C O N C E R T S
 
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BRUXELLES
23/09/2004

© DR
Récital Thomas Hampson, baryton
Wolfram Rieger, piano

Palais des Beaux-Arts de Bruxelles
le 23 septembre 2004



On ne présente plus Thomas Hampson aux amateurs d'opéra : une des plus belle voix de baryton qu'on puisse rêver, un timbre chaud, riche de toutes les couleurs en même temps, particulièrement homogène, une aisance dans tous les registres de la voix, une diction impeccable, mais aussi un physique impressionnant font de lui un très grand chanteur, dans tous les sens du terme.

Mais il est des qualités qui ne ressortent qu'en récital : la faculté de capter l'attention du public par le texte, l'art de composer un programme cultivé - la soirée est placée sur le thème de la rencontre entre l'Europe et l'Amérique -, hors des sentiers battus, une façon personnelle de le défendre ; c'est le musicien Hampson plus encore que le chanteur qui se sont exprimés ce jeudi soir, à l'invitation du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, associé pour la circonstance au Théâtre de la Monnaie.

Commençant avec audace par quelques lieder de Wolf sur des textes de Möricke, le baryton s'attaque d'emblée au plus difficile : intériorité confrontée à une écriture infiniment complexe dans une forme concentrée à l'extrême, l'art de Wolf, tout en retenue et en nuances, se prête mal à une grande salle, et sans doute aussi à un début de récital. Le discours passe difficilement la rampe, le chanteur est déconcentré, l'auditeur doit aller chercher lui-même dans cette musique touffue quelques moments sublimes. Liszt qui vient ensuite, plus objectif, plus spontané et plus lyrique, convient mieux au chanteur et à son pianiste, il leur donne l'occasion de très belles envolées lyriques.

Après la pose, place à Walt Whitman, dont la poésie élégante et distanciée fut mise en musique par différents compositeurs principalement américains (mais dont l'inspiration reste encore essentiellement rattachée à la culture européenne) réunis ici pour le plus grand plaisir de la découverte. On sent Hampson particulièrement heureux dans ce répertoire, à la fois subtil et généreux dans son interprétation, suivi par un pianiste attentif et précis. Suivent encore quelques "traditionnals" arrangés par Shaw, White ou Copland, cette fois-ci au coeur de l'Amérique profonde. On sort du concert plus cultivé et plus intelligent qu'on y était entré, en contact avec l'essence des choses, au coeur du sujet.

Lors d'une brève rencontre après le concert, Hampson nous parle de la fondation qu'il a créée il y a peu, et dont le but premier est la défense du répertoire du chant, miroir de l'humanité. Il y met beaucoup de passion, une très belle conviction, et, citant Emerson, rappelle au passage quelques vérités indispensables sur le sens de l'art et sa place dans la vie. A consulter sur www.hampsong.com.
 
 

Claude JOTTRAND
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