C O N C E R T S
 
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TOULOUSE
27/12/2006
 
Franck : Michel Trempont / Gabriel von Eisenstein : Patrick Raftery
Le prince Orlofsky : Max Emanuel Cencic © Patrice Nin

Johann STRAUSS (1825-1899)

LA CHAUVE-SOURIS
( Die Fledermaus)

 
Opérette en trois actes
Livret de Karl Haffner et Richard Gelée
Adaptation française de Paul Ferrier

Nouvelle production
Co-production Théâtre du Capitole, Opéra Royal de Wallonie,
Opéra de Monte-Carlo, Opéra-théâtre de Metz,
Opéra National de Bordeaux

Mise en scène, Jean-Louis Grinda
Décors, Rudy Sabounghi
Costumes, Danièle Barraud
Lumières, Laurent Castaingt

Gaillardin, Patrick Raftery
Caroline, Sophie Marin-Degor / Cécile de Boever (24,27,28 et 30/12)
Tourillon, Michel Trempont
Le Prince Orlofski, Max Emmanuel Cencic
Alfred, Sébastien Droy
Duparquet, Didier Henry
Blind, Riccardo Cassinelli
Adèle, Jael Azzaretti / Laure Crumière* (24,27,28 et 30/12)
Frosch, Eric Laugérias
Flora, Estelle Danière
Ivan, Daniel Capelle

Orchestre National du Capitole
Chœur du Capitole
Ballet du Capitole

Direction musicale, Günter Neuhold
Toulouse, le 27 décembre 2006

Avec La Chauve-souris en version française le Capitole a choisi pour les fêtes de faire plaisir au public attaché à une certaine tradition, à la fois pour le meilleur et le plus conventionnel. Certes, l’œuvre a pu faire l’objet de lectures iconoclastes, comme naguère à Salzbourg. Rien de tel ici : la mise en scène conçue par le futur directeur de l’Opéra de Monte-Carlo épouse bien le rythme des entrées et sorties qui donne au premier acte sa dynamique de bombe à retardement, mais le décor conçu pour le deuxième acte nuit au déploiement de la fête chez Orlofski en limitant l’espace dévolu au gros de la troupe, et hormis les meubles qui lévitent il n’y a pas de surprise dans la vision proposée. Pas une boutonnière ne manque aux costumes, très soignés et d’époque. En somme, théâtralement parlant, rien de très excitant, d’autant que le choix de la version française fait regretter la version originale, car la prosodie de l’adaptation proposée donne souvent l’impression de peiner à s’accorder à la musique.

Heureusement, musicalement et vocalement, pas de mauvaises surprises, à défaut d’éblouissement. L’orchestre du Capitole est conforme à sa réputation et sous la direction d’un chef d’origine autrichienne, pour qui le répertoire viennois est terrain familier, l’ouverture brille déjà de la complexité d’une musique séduisante où s’allient la sensualité, l’effervescence et l’ironie souriante. L’équilibre entre fosse et plateau est constant, et les chanteurs composent une troupe homogène.

Patrick Raftery, Gaillardin tour à tour grognon et jovial, forme un couple équilibré avec une Cécile de Boever très en voix qui semble trouver du plaisir à se laisser troubler par un Alfred lui aussi en belle forme (et convaincant dans son numéro de ténor à succès) avant une csardas fort réussie au second acte. Laure Crumière, après une entrée un peu décevante, campe une Adèle délurée et bien chantante. Max-Emmanuel Cencic est l’Orlofski blasé prévu par le rôle ; irréprochable de tenue vocale peut-être manque-t-il un peu d’éclat, mais aussi bien peut-on en avoir beaucoup lorsqu’on incarne un personnage épuisé par les excès ? Didier Henry se coule avec aisance dans la peau du vindicatif Duparquet, sans qui rien ne serait arrivé. Michel Trempont, à plusieurs reprises, doit forcer son émission. Au moins son texte est-il clairement compréhensible, ce qui n’est pas toujours le cas de ses partenaires. Estelle Danière, dans le rôle de Flora, habite la scène avec désinvolture, et grâce à sa formation de danseuse donne corps à ce personnage.


Gabriel von Eisenstein : Patrick Raftery / Rosalinde : Sophie Marin-Degor
© Patrice Nin

On sait que l’acte III commence par une scène parlée dévolue au gardien Frosch auquel le comédien Eric Laugiéras donne un relief notable ; les commentaires acidulés sur la société viennoise ont été actualisés et font allusion à l’actualité politique française, du jour, récente ou plus ancienne, et citent un enfant du pays, Claude Nougaro. De même Alfred, incarcéré par quiproquo, lorsqu’il révèle son identité de ténor, mentionne le Capitole. Ces clins d’œil ont eu le succès escompté auprès des spectateurs, qui riaient de bon cœur.

Aussi au rideau final des rappels nombreux ont salué tous les participants, y compris les chœurs et les figurants, attestant de la satisfaction d’un public qui avait probablement trouvé ce qu’il était venu chercher.



Maurice SALLES


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