Don Quichotte

Commençons par saluer l'Opéra Théâtre de Metz, plus ancienne maison d'opéra en activité en France, qui fêtera cette année son 250ème anniversaire, ainsi que la politique menée depuis plusieurs années par sa directrice, Danielle Ory, consistant à proposer de nombreuses prises de rôle à de jeunes chanteurs français. C'est encore le cas avec ce Don Quichotte présenté en ouverture de saison. Nicolas Cavallier y campe un Don Quichotte poétique et lunaire, inhabituellement jeune, très satisfaisant sur le plan vocal. A ses côtés, Franck Ferrari est un Sancho sonore, dans la meilleure tradition française. Mais c'est Marie-Ange Todorovitch qui enlève les coeurs avec une belle voix de mezzo admirablement conduite et une grande aisance scénique. Elle triomphe des embûches de son air d'entrée avant de nous livrer un Lorsque le temps d'amour a fui admirable de timbre et de nuances. Nous sommes loin ici de la Dulcinée de Cervantès mais c'est le compositeur qui l'a voulu ainsi. A la baguette, Pascal Verrot nous offre une lecture colorée et contrastée de l'oeuvre. Il se montre en permanence très attentif aux chanteurs et sait rendre justice aux trésors d'imagination mélodique que contient la partition. L'aspect visuel est moins enthousiasmant car la mise en scène de Danielle Ory, prisonnière d'un décor naïf et plutôt maladroit, peine à s'écarter de la convention. La seule invention réside dans ces échassiers qui symbolisent les moulins et nous entraînent à la fin du 2ème acte dans un étonnant ballet onirique. A l'arrivée, un spectacle agréable qui lance bien la nouvelle saison en Lorraine.

Vincent Deloge