C O N C E R T S
 
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MONTREAL

08/01/2001

 
Nabucco
Giuseppe VERDI

Orchestre Métropolitain de Montréal
Les Choeurs de l'Opéra de Montréal
Direction Christian Badea

Mise en scène : Robert Tannenbaum
Décors : Claude Girard
Costumes : Malabar

Nabucco : Gaetan Laperrière
Abigaille : Susan Neves
Zaccaria : Stefan Szkafarowsky
Fenena : Michelle Sutton
Ismaele : Louis Langelier
Anna : Anne Saint-Denis
Abdallo : Robert Robitaille
Le Grand Prêtre : Alain Coulombe

 


Lorsque l'Opéra de Montréal avait donné Nabucco en 1992, je n'avais conservé que le souvenir de la belle prestation de Linda Roark-Strummer dans le rôle d'Abigaille. Pourtant la soirée m'avait semblé longue. Pour la reprise de cette année, la publicité laissait croire que l'Opéra de Montréal allait y mettre le paquet. Or, dans l'ensemble, ce fut une déception et le public présent à la troisième représentation ne s'y est pas trompé ; après le premier acte et davantage encore après le deuxième, plusieurs personnes ont quitté la salle. C'est pourtant aux troisième et quatrième actes regroupés que les choses se sont légèrement améliorées et qu'on a commencé à ressentir un peu d'émotion.

Du côté des chanteurs, la soprano dramatique américaine Susan Neves domine le plateau d'une voix somptueuse et d'un timbre magnifique ; si elle n'investit pas beaucoup dans le rôle d'Abigaille, c'est quand même elle qui donne le plus de caractère au personnage qu'elle incarne ; c'est tout dire. Gaetan Laperrière se définit comme un baryton Verdi, ce qu'il est sans doute, mais sa voix est mal projetée. En plus d'être incapable d'exprimer les divers états d'âme de Nabucco, son jeu reste figé et mal orienté. Stefan Szkafarowsky dans Zaccaria manque totalement d'ampleur et de noblesse. Sa voix bouge beaucoup et manque carrément d'homogénéité. Dans son cas, l'investissement dramatique est tellement pitoyable qu'on se demande s'il saisit l'importance du personnage qu'il est sensé incarner. Michelle Sutton est faible de voix et de jeu. On l'entend à peine dans les moments où elle chante seule et pas du tout dans les ensembles. Quant à Louis Langelier, il bêle son Ismaele tout au long de la soirée.

Des costumes d'un goût douteux, des décors faits de hautes portes brunes sur la droite avec, en fond de scène, de grandes tapisseries au premier acte et de larges écrans dans les autres, ne contribuent en rien à rendre intéressante la qualité visuelle du spectacle.

Le véritable intérêt de cette représentation réside dans la direction lumineuse de Christian Badea et dans la préparation des choeurs. C'est l'Orchestre Symphonique de Montréal qu'on retrouve habituellement dans la fosse, mais pour l'occasion, l'Orchestre Métropolitain, le deuxième en importance à Montréal, a joué aussi bien que l'OSM dans ses meilleurs moments. Les sonorités que Badea en tire, particulièrement chez les vents, sont la véritable surprise de la soirée. Comme toujours, les Choeurs de l'Opéra de Montréal font honneur à leur réputation. C'est dans leur prestation qu'on retrouve des moments d'émotion et comme les choeurs sont omniprésents dans Nabucco, en particulier dans les deux derniers actes, on peut affirmer, qu'avec l'orchestre, ils sauvent la soirée d'un ennui total.

Du côté de la mise en scène, on reste pantois. Les choristes bougent sur scène sans raison, à l'image des principaux protagonistes qui, tout au long de l'opéra, sont projetés au sol et à qui on n'a pas enseigné l'art de tomber. Zaccaria, retenus par deux soldats, est rossé de la plus ridicule façon au troisième acte (on aurait cru voir une scène d'un film de gansters et dans mon coin de salle, on se tordait). Pour le reste, les chanteurs sont laissés à eux-mêmes et lorsqu'il y a foule sur scène, on les perd parfois de vue. Si on arrive à les repérer c'est grâce à des éclairages braqués sur eux. Tout cela gêne considérablement l'attention et n'aide en rien à relever le niveau d'une production qui, scéniquement, manque complètement d'imagination.

L'Opéra de Montréal a voulu célébrer le centenaire de la mort de Verdi avec cette reprise de Nabucco, mais le compositeur a plutôt été mal servi par une distribution qui, à l'exception de Neves, n'a pas montré beaucoup d'enthousiasme pour l'oeuvre. S'il nous reste en mémoire la vigueur et l'époustouflante beauté de certaines mélodies, cela ne suffit pas à dissiper l'ennui souvent ressenti pendant la soirée.
 
 

Réal BOUCHER
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