C O N C E R T S
 
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PARIS
13/11/2006
  
© DR

SAISON MUSICALE 2006-2007 DU MUSEE DE L’ARMÉE
EN L’HÔTEL NATIONAL DES INVALIDES

En partenariat artistique avec le Concours International
Duo Chant-Piano Nadia et Lili Boulanger

Récital des Lauréats 2005

Nathalie GAUDEFROY, soprano
Eidert BEEFTINK, piano


Alban BERG (1885 – 1935) 
Sieben Früher Lieder :
Nacht – Schilflied – Die Nachtigall – Traumgekrönt
Im Zimmer – Liebesode – Sommertage

Hugo WOLF (1860 – 1903)
Mörike Lieder :
Nixe Binsefuss – Elfenlied
Nimmersatte Liebe – Storchenbotschaft


Claude DEBUSSY (1862 – 1918) 
Quatre chansons de jeunesse :
Pantomime – Clair de Lune – Pierrot – Apparition

Lili BOULANGER  (1893 – 1918) 
Clairières dans le Ciel (Francis Jammes)
Elle était descendue – Elle est gravement gaie
Vous m’avez regardée – Deux ancolies

Francis POULENC (1899 – 1963)
Fiançailles pour rire (Louise de Vilmorin)
La Dame d’André – Dans l’Herbe – Il vole
Mon cadavre est doux  comme un gant – Violon – Fleurs

Métamorphoses (Louise de Vilmorin)
Reine des mouettes – C’est ainsi que tu es – Paganini

Lundi 13 novembre 2006
Grand Salon


UN DUO PROMETTEUR


On avait déjà fait la connaissance, grâce au journal « Classica, » de ces deux formidables lauréats du concours international Nadia et Lili Boulanger (*) pour l’année 2005. La lecture d’une interview et surtout l’écoute du disque joint au numéro de juillet/août 2006 nous avaient paru particulièrement intéressants. Indiscutablement, Nathalie Gaudefroy semblait posséder des qualités vocales et interprétatives, un style, une précision, une musicalité, somme toute assez rares chez les jeunes chanteurs, du moins dans le répertoire fort exigeant du lied et de la mélodie.

C’est donc avec beaucoup d’intérêt et de curiosité que nous attendions ce concert donné dans le Grand Salon de l’Hôtel des Invalides, dans le cadre d’un partenariat avec ce célèbre concours. Il convient de rappeler que la jeune soprano et son talentueux pianiste avaient obtenu haut la main le premier prix de chant pour elle, le premier prix de piano pour lui, et, fait plutôt rare, que le premier prix de duo piano/chant leur avait également été attribué.

Et globalement, nous ne fûmes pas déçus du résultat, car les plus grandes réussites de ce programme fort ambitieux furent les lieder de Wolf, réputés pour être ô combien périlleux, et les mélodies de Lili Boulanger et Francis Poulenc, qu’on aimerait bien entendre plus souvent en France.

D’emblée, c’est dans les « Sieben Fruhe Lieder » que, cependant, Nathalie Gaudefroy paraît le moins à l’aise. On peut d’ailleurs s’interroger sur un tel choix pour une voix comme la sienne, visiblement trop légère pour ce cycle qui, même accompagné au piano, réclame une rondeur, une plénitude de son sur toute la tessiture assez redoutables. Car, si les aigus de Nathalie Gaudefroy sont triomphants et très purs, le médium est en revanche plutôt mince, les graves difficiles, voire à peine audibles parfois, et le piano grand ouvert ne l’aide guère.

Les mélodies de Debussy et de Lili Boulanger sont interprétées avec un goût très sûr et une excellente diction, mais c’est dans celles de Francis Poulenc que le charme un brin acidulé et le timbre frais et cristallin de l’artiste la montrent, dans cette seconde partie, sous son meilleur jour. Elle donnera en bis une autre de ces mélodies de Poulenc qui lui vont à ravir, « C »,.

Cette jolie jeune femme, élégante et fine, élève d’Udo Reinemann, Gundula Janowitz, Sarah Walker, Helmut Deustch, Rudolf Jansen, et d’autres encore, a assurément une belle carrière devant elle si, comme on l’espère, elle est bien conseillée. Elle ferait certainement merveille dans Mozart : Suzanne, Zerline, dont elle possède la vivacité, le piquant et le chic, et un timbre fruité et pur qui n’est pas sans rappeler la jeune Barbara Bonney.

Enfin, il faut reconnaître que son pianiste Eildert Beeftink, né en Hollande en 1975, est vraiment remarquable, surtout dans un programme d’une telle difficulté. Il est vrai qu’il s’est spécialisé auprès d’Helmut Deutsch dans l’accompagnement des chanteurs et a, lui aussi, suivi les masterclasses de grands artistes comme Elly Ameling, Harmut Höll, Roger Vignoles et Graham Johnson, pour ne citer que ceux-là.

Le Département Musical du Musée de l’Armée met un point d’honneur à suivre les jeunes interprètes, à les aider au début de leur carrière. Saluons cette initiative, et espérons retrouver très prochainement Nathalie Gaudefroy et son accompagnateur sur nos scènes. Tous deux le méritent, assurément.



Juliette BUCH


(*) Prochaines épreuves du concours : du 25 au 27 octobre 2007.

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