C O N C E R T S
 
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LIEGE
28/02/2004

Marcel Vanaud - Rigoletto
et Olga Mykytenko - Gilda
© Opéra Royal de Wallonie
Giuseppe VERDI

RIGOLETTO

Direction musicale : Antonello FOGLIANI
Mise en scène : Paul-Emile FOURNY
Décors et costumes : Michael SCOTT
Lumières : Jacques CHATELET
Chef des Choeurs : Edouard RASQUIN

Gilda : Victoria LOUKIANETZ (27-29/2 - 2-4-6-/3)
Olga MYKYTENKO (28/2 - 5-7-11/3)
Maddalena : Jadranka JOVANOVIC
Giovanna : Christine SOLHOSSE
Rigoletto : Seng-Hyoun KO (27-29/2 - 2-4-6/3)
Marcel VANAUD (28/2 - 5-7-11/3)
Il Duca di Mantova : Stefano SECCO (27-29/2 - 2-4-6/3)
Valeriy SERKIN (28/2 - 5-7-11/3)
Sparafucile : Marco SPOTTI
Il Conte di Monterone : Roger JOAKIM
Marullo : Patrick DELCOUR
Matteo Borsa : Jairo NUÑEZ
Il Conte di Ceprano : Keith TILLOTSON

Liège - Théâtre Royal - samedi 28/02/04

Victoria Loukianetz - Gilda
et Stefano Secco - Il Duca di Mantova
© Opéra Royal de Wallonie


Monter Rigoletto - comme n'importe quelle grande oeuvre du répertoire, marquée par le passage d'interprètes remarquables et immortels - c'est se confronter à un gros problème de distribution. Quand on est une maison aux finances modestes comme l'Opéra Royal de Wallonie, ce problème prend une ampleur encore plus considérable et réunir une distribution de qualité devient un véritable tour de force. 

La mise en scène de Paul-Emile Fourny, directeur de l'Opéra de Nice, a le mérite de ne pas faire de cette tragédie romantique ce qu'elle n'entend pas être. Pas de lecture pantagruélique, pas d'orgies pasoliniennes, Gilda n'évolue pas en bas résilles et Rigoletto ne viole pas des nains hydrocéphales en chantant son désespoir. Non, rien de tout cela. Paul-Emile Fourny agence un décor élégant, résolument réaliste dans lequel se meuvent des interprètes bien dirigés et par ailleurs bons acteurs. Evidemment, certaines fines bouches ne manqueront pas de reprocher à monsieur Fourny d'avoir voulu échapper à une lecture approfondie et "inspirée" du chef-d'oeuvre de Verdi. Cette mise en espace sobre a au moins le mérite de sauver l'oeuvre du Grand-Guignol dans lequel de nombreux metteurs en scène la précipitent avec pertes et fracas.

Habitué de la maison où il est accueilli en héros, le baryton belge Marcel Vanaud campe un triste Rigoletto. Cabotin dans les scènes de cour, réservé et noble dans les scènes intimes, sa prestation théâtrale ne convainc pas vraiment. Le rôle de père meurtri semble lui convenir davantage que celui d'amuseur public. Vocalement, on déplorera un timbre à présent rauque et une tendance à chanter souvent trop bas. Reste que le chanteur a du métier et nous réserve - dans les passages les plus intimes - de beaux moments. 

Roger Joakim - Il Comte di Monterone,
Seng-Hyoun Ko - Rigoletto et
les Choeurs de l'O.R.W. 
© Opéra Royal de Wallonie

Valery Serkin est la déception de cette soirée : son entrée fait craindre le pire avec une émission incertaine et un charisme de comprimario. Le célèbre ténor, qui faisait cet été une apparition remarquée dans La Traviata d'Aix-en-Provence, se ressaisira dans son air et sa cabalette du II, mais la "Donne e mobile" ne provoquera que quelques applaudissements embarrassés d'un public généralement heureux de montrer son enthousiasme. Qu'est ce qui pose problème ? Avant tout, le jeune ténor chante terriblement faux, parfois trop haut, parfois trop bas. La voix n'est pas vilaine, au contraire, mais l'artiste semble avoir toutes les peines à la poser correctement, à aucun moment elle n'a l'insolence d'un jeune homme beau, à qui tout réussit et auquel personne ne résiste.

Dotée d'un timbre ravissant et corsé (à la Cotrubas), Olga Mykytenko campe une Gilda de grand talent, l'actrice est d'ailleurs très impliquée dans la mise en scène. On retiendra un médium solide et une couleur de voix rayonnante que seuls quelques aigus stridents gâchent. L'intervention de Gilda mourante est un moment de grande émotion.

Les seconds rôles sont habilement distribués, une mention particulière pour le Sparafucile de la jeune basse Marco Spotti et pour le Monterone solide de Roger Joakim. 

Enfin, il nous faut déplorer l'absence de Giuliano Carella, initialement prévu pour diriger ce Rigoletto et remplacé par un jeune chef du nom d'Antonello Fogliani. Si celui-ci tient bien son orchestre, il n'en adopte pas moins des tempi étranges (la cabalette du Duc au IIe acte est dirigée à une vitesse ridicule, semant sur son passage le pauvre ténor incapable de phraser correctement). Au final, une standing ovation d'un public conquis... et c'est sans doute là l'essentiel...
 
 
 

Camille de RIJCK
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