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NANCY

17/02/2002

 
Jakob Lenz
Wolfgang Rihm

Direction musicale : Olivier Dejours
Mise en scène : Michel Deutsch
Décors et costumes : Roland Deville
Lumières : Hervé Audibert

Lenz : Johannes Kosters
Oberlin : Gregory Reinhart
Kaufmann : Ian Caley


Laurent Spielmann, le nouveau directeur de l'opéra de Nancy et de Lorraine, ne manque ni d'idées (lire son interview dans Répertoire du mois de février), ni d'audace. Il le prouve en mettant à l'affiche Jakob Lenz, opéra de chambre de Wolfgang Rihm créé à Hambourg en 1979 et dont il avait proposé la création française au festival Musica de Strasbourg en 1993 dans cette même production.

L'oeuvre met en scène les obsessions et la démence du poète Jakob Lenz, ami de Goethe et auteur des Soldats. Son histoire inspira à Büchner un drame dont s'est inspiré le librettiste de cet opéra de chambre en treize tableaux pour trois solistes, onze instruments, six choristes et deux voix d'enfants. La partition ne se signale dans le panorama contemporain ni par une grande originalité, ni par un pouvoir expressif particulier. On peut cependant s'intéresser à la coexistence de formes traditionnelles avec l'expressionnisme le plus exacerbé, ce qui est insuffisant toutefois pour éviter un sentiment de monotonie regrettable pour une oeuvre aussi courte (1h15 environ).

La mise en scène minimaliste de Michel Deutsch s'inscrit dans un cadre des plus dépouillés (un lit et un baquet pour tout décor) avec des lumières à cru. Si l'on peut saluer la précision du travail d'acteurs, il faut constater que le parti pris de simplicité de cette production n'aide guère à saisir les intentions du livret. Heureusement les trois chanteurs s'investissent sans restriction et l'on ne peut qu'être admiratif devant la composition hallucinée de Johannes Kosters, spécialiste du répertoire contemporain et des oeuvres de Rihm, aussi impressionnant scéniquement que vocalement, dans un rôle qui sollicite les deux extrêmes de la tessiture.

On peut se demander si une telle oeuvre à des chances de s'imposer durablement sur des scènes qui ne sont ni germanophones, ni imprégnées de culture allemande. La réaction du public nancéien, déjà clairsemé au lever du rideau, permet d'en douter : les défections ont commencé dès le 3e tableau et l'accueil final, derrière une politesse de forme, s'est révélé assez froid.
 


Vincent Deloge

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