OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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PARIS
06/10/2007
 
Dmitri Hvorostovsky
© DR



DMITRI HVOROSTOVSKY

Chants russes lithurgiques
Dimitri Bortniansky : Chant de Chérubin
Pavel Nilych Tolstyakov : Venez tous, ceux qui aiment travailler
Alexander Arkhangel'sky : Symbole de la Foi
Pavel Chesnokov : Que ma prière soit exaucée

Airs d’opéras
Rimski-Korsakov : La Fiancée du Tsar, air de Gryaznoy
Tchaikovski : Eugène Onéguine « Une marche après l'autre »
et air d'Onéguine « Vous m'avez écrit »
La dame de pique « Nous allons boire et nous réjouir » et air de Yeletski

Chants populaires russes
Orchestre The Style of Five

Shishkin, La nuit est claire - Fomine, Seulement une fois - Bulakhov, Continue à briller ô mon étoile - Stetsuk, pot-pourri de chansons populaires – Pakhumtova/Grebennikov, Tendresse - Dobronravov, Comme nous étions jeunes - Gorodovskaya, À la mémoire d’Esenin - Babadzhanian/ Yevtushenko, Ne sois pas pressé – Babadzhanian/ Rozhdestvensky, Je te suis reconnaissant.

Orchestre de chambre de Moscou
Direction, Constantine Orbelian

Choeur d'État de Moscou
Chef de Chœur, Victor S. Popov
 
Dmitri Hvorostovsky : baryton

Paris, Salle Pleyel, le 6 octobre 2007 à 20h

Étoile des neiges


Né en Sibérie à Krasnoïarsk, le baryton Dmitri Hvorostovsky est une grande étoile internationale. Durant ce concert en deux tranches disjointes, il a démontré sa capacité à concurrencer avec panache notre cher Roberto Alagna — ratissant aussi large que lui dans les répertoires de sa langue maternelle. En effet, le fameux air « Les soirs de Moscou » (devenu en français « Le temps du muguet »), chanté en bis, vaut bien notre « Petit papa Noël » !

Pour commencer, le chœur exécute le « Chant de Chérubin » du compositeur ukrainien Bortniansky (1751-1825) qui fut directeur de la Chapelle impériale. L’église russe interdisant jusqu’à aujourd’hui la participation des instruments, c’est avec la solennité et la richesse requises par les fastes orthodoxes, que les voix a capella s’y substituent. Les choristes de l’excellent Chœur d’État de Moscou sont tous vêtus de noir avec rehauts de blancs. Deux camails superposés — le blanc sous le noir, mais le dépassant nettement — ainsi que de longues manchettes assorties complètent les robes des femmes qui leur vont jusqu’aux pieds. On a un peu l’impression d’avoir sous les yeux des orgues à forme humaine. En effet, c’est d’un seul poumon, que ce chœur tout entier respire pour délivrer, par ses diverses voix, un chant aux aigus métalliques et aux graves abyssaux. Pour les trois pièces suivantes « Venez tous, ceux qui aiment travailler », « Symbole de la Foi » et « Que ma prière soit exaucée », Hvorostovsky, en chemise blanche ouverte et pantalon noir moulant, renforce avec ardeur, les appels du chœur, psalmodiés avec parfois une certaine rudesse dans les attaques.

Vient ensuite la phase la plus intéressante de la soirée pour les amateurs d’opéras russes. Une fois l’Orchestre de Chambre de Moscou et une partie du chœur installés sur scène, Hvorostovsky déploie à nouveau son charme. Il commence par l’aria de Gryaznoï dans La fiancée du tsar qui déclenche une première salve avant les deux sommets à venir : l’aria d’Eugène Onéguine « Vous m’avez écrit » et celle de Yeletski de la Dame de pique. À part une tension perceptible aux deux extrêmes de sa tessiture où l’on s’aperçoit qu’il peine un peu, le baryton se montre à l’aise et convaincant. Le timbre est agréable, la voix est bien projetée. Il est capable de longues notes tenues d’une grande puissance. Orbelian obtient la plupart du temps un bel équilibre entre voix et instruments. Ce n’est que dans le passage plus intime d’Onéguine que cet excellent orchestre sonne un peu trop fort.

Après l’entracte, changement radical. Accompagné par une formation pétersbourgeoise, The Style of Five (C’est tout dire !), qui comprend synthétiseur, accordéon, mandoline et balalaïka, apparaît un Hvorostovsky crooner slave, armé d’un micro. Une ample chemise noire met encore plus en valeur sa chevelure argent encadrant son visage juvénile aux traits réguliers et aux pommettes hautes. À en juger, par une évidente satisfaction dans les rangs, une grande partie du public est venu à la Salle Pleyel pour entendre ces chansons populaires aux titres évocateurs : Seulement une fois, Comme nous étions jeunes, Ne sois pas pressé, Je te suis reconnaissant...

Heureusement, après deux premier bis en forme de rengaine des steppes, le beau Dmitri, faisant fi du microphone et de tout accompagnement, emporte tous les cœurs après soi, avec un dernier chant a capella d’une douceur infinie.



Brigitte CORMIER
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