C O N C E R T S
 
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NICE
06/02/2004

Marco Guidarini
© DR
SAISON SYMPHONIQUE A L'OPÉRA DE NICE

Gustav MAHLER

Symphonie n°3

sur des textes de Friedrich Nietzsche
et des paroles du Des Knaben Wunderhorn

Direction Marco Guidarini
Mezzo-soprano : Katya Lytting

Orchestre Philharmonique de Nice

Choeur de Femmes de l'Opéra de Nice
Choeur Philarmonique de Nice
Direction : Giulio Magnanini

Choeur d'Enfants de l'Opéra de Nice
Chef du Choeur : Philippe Négrel

Vendredi 6 février 2004



La plus longue, la plus difficile des symphonies de Mahler. Six mouvements, le septième initialement prévu deviendra plus tard le finale de... la Quatrième, pour un hymne à la nature, à un monde de paix (formidablement recréé par l'utilisation des cors) ou pour une fois toute idée de la mort est bannie. Si le thème de la résurrection est sous-jacent, y voir donc celui de la nature : ici l'espèce ne peut disparaître. L'humain oui. Ce n'est pas pour rien que l'évolutionnisme du XIXè siècle trouvera dans cette Troisième Symphonie, non sans raison, sa traduction musicale.

On connaît la passion de Marco Guidarini pour le répertoire allemand. Le chef gênois rejoint en ce sens ses concitoyens Abbado, Sinopoli voire Muti (mais ce dernier à force de vouloir tout diriger ne se serait-il pas un peu éparpillé ?).

Soucieux de tout faire entendre, avec une précision presque scientifique, la fidélité au texte confine avec le maestro à l'objectivité absolue. Dans l'obscurité angoissée des épisodes qui dépeignent la nature gémissant sous les rigueurs de l'hiver autant que dans la liesse déchaînée des marches militaires (on atteint alors à une sorte de jouissive démence à la fin de la réexposition), le ton sonne juste.

Les mouvements, si fortement contrastés, se succèdent avec une logique implacable et un naturel qui révèlent le mahlérien non seulement de conviction mais aussi de race. 
Un puissant souffle visionnaire soulève et transfigure l'ensemble : finesse des timbres, équilibre des plans, puissance des masses sonores. Tout vit, tout respire, tout brûle avec une intensité à laquelle il est difficile de résister.

Avec le Scherzo, on retrouve l'émerveillement du compositeur enfant devant la nature, ainsi que la truculence des voix animales, puis, plus tard, l'adulte saisi par la nostalgie dans le divin solo de posthorn. Les passages rapides respirent l'entrain, la vie et la fraîcheur surtout dans le cortège qui célèbre l'arrivée du printemps.

Dans les deux mouvement vocaux, Katja Lytting, puis Les Choeurs d'Enfants et de Femmes de l'Opéra de Nice s'intègrent avec art et pertinence au tableau symphonique.
La mezzo-soprano suédoise trouve de plus avec le violon adamantin de Vera Brodmann-Novakova un dialogue, une complicité, un écrin musical rares.

Le Finale plein de recueillement mystique et de profondeur couronne l'ensemble. Il rayonne, resplendit avec une pureté, une simplicité qui n'appartient qu'aux grands, grâce à un phrasé sans affectation, sans effets faciles, grâce surtout à un engagement total de tous. Un grand moment de vérité mahlérienne qui a conquis un Opéra de Nice bourré à craquer et d'un enthousiasme communicatif.
 
 
 

Christian COLOMBEAU
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