C O N C E R T S
 
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LYON
03/07/2007
 
Stefano Di Fraia
© DR

NAPLES, ENTRE COURS ET JARDINS

Villanelles, cantates et chansons populaires
(anonymes, Ferro, Cimarosa, Fago, Faggioli, Willaert, Lasso, Nola)
 
Choeur du Concert de l’Hostel Dieu
Hugo Peraldo

Ensemble Anima e Corde
Stefano di Fraia, baryton
Wally Pituello, violoncelle
Nicolas Muzy, guitare et théorbe
Benoit Poly, percussions
Francl-Emmanuel Comte, clavecin et orgue

Lyon, Théâtre du Lycée Saint-Marc le 03 juillet 2007

Gourmand

Antipasti
Chansons harmonisées pour chœur à quatre voix
Primo piatto
Chansons & cantates
Secondo piatto
Chansons harmonisées pour voix soliste & chœur
Dolci
Bis

Gourmands ; gourmets ; jouisseurs ; épicuriens ; petits mangeurs et hercules de foire ; adeptes d’ambiances feutrées et public de trattoria bruyantes, tout le monde a dû trouver son compte au concert de clôture de la saison du Concert de l’Hostel-Dieu.

Une soirée riche de saveurs et de couleurs, d’arômes puissants et inondée de chianti. A peine acidulé, un peu décadent comme balayé des ombres croisées de Boccace et de Pasolini ; un peu fellinien aussi et raisonnablement démesuré. Si j’étais attaché de presse, publicitaire ou quelque chose d’approchant j’aurais pu titrer : « toute l’Italie dans un concert ».

Toute l’Italie parce que l’on va, ici, bien au-delà de la stricte inspiration napolitaine même s’il flotte, sur quelque morceau, le souffle chargé de soufre du Vésuve ; un peu de la baie de Capri aussi. Toute l’Italie qui, depuis Dante – et sans doute avant – rit et pleure avec une sorte de plaisir coupable et presque léger ; comme un Viennois sourit… Il doit y avoir un déterminisme génétique…

Une Italie bruissante ; bruyante. Une Italie qui cultive une espèce de troisième ou quatrième degré finement structuré, comme un fruit qui explose en bouche, gorgé d’un jus que l’on ne découvre qu’en l’avalant. Gai à l’œil et un peu plus… Une apparence et tout ce qui vient ensuite.

On aime ! On aime la manière de jouer de rien, de quelques ficelles musicales – Cimarosa au clavecin, guitare et violoncelle, ça vous a un air plus goldonien que nature ! Décalé. Juste puissant. On aime la voix sans miracles de Stefano di Fraia qui, justement, fait miracle de sa presque « banalité » (les guillemets ne sont pas trop !) Di Fraia qui module son – peu de – volume comme une vieille dame essoufflée distille un conte désuet ! Di Fraia qui sculpte, taille, polit un texte dont on ne comprend rien – dialecte oblige – mais que l’on semble avoir toujours entendu ; comme une petite musique qui coulerait en nous ; un rien de métempsycose !

On aime l’accompagnement qui joue sur toute la gamme : des affects, des tons et des dynamiques. On aime le dodelinement plein de contentement de Franck-Emmanuel Comte – qui lui aussi, distille avec humour et talent les mirages de cette langue à laquelle on reste suspendu ! On aime le regard égrillard et politiquement incorrect de la violoncelliste qui – elle seule – comprend les insanités de la Cinerella. On aime le tourbillon, la furia, le ressac des tarentelles…

On aime, surtout, la direction de chœur de Hugo Peraldo, qui détaille les belles polyphonies de Lasso, Nola et Willaert, en ouverture et en fermeture de concert. Peraldo qui cisèle sur une gamme presque friable, fragile des pièces nostalgiques et fines ; qui joue la carte de l’humanité et de l’humour – ce qui n’est pas, d’ailleurs, complètement incompatible. On aime ; on aime ; on…

On en redemande parce que l’on n’est sorti de table sans être écœuré. Et ça, ça c’est un très bon signe.


Benoît BERGER

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