C O N C E R T S 
 
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MONTREAL
30/09/03

Irina Rubtsova 
© OSM
EUGENE ONEGUINE

Scènes lyriques en trois actes et sept tableaux 
de Piotr Ilitch Tchaïkovski

Livret du compositeur et de Constantin Chilovski
D'après le roman d'Alexandre Pouchkine

Marina Shaguch : Tatiana
Nikola Mijailovich : Eugène Onéguine
Irina Rubtsva : Madame Larina
Mikhaïl Gubsky : Lenski
Mikhaïl Kazakov : Le prince Grémine
Angelina Schvachka : Olga
Alexandra Durseneva : la nourrice
Pascal Mondieig : Monsieur Triquet
Clermont Tremblay : Le Lieutenant
Taras Kulish : Zaretski

Choeur de l'OSM
Iwan Edwards, chef de choeur

Orchestre Symphonique de Montréal
Alexander Vedernikov, direction

Salle Wilfrid-Pelletier, Montréal
Mardi 30 septembre 2003



La Russie serait-elle à nouveau fréquentable et "tendance" ? Après la saison russe du Théâtre du Châtelet à Paris, c'est en effet avec Tchaïkovski que l'Orchestre Symphonique de Montréal (toujours à la recherche depuis plus d'un an d'un hypothétique successeur à Charles Dutoit) a décidé d'ouvrir sa saison 2003/2004. Après un concert d'ouverture avec Dmitri Hvorostovsky puis un Premier Concerto pour Piano, la salle Wilfrid-Pelletier accueillait un Eugène Onéguine "made in Bolchoï" donné en version de concert. C'était l'occasion pour l'illustre théâtre moscovite de prouver qu'il a encore quelques beaux restes à présenter sur les scènes internationales. 


Marina Shaguch 
© OSM

Marina Shaguch, sans doute la plus connue des artistes réunis pour cette soirée, livre une interprétation très convaincante du rôle de Tatiana. Malgré un physique que d'aucuns jugeraient difficile, son engagement dramatique nous transporte et nous plonge dans une version semi-scénique qui nous fait oublier les quelques graves escamotés dans la scène de la lettre pour ne retenir qu'une très émouvante scène finale. Reste qu'avec la même robe du début jusqu'à la fin, on ne comprend guère ce qui différencie Tatiana de la princesse Grémine : qui dit version concert ne dit pas forcément version cheap ! En face d'elle, Nikola Mijailovic a le parfait physique du "froid dandy aux allures mondaines", alla Thomas Hampson; hélas, la comparaison avec le baryton américain s'arrête là : la voix sonne désespérément creuse et présente des scories précoces tout le long de la tessiture, ce qui rend ses interventions assez pénibles. Ses partenaires font heureusement mieux, à commencer par Mikjail Gubski qui, après des débuts un peu "gras", offre une incarnation sobre et introspective du personnage de Lenski. Mikhail Kazakov en Prince Grémine démontre quant à lui que le renouvellement des grandes basses nobles russes est assuré et l'on ne peut que s'en réjouir ! Souvent distribué à des mezzos en fin de carrière, le rôle de la mère Larina est magnifiquement tenu par Irina Rubtsova : avec une couleur de voix riche et homogène, cette chanteuse mérite certainement de se produire ailleurs que dans les festivals d'Okhrid, Bakou, Almaty, Achgabant et Kazan (1). En dépit d'un timbre agréable, Angelina Schvachka campe une Olga un peu trop sage, sinon retenue. Espérons enfin que la prestation de Pascal Mondieig (estimable Monostatos l'an dernier à l'Opéra de Montréal), inaudible ce soir dès le 8ème rang de parterre, ne soit due qu'à une méforme passagère.

Sous la baguette d'Alexander Vedernikov, l'OSM a parfois du mal à réprimer ses élans fougueux et romantiques, couvrant ainsi allègrement les solistes, notamment dans la scène de la lettre : à ce jeu, si les cordes s'en tirent magnifiquement par des couleurs chatoyantes du plus bel effet, les approximations des vents (en particulier au début du 2ème acte) sont, en revanche, difficilement acceptables.
 
 

Rémi Bourdot

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(1) Pour les lyricophiles non spécialistes de la géopolitique du Caucase, le programme (accessoire sans lequel les critiques "officiels" paniqués ne sauraient briller dans les salons)  précise que ces festivals se tiennent respectivement en Macédoine, en Azerbaïdjan, au Kazakhstan, au Turkménistan, et au Tatarstan ! 
C'est fou ce qu'on se cultive en allant à l'opéra....

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