C O N C E R T S
 
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NEW-YORK
20/05/2006
 
Joseph Volpe
GALA CELEBRATION
IN HONOR OF JOSEPH VOLPE
En hommage à ses 42 ans de carrière au Metropolitan Opera

Ben Moore
We're Very Concerned
Deborah Voigt
Brian Zeger, piano

Ruslan & Ludmila
Ouverture
Valery Gergiev, Direction

Tannhäuser
Entrée des invités
Metropolitan Opera Chorus
Direction : Peter Schneider

Semiramide
La speranza più soave
Juan Diego Flórez

L'Italiana in Algeri
Viva, viva...Oh che muso
Olga Borodina
Ildar Abdrazakov
David Won

Sorozabal
La Tabernera del Puerto
No puede ser
Plácido Domingo
Direction : Marco Armiliato

Nacio Herb Brown
Je cherche un millionnaire
Frederica von Stade
Brian Zeger, piano

Eugene Onegin
Polonaise
Metropolitan Opera Ballet
Bill Irwin

La Sonnambula
Ah ! Non credea, mirarti...Ah! Non giunge
Natalie Dessay

Le Nozze di Figaro
Vedrò mentr'io sospiro
Dwayne Croft

Kern
Show Boat
Can't help lovin' dat man
Denyce Graves

Il Trovatore
Tacea la notte placida
Renée Fleming
Direction : Patrick Summers

Der Fliegende Holländer
Die Frist ist um
James Morris

Les Troyens
Je vais mourir
Waltraud Meier

Die Meistersinger von Nürnberg
Prize Song
Ben Heppner

Die Tote Stadt
Glück, das mir verblieb (Marietta's Lied)
Kiri Te Kanawa
Direction : Peter Schneider

Hommage vidéo

Die Walküre
Du bist der Lenz
Deborah Voigt
Peter Schneider, Direction

Lara
Granada
Plácido Domingo
Marco Armiliato, Direction

Moore/Troob
The Audience Song
Susan Graham
Patrick Summers, Direction

Lohengrin
Act III Prelude
Metropolitan Opera Orchestra

La Grande-Duchesse de Gérolstein
Ah! que j'aime les militaires!
Stephanie Blythe

Die Tote Stadt
Mein Sehnen, mein Wähnen (Pierrot's Tanzlied)
Thomas Hampson

Faust
Vous qui faites l'endormie
Samuel Ramey
Direction : James Conlon

Cyrano de Bergerac
Je jette avec grâce mon feutre
Roberto Alagna
Direction : Plácido Domingo

Don Carlo
Per me giunto...O Carlo, ascolta
Dmitri Hvorostovsky
Direction : Valery Gergiev

Don Carlo
Ella giammai m'amò
René Pape

La Favorite
O mon Fernand
Dolora Zajick

Cavalleria Rusticana
Hymne de Pâques
Waltraud Meier
Wendy White
Direction : Marco Armiliato

Così Fan Tutte
Ah guarda sorella
Kiri Te Kanawa
Frederica Von Stade

Così Fan Tutte
Soave sia il vento
Renée Fleming
Susan Graham
Thomas Hampson

The Merry Widow
Vilja
Karita Mattila

The Merry Widow
Lippen schweigen
Karita Mattila
Thomas Hampson
Direction : Patrick Summers


J. Strauss
Éljen a Magyar Polka
Metropolitan Opera Ballet
Robert La Fosse, Choreographer

La Clemenza di Tito
Parto, parto
Susan Graham
Anthony McGill, clarinet
Direction : Peter Schneider

L'Elisir d'Amore
Una furtiva lagrima
Ramón Vargas
Plácido Domingo, Direction

Tribute
Mirella Freni

Fidelio
Act II Finale
Karita Mattila
Ben Heppner
René Pape
James Morris
Matthew Polenzani
Rachelle Durkin
Metropolitan Opera Chorus
Peter Schneider, Direction

Ernest Charles
When I have sung my songs [Encore]
Renée Fleming
Patrick Summers, piano

New York, le 20 mai 2006

AMBIANCE FIN DE REGNE


Après 42 années de bons et loyaux services dont 16 en tant que Directeur Général, l’ancien charpentier Joseph Volpe clôt sa dernière saison avec un de ces galas dont le Metropolitan a le secret. Nous reviendrons sur l’étonnante carrière de « Jo » Volpe à l’occasion de la sortie de ses mémoires pour nous consacrer à ce gala.

Un tel concert ne se raconte pas en détail mais comme une suite de moments forts.

Chez les anciens, l’émouvant retour de Kiri Te Kanawa nous vaut un magnifique lied de Marietta, emprunt d’émotion. Le duo de « Cosi » avec l’exquise Frederica von Stade vient nous montrer l’autre facette d’artistes qui savent ne pas se prendre au sérieux : le portrait que contemple amoureusement chacune des deux sœurs se révèle être … une caricature de Jo Volpe !

Von Stade encore, fait un tabac en chaussant les talonnettes de Mistinguett, avec un  hilarant « Je veux un millionnaire » chanté et interprété avec un abattage incomparable et une bonne humeur inentamée.

Autre vétéran, Placido Domingo n’a rien perdu de son engagement, même si les aigus se font de plus en plus rares.

James Morris, enfin, nous rappelle qu’il fut le plus grand Hollandais de sa génération et qu’il a encore de beaux restes !

Le bilan est plus contrasté pour la génération intermédiaire : Zajick fait un triomphe avec une « Favorite » chantée à pleins poumons, aux aigus et aux graves vertigineux ; succès à partager avec le souffleur qui fut ici de grand secours : Dolora chante ici la version française, du moins entre deux trous de mémoire qu’elle comble comme elle peu. Le résultat n’en demeure pas moins impérial. Autre triomphe pour Karita Mattila qui brûle les planches en « Veuve Joyeuse » ou pour Dmitri Hvorostovsky, impressionnant de legato et de maîtrise du souffle, capable de créer en quelques secondes tout un personnage par la seule magie de sa voix (aidé, il est vrai, par la direction amoureuse de Gergiev). Hampson enfin, reste toujours de belle tenue.


L’air du Trouvère de Fleming est assez spécial : une vision très personnelle de Verdi, très belcantiste et plutôt jazzy : Joan Sutherland - tendance - Gershwin, mais avec moitié moins de moyens.

Passons sur l’immense Samuel Ramey, aujourd’hui bien fatigué : son lifting récent n’a eu aucun effet sur son vibrato. Dwayne Croft s’égare en Conte des « Nozze », dont il n’a pas l’ampleur, mais nous offre la version avec variations. Quant à Walraud Meier (et dans une certaine mesure, Deborah Voigt), on regrettera qu’elle ait choisi des extraits qui ne la mettent absolument pas en valeur. On fera le même reproche à Borodina, qui assure le service minimum en « Italienne » aux côtés d’un Abdrazakov assez égaré.

La jeune génération nous rassure sur l’avenir du chant : Natalie Dessay n’est certainement plus la « Somnambule » évanescente de ses premières années, mais la voix et l’interprétation ont gagné en caractérisation et en assurance. Juan Diego Florez met la salle à genoux (c’est une habitude) avec son Ramiro qui lui va, physiquement et vocalement, comme un gant. Graves est particulièrement impressionnante dans l’extrait de « Show Boat » ; on la sent mûre pour les grands rôles russes (Boris, Pimène, …) tant ses graves sont devenus riches et profonds. Stephanie Blythe est époustouflante en Grande Duchesse qu’elle incarne avec une grande drôlerie. Heppner en revanche parait encore fragile : quoique son intervention se passe sans anicroche, on tremble tout au long de son air dans la crainte d’un accident. René Pape est peut-être la plus belle surprise de ce concert : je n’avais pas entendu son Philippe depuis ses premières tentatives à Salzbourg et Paris. L’artiste (du moins autant qu’on puisse en juger par un air unique) semble au zénith de son incarnation vocale tant le rôle est intelligemment travaillé et le chant maîtrisé. Après une « Clémence » absolument remarquable, Susan Graham, s’associe à Thomas Hampson et René Fleming : leur trio de « Cosi » est un moment absolument planant, bouleversant de pure beauté. Alagna chante « Cyrano », accompagné par un autre Cyrano à la baguette : Placido Domingo ; malheureusement, les beautés de cet air peu connu ne sont pas nécessairement accessibles à la première écoute d’autant que Roberto, un peu pressé d’en finir, l’expédie comme une chanson napolitaine. D’une toute autre tenue est le chant de Ramon Vargas, dont « la furtiva lagrima » est un grand moment de bel canto, dans la lignée des Kraus et Pavarotti.

Le ballet du Metropolitan est également de la fête, avec une « Fledermaus » conclusive, mais surtout dans une chorégraphie humoristique sur la polonaise d’Onéguine : durant le ballet, Bill Irwin campe « le jeune Volpe », un mêle-tout incapable de se servir de son marteau et qui s’imagine diriger le changement de décor (de fait, nous avons droit à l’impressionnant remplacement du décor prologue d’Ariane à Naxos par celui du premier acte de Traviata qui émerge du sol) : une réalisation d’une précision et d’un comique visuel parfait (les Marx Brothers revus par Jacques Tati).

Le spectacle comprend également quelques chansons « de situation » assez cocasses et interprétées de manière détendue, au piano, avec un micro.

Seul regret, la défection in extremis de Luciano Pavarotti, d’autant que sa compatriote Mirella Freni, également malade, devra se contenter d’un long discours où elle explique comment Volpe fournissait discrètement des clous tordus aux chanteurs superstitieux (un signe de chance pour les italiens) : histoire sympathique mais malheureusement interminable !

Après une magnifique final de « Fidelio », les participants se retrouvent pour un dernier couplet autour du piano, dans une ambiance de bar de fin de soirée.

Au global, sans atteindre le niveau d’exception de galas comme celui du centenaire ou celui en hommage à Levine, cette soirée reste un moment magique et nous quittons le Met avec un peu de tristesse au cœur : reverrons-nous une telle soirée de si tôt ?



Placido Carrerotti

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