’enthousiasme de la salle, la cantatrice, visiblement émue, redonnera deux pages de Salieri : l’air de Semiramide et celui d’Alzima dans Cublai gran Khan dei Tartari qui concluait la première partie et dans lequel l’aigu, un rien strident, accuse une certaine fatigue. Faut-il le dire ? A la seconde écoute, ces airs apparaissent comme des machines à vocalises parfaitement huilées, à des années-lumière du théâtre que recèle l’extrait de Lucio Silla dû pourtant à la plume d’un Mozart d’à peine seize ans. Aussi, on regrettera que Diana Damrau n’ait pas inclus dans son programme l’air de concert « Basta vincesti », par exemple, qui constitue l’un des sommets de son CD !

Au pupitre, le chef américain Joseph Swensen nous a gratifiés d’une battue bien routinière dans un divertimento Mozartien privé de poésie et particulièrement clinquante dans les ouvertures qu’on a entendues plus inspirées ailleurs.

 Christian Peter


Note :
(1) Cette pratique commerciale tend à se généraliser depuis quelques années : de fait le CD est vendu dans le hall où l’on nous annonce une séance de dédicaces à l’issue du spectacle.

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