C O N C E R T S 
 
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STRASBOURG
09/03/05
© Alain Kaiser
LA CLEMENZA DI TITO
(La Clémence de Titus)

Christoph Willibad GLUCK

Direction musicale - Michel Capperon
Metteur en scène - Matthew Jocelyn
Assistante - Mariame Clément
Décors - Romaine Fauchère
Costumes - Zaia Koscianski
Lumières - Pierre Peyronnet

Titus - Richard Bousquet
Vitellia - Sofia Kallio
Servilia - Luanda Siqueira
Sextus - Kimy McLaren
Annius - Annie Gill
Publius - Marie Kalinine

Orchestre symphonique de Mulhouse
Nouvelle production

Strasbourg,
Salle de L'Illiade (Illkirch Graffenstaden)
Mercredi 9 mars 2005


 
Une fois de plus, les Jeunes Voix du Rhin se distinguent par un spectacle original, intelligent et réussi. Le choix s'est porté sur Gluck, mais avec un opéra méconnu, digne représentant de l'opera seria du milieu du XVIIIe siècle. 

Alors âgé de 38 ans, Gluck maîtrise à la perfection les canons esthétiques du genre, récitatifs et airs s'enchaînent parfaitement, mais sans surprise, le dramatisme des situations devant davantage au livret de Metastase qu'à la musique. Nous sommes en effet loin des innovations et des splendeurs des opéras français à venir dont Iphigénie en Tauride est sans doute le plus beau fleuron. On notera cependant la beauté de certains airs, dont l'un d'eux (Se mai senti, chanté par Sextus) sera repris justement pour Iphigénie en Tauride (il deviendra le sublime air avec choeur O malheureuse Iphigénie) ou quelques traits d'orchestration particulièrement réussis (dont les fameux ětrémolos gluckiensî signalés par un trait ondulé au-dessus de certaines parties des cordes).

La partition est très exigeante et c'était une gageure que de la confier à une troupe de jeunes chanteurs. Le défi n'en a pas moins été relevé avec talent. Si certains ne sont pas toujours convaincants (le Titus de Richard Bousquet peine quelque peu, sa jeunesse ne l'aidant pas 
non plus à rendre crédible le personnage de l'Empereur) et si d'autres brillent, au contraire, pas leur aisance (remarquable Sextus de Kimy McLaren), il n'en reste pas moins que l'ensemble est d'une belle homogénéité, et ce malgré le remplacement de dernière minute de Luanda Siqueira par Stéphanie Loris pour les arie (Luando Siqueira assurant la partie scénique et les récitatifs).

Dirigé par un Michel Capperon très placide, l'Orchestre de Mulhouse est simplement correct. Le déroulement de l'ouvrage (à numéros) manque ainsi de relief, et l'ennui guette parfois...

A qui revient l'idée de faire parler une partie des récitatifs ? Au chef, au metteur en scène ? Curieux choix en tout cas, certaines phrases (la majorité) sont parlées (en rythme, et avec l'accompagnement du clavecin !), et d'autres sont chantées. D'aucuns pourront trouver que le texte est ainsi mis en valeur, d'autres crieront à la trahison..

Décors et costumes ne cherchent pas à placer l'action dans une époque précise, mais leur aspect assez anodin provoque trop l'indifférence. Heureusement, elle se voit contrebalancée par une scénographie très ingénieuse et une mise en scène dynamique. L'orchestre est placé sur scène, entre deux plateaux reliés par des passerelles. Le plateau arrière est dévolu aux récitatifs, tandis que celui à l'avant voit les personnages s'épancher et se laisser aller à leurs sentiments. L'idée permet une grande variété de mouvements et des déplacements qui confèrent au spectacle une réelle vivacité, laquelle manque parfois à l'interprétation musicale.
 
 

Emmanuel LEPHAY
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