C O N C E R T S 
 
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PARIS
(Théâtre musical du Châtelet)

(10/01/2002)

 
Récital Renée Fleming - Jean-Yves Thibaudet

Joseph Marx - Richard Strauss - Claude Debussy - Serge Rachmaninov
(Liszt et Debussy au piano seul) 


Photo - Ren*e Fleming

Renée contre les phtisiques 

Après le rendez vous manqué de juin 2000, (annulation du récital et abandon du rôle de Louise), Renée Fleming honore de sa présence le Théâtre du Châtelet plusieurs fois cette année. Première étape : ce récital qui s'est terminé dans une ambiance de concert rock.

Il faut dire que Madame Fleming est très habile dans la programmation de ses récitals. Le deux parties ont démarré chacune avec des mélodies en demi teinte et sensuelles (4 mélodies de Joseph Marx et Les Chansons de Bilitis de Debussy et Louÿs) pour terminer sur des mélodies (4 mélodies de Strauss et 6 mélodies de Rachmaninov) plus lyriques où elle a pu développer jusqu'à plus soif la beauté de son timbre chaud.

Car jeudi soir, Renée Fleming était dans une forme vocale éblouissante. Certes, certains feront d'élégants chichis sur quelques aigus très légèrement blanchis et deux ou trois attaques prises par en dessous et peut être une tendance à sacrifier la netteté du phrasé pour favoriser la beauté du chant (ceci est peut être un peu problématique pour le Debussy). Mais dieu que la voix est belle, pleine et la ligne de chant d'une tenue exemplaire ! Chaque mélodie est traitée comme une véritable aria d'Opéra avec un investissement total de la chanteuse. Cela est particulièrement frappant chez Strauss et Rachmaninov. Ainsi le Leise Lieder et le Ma belle, ne chante plus pour moi étaient tout simplement stupéfiants au point d'imposer un silence total à une salle pourtant bien bruyante (voir plus loin).

Jean-Yves Thibaudet a accompagné Rénée Fleming avec une complicité évidente, son piano étant un support idéal pour mettre en valeur et en relief le travail vocal de la chanteuse.

Mais, comme ce fut le cas à Garnier lors de son premier et mémorable récital parisien, Renée Fleming a gratifie son public d'une véritable troisième partie de concert avec 6 rappels variés (Korngold, Strauss, Rachmaninov, Elligton, et Previn) et tout aussi difficile vocalement (voire plus) que le programme officiel. Elle a semblée d'autant plus libérée des contraintes du programme que tous les petits défauts trouvés ça et là ont disparu et le public s'est littéralement déchaîné.

Un mot sur le public justement : à l'écoute du nombre de raclements de gorges, de reniflements et surtout de toux grasses dès l'arrêt de la musique (mais aussi parfois pendant), on peut s'interroger sur l'opportunité de proposer une relâche des concerts pendant la période hivernale ! Ce fut à la limite du supportable, à tel point qu'un spectatrice hystérique s'est mise à hurler contre les tousseurs à l'entracte. Mais on peut se demander si toutes les toux sont le résultat d'un pathologie virale ou si d'autres n'ont pas tendance à réagir à un réflexe pavloviens (arrêt du son = remontée glaiseuse) [ndlr : lire à ce sujet la critique d'Hélène Mante sur un concert de Philippe Herreweghe à Bruxelles]. A quand une équipe psychologique dans chaque salle de théâtre ?

Pour ne pas finir sur cette note misanthropique, le public a fait aussi preuve d'un très bel enthousiasme pendant les rappels et aurait été prêt à rester la nuit entière avec la diva. Tout le monde a aussi pu rire (ou sourire) à l'arrivée d'un vieux Monsieur, habitué des salles parisiennes avec son bouquet (gros pour la chanteuse, petit pour le pianiste) il ne manquait plus que le panier de fraises des bois !
 
 

Bertrand Bouffartigue
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