OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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TOULOUSE
10/12/2007
 
Sandrine Piau
© Antoine le Grand


Concert Evocation

Sandrine PIAU, soprano
Susan MANOFF, piano



Programme

Ernest CHAUSSON (1855-1899)
Hébé, op.2 n°6, poème de Louise Ackermann
Le Charme, op.2 n°2, poème d’Armand Sylvestre
Sérénade, op.13, poème de Jean Lahor
Le colibri, op.2 n°7, poème de Leconte de Lisle

Richard STRAUSS (1864-1949)
Mädchenbllumen, op.22
Quatre poèmes de Felix Dahn

Johannes BRAHMS (1833-1897)
Sechs Klavierstücke, op.118
Allegro non assai ma molto appassionato
Andante teneramente

Claude DEBUSSY (1862-1918)
Nuit d’étoiles, poème de Théodore de Banville
Romance, poème de Paul Bourget
Zéphyr, poème d’André Girod
Fleur des blés, poème de Théodore de Banville

Alexander von ZEMLINSKY (1871-1942)
Liebe und Frühling, poème de August von Fallersleben
Das Rosenband, poème de Friedrich Klopstock
Frühlingslied, poème de Heinrich Heine
Wandl’ich im Wald des Abends, poème de Heinrich Heine

Vier Balladen (pour piano)
Intermezzo
Albumblatt

Charles KOECHLIN (1867-1950)
Sept chansons pour Gladys, op.151

Arnold SCHOENBERG (1874-1951)
Quatre lieder, op.2
Erwartung, poème de Richard Dehmel
Schenk mir deinen goldenen Kamm, poème de Richard Dehmel
Erhebung, poème de Richard Dehmel
Waldsonne, poème de Johannes Schlaf

Toulouse, Théâtre du Capitole, 10 décembre 2007

Evocations...


Quand on aime Sandrine Piau, comme c’est notre cas, le programme de ce concert donne le sourire tant il lui ressemble. Les œuvres rassemblées lui permettent d’exprimer la sensibilité frémissante qui fait son charme. Elles ont celui de la musique composée pour la plupart à l’orée du XX°siècle, lorsque la caducité des repères sociaux traditionnels liée à l’expansion industrielle et coloniale entraîne une surenchère de raffinement dans l’analyse des sentiments individuels parfois présentée comme une décadence. Accompagnant des poèmes qui évoquent des états fugaces - nostalgies, aspirations, souvenirs - et des correspondances entre les paysages intérieurs et la nature environnante, la musique exprime la recherche d’un accord souvent menacé et toujours fragile, comme nos certitudes et nos sentiments, surtout lorsque c’est d’un autre que dépend notre bonheur, la fusion toujours à venir.

Sans doute certains regretteront que les climats soient voisins et parleront de monotonie ; mais en renonçant aux couleurs vives et contrastées la chanteuse et la pianiste tissent des napperons diaprés qu’on aurait pu voir chez madame Verdurin et qui ont la minutie des toiles de Burney Jones. Liées par une entente symbiotique les deux artistes communiquent avec la plus exacte netteté toute la charge émotionnelle de ces morceaux choisis et en restituent très exactement la préciosité et/ou l’élan. Que ce soit le perlé du toucher de Susan Manoff ou le contrôle de l’émission par Sandrine Piau, l’impression produite est celle d’un merveilleux équilibre, relevant plus de la magie que de la technique, ce qui est bien le comble de l’art. Mais il arrive que le texte soit à la limite de l’intelligible. Pourtant ce désagrément ne parvient pas à offusquer le plaisir subtil qui se dégage de ce duo et de son programme.

Ayant tout aimé, nous aurions du mal à privilégier telle ou telle œuvre ; disons que nous avons apprécié particulièrement les lieder de Zemlinsky, Koechlin et Schoenberg, plus rares.

Pour remercier le public deux bis : « Beau soir » de Debussy et « La reine de cœur » de Poulenc, et le beau sourire des deux artistes. Susan Manoff, quant à elle, a brillé dans les deux intermèdes pour piano consacrés à Brahms, un peu trop sonore à notre avis, et à Zemlinsky, et tout au long du concert a été non un faire-valoir mais une partenaire à part entière.


Maurice Salles

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