C O N C E R T S
 
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RENNES
11/02/2007
 
Nelly Miricioiu © DR
Giuseppe Verdi (1813-1901)

NABUCCO
 
Drame lyrique en quatre partie,
sur un livret de Temistocle Solera,
créé le 9 mars 1842 à la Scala de Milan

Représentations en version de concert

Direction Musicale : Claude Schnitzler

Nabucco : Joo Il Choi
Abigaille : Nelly Miricioiu
Zaccaria : Gregor Rozycki
Fenena : Laura Brioli
Ismaele : Arturo Valencia Rodriguez
Anna : Angelina Ruzaffante
Abdallo : Jean-Jacques L’Anthoen
Le Grand-Prêtre de Baal : Gabor Bretz

Chœurs de l’Opéra de Rennes (direction Gildas Pungier)
et de l’Angers Nantes Opéra (direction Goulven Airault)
Harmonie Municipale de Rennes
Orchestre de Bretagne

Rennes, Opéra, le 11 février 2007

Viva Abigaille !


Nelly Miricioiu en rêvait, l’Opéra de Rennes a exaucé son souhait : lui faire chanter Abigaille. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la soprano roumaine sert admirablement ce rôle difficile, sur lequel tant d’autres se sont cassées les dents. On passera bien vite sur quelques graves durs et détimbrés, pour se pâmer, comme il se doit, devant cette maîtrise des vocalises, cette facilité dans les aigus, cette capacité à soumettre la moindre inflexion du chant au service d’une incarnation dramatique simplement bluffante, de celles qui se passent de mise en scène. Après trente ans de carrière, Miricioiu a offert au public une nouvelle démonstration de son immense talent, et une Abigaille de première classe !

Autour d’elle, se sont encore les femmes que l’on remarque le plus, la remarquable Angelina Ruzzafante, de toute évidence sous-distribuée dans le rôle d’Anna, et la belle Fenena, touchante d’expression et somptueuse de timbre, de Laura Brioli. Du côté des hommes, on appréciera la conviction de Gabor Bretz et de Jean-Jacques L’Anthoen, respectivement Grand-Prêtre et Abdallo. On applaudira aussi Gregor Rozycki, à son aise dans toute la tessiture de Zaccaria, même si bien d’autres titulaires auraient su être plus impressionnants dans la prophétie du III. On restera de marbre, en revanche, face à l’Ismaele d’Arturo Valencia Rodriguez, petite voix ingrate, et surtout on serrera les dents face au Nabucco de Joo Il Choi, dont l’engagement indéniablement magnétique est déparé par un timbre hétérogène, un chant très raide, et une émission nasale.

Malgré toutes ces réserves, force est de constater que l’équipe est soudée, que le choix d’une version concertante, ici, n’empêche pas le bon déroulement d’un drame qui conserve toute sa cohérence. Claude Schnitzler, créant des tensions dramatiques du meilleur effet, attisant son orchestre dans des cabalettes qui n’auront jamais semblé si ardentes et instaurant à chaque instant un excellent rapport entre les voix et les instruments, apparaît alors comme le grand médiateur de la soirée. On peut trop souvent regretter de voir confier les opéras de Verdi à de simples batteurs de mesure. Cette fois, ça n’aura pas été le cas !



Clément TAILLIA

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