C O N C E R T S
 
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BRUXELLES
(Kaaïteater)

15-24/01/2002

 
Don Pasquale
(Gaetano Donizetti)

Direction musicale: Alessandro De Marchi
Mise en scène: François DeCarpentries
Collaboration à la mise en scène: Karine Van Hercke
Décors: Emmanuel Clolus
Costumes: Jorge Jara
Éclairages: Dominique Sournac
Chef des choeurs: Peter Tomek

Don Pasquale: Giovanni Furlanetto
Ernesto: Juan José Lopera - Joseph Calleja (24, 25 & 27/01)
Norina: Diana Damrau
Il Dottore Malatesta: Roman Trekel
Carlotto/Il Notaro: Bernard Villiers
Il Maggiordomo: Charles Cenier

 

Les dernières tentatives de la Monnaie pour rendre hommage à l'opéra italien du XIXe siècle furent plutôt laborieuses; on se souvient d'un Turco in Italia massacré par Philippe Jordan et une équipe de chanteurs techniquement désastreux. On se souvient aussi d'une Cenerentola d'un niveau plus acceptable mais bâclée dans l'ensemble. Avec ce Don Pasquale La Monnaie prouve qu'elle n'a pas pour ce répertoire que des sentiments sadiques.

Reprise d'un spectacle extra-muros qui venait clôturer une très belle saison 1997-98 parallèlement au Turn of the Screw de Pappano, ce Don Pasquale aura été avant tout redistribué de pied en cape: Alessandro de Marchi à la place de Philippe Jordan, Giovanni Furlanetto pour Alberto Rinaldi, Roman Trekel pour Garry Magee, Diana Damrau pour Dorothea Röschmann, la Beethoven academy pour l'orchestre de la Monnaie et le choeur de l'opéra studio pour le choeur de la maison. Restent le notaire de Bernard Villiers et l'Ernesto de Juan Jose Lopera qui cèdera sa place pour les dernières représentations au jeune Joseph Calleja.

Pétillant, vif, drôle, exubérant, cocasse, excentrique... ce sont à peu près les qualificatifs que nous inspire ce spectacle; François de Carpentries démontre dans chacune de ses mises en scène qu'il est possible d'occuper la scène intelligemment sans pour autant charger la comédie de blagues maladroites. Parfois le trait est poussé un peu loin, comme ce spectre qui rôde autour de Don Pasquale pour lui rappeler à quel point sa fin est proche, mais c'est là un détail. Flanqué de chanteurs qui sont également de très bons acteurs, de Carpentries balance Don Pasquale dans un imbroglio de couleurs excentriques régies par un choeur de décorateurs hystériques.

Avant de parler du chant et de la direction d'orchestre, notons le travail remarquable de Peter Tomek et de ses jeunes choristes. Investis d'une mission relativement lourde, ceux-ci nous offrent une prestation en tous points remarquable et avec quel enthousiasme !

Giovanni Furlanetto est un Don Pasquale trentenaire; il est issu de cette génération de jeunes basses bouffes italiennes qui crèvent les planches (voir notre dossier consacré à Alfonso Antoniozzi.) Belle assurance sur scène, diction intelligente, virtuosité syllabique appréciable... bref, il s'agit là d'un Don Pasquale de très bon niveau. Diana Damrau est absolument incroyable; d'ailleurs comme dit Joseph Calleja "c'est également une Norina à la ville". Sa manière de passer du registre grave (poitriné) à l'extrême aigu (contre-mi claironnant dans le finale du II) est très impressionnante, son aisance sur scène et son dynamisme bondissant font presque oublier la belle prestation de Dorothea Röschamnn. Roman Trekel, qui est attaché à la troupe de l'opéra de Berlin est un Malatesta sombre, névrosé, à la limite du sinistre, on lui reprochera son manque d'agilité (cruel dans le finale du I et dans son duo avec Don Pasquale dans le II) mais la projection est très belle et le personnage bien dessiné.

Deux ténors chantaient en alternance: Juan José Lopera, sorte d'hybride de Luigi Alva et de Nicola Monti qui sauve sa prestation par un engagement scénique total et Joseph Calleja qu'on surnomme déjà le jeune Pavarotti qui expose son miracle de voix avec une telle insolence qu'une ou deux jeunes filles se seraient volontiers pendues à son cou. Un chanteur à suivre.

Alessandro de Marchi nous offre une lecture archi complète de la partition, la cabalette du ténor qui généralement est coupée nous est livrée dans son intégralité (da capi compris) mais ni Lopera ni Calleja ne se risquent au contre-re final. Dommage. La Beethoven academy se plie relativement bien aux tempi brillants du chef et assure le rythme avec une belle vaillance.

Un spectacle réjouissant !

Hélène Mante

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