C O N C E R T S
 
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PARIS

27/01/2002

 
Fidelio
(Ludwig van Beethoven)

Direction Musicale : Sir Simon Rattle
Mise en scène : Deborah Warner
Décors et lumières : Jean Kalman
Costumes : John Bright

Leonore (Fidélio) : Anne Schwanewilms
Marzelinne : Lisa Milne
Florestan : Kim Begley
Rocco : Reinhard Hagen
Don Pizarro : Steven Page
Jaquino : Toby Spence
Don Fernando : Matthias Hölle
Premier Prisonnier : Nicholas Sharrat
Deuxième Prisonnier : Rodney Clark

Orchestre of the Age of Enlightenment
Choeur du Festival de Glyndebourne


Assister à la première de Fidelio ce dimanche 27 janvier est une curieuse expérience car s'y sont mêlés le public habituel des matinées du dimanche et le public des premières prêt à toutes les petites perfidies et à sonner la charge au moment des saluts.

Ce "choc des cultures" était d'autant plus original que la mise en scène de Deborah Warner (il s'agit d'une production importée du festival de Glyndebourne) projette l'unique opéra de Beethoven dans un univers de béton, de grillages et d'armoires métalliques avec des costumes volontairement ternes, le tout baigné dans un éclairage glauque mais superbe de Jean Kalman. Cette modernité n'est absolument pas choquante sur le principe tant l'histoire de Fidélio est universelle. Dans cet univers, la direction d'acteur de Deborah Warner fait mouche et démontre qu'elle est un grand metteur en scène de théâtre et d'opéra. Ceci est particulièrement vrai pendant les dialogues parlés. Par contre, durant les airs et les ensembles, l'action devient parfois plus statique mais la faute en incomberait plutôt à la construction dramatique de la partition qui fait baisser la tension. C'est d'ailleurs la principale faiblesse de cet opéra dont les airs hyper classiques se succèdent sans donner un véritable élan à l'histoire. Restent des moments superbes comme la sortie des prisonniers, l'air de Florestan ou le final triomphal.

Ce final fait l'objet d'un traitement quelque peu surprenant car la liesse populaire se déroule sous la neige avec des choristes qui pataugent dans les flaques. Le contraste entre une musique éclatante et le caractère un peu sinistre de la vision de Warner laisse une impression bizarre et a surpris très certainement une partie du public. Le public de première en a bien entendu profité pour siffler copieusement le metteur en scène et son équipe. Pourtant, même dans cette scène, on peut admirer le travail de détail réalisé avec les chanteurs avec, en particulier, les tentatives timides et tendres de Jaquino pour reconquérir la pauvre Marzelinne. Il n'y parviendra pas ce qui renforce la mélancolie générale.

La distribution est très homogène et d'un très bon niveau musical même si aucun des chanteurs de nous offre une interprétation exceptionnelle. Petit bémol : les interprètes féminines et en particulier Lisa Milne (Marzelinne) sont parfois noyées par l'orchestre dans les notes graves.

Les grands vainqueurs de cette représentation sont Sir Simon Rattle et l'orchestre the Age of Enlightenment, qui nous dévoilent toutes les richesses de la partition orchestrale (ce qui souligne un peu durement peut être les faiblesses de la partition vocale). Tout au long de l'opéra, Rattle, joue avec bonheur sur les rythmes et les nuances (le prologue du deuxième acte est époustouflant). Cela passera pour une lapalissade mais la venue d'un Rattle (au même titre qu'un Ozawa) nous font regretter d'avoir à subir trop souvent des tâcherons dans les fosses des grandes maisons parisiennes.

Bertrand Bouffartigue

- lire également l'avis de Placido Carrerotti -

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