C O N C E R T S
 
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VIENNE
10/02/2006
 
Richard STRAUSS

Der ROSENKAVALIER

Comédie en musique en 3 actes
sur un livret de Hugo von Hofmannsthal

Die Feldmarschallin : Martina Serafin
Le Baron Ochs : Peter Rose (acte I)
Wolfgang Bankl (actes II et III)
Octavian : Elina Garanca
Herr von Faninal : Peter Weber
Sophie : Patricia Petibon
Marianne Leitmetzerin : Simina Ivan
Valzacchi : John Dickie
Annina : Margareta Hintermeier
Commissaire de police : Alfred Sramek
L’intendant de la maréchale : Roland Winkler
L’intendant de Faninal : Peter Jelosits
Un chanteur : Shalva Mukeria

Décor : Rudolf Heinrich
Costumes : Erni Kniepert
d’après une mise en scène de Otto Schenk

Choeur du Staatsoper
(chef de choeur : Ernst Dunshirn)
Orchestre du Staatsoper
dir: Donald Runnicles

Depuis le temps qu’elle existe (1968 !), cette production viennoise du Rosenkavalier est bien connue. Elle a même été immortalisée par un DVD chez Deutsche Grammophon. Il est toujours révélateur de voir écrit sur les affiches ou dans les programmes que nous avons affaire à une mise en scène « d’après » Otto Schenk, comme si, le temps passant, le Staatsoper n’osait plus avouer la pleine paternité du metteur en scène. Les amateurs de transpositions seront déçus : il s’agit bien de la chambre ou d’un palais baroque dans la plus pure tradition. Notre attention ne sera donc pas détournée et se concentrera plutôt sur les éléments musicaux.

Chaque membre de la troupe viennoise connaît son rôle sur le bout des doigts, et pour la soirée qui nous occupe, on serait tenté d’écrire connaît « ses » rôles. En effet Peter Rose sera annoncé souffrant au lever de rideau de l’acte II et sera remplacé par Wolfgang Bankl qui devait chanter le notaire et le commissaire. Ainsi fonctionne une troupe : celui qui devait chanter deux petits rôles est aussi la doublure d’un rôle important et se voit propulsé sur le devant de la scène. C’est donc le vieux routier du Staatsoper Alfred Sramek qui assurera du coup ces deux petits rôles.

Il est vrai que le rôle du baron Ochs est éprouvant, sollicitant aigus et graves constamment. C’est d’ailleurs dans l’aigu que Wolfgang Bankl semble un peu moins à l’aise ; il ne fera pas oublier l’abattage de Kurt Rydl entendu ici en septembre, mais sa prestation au pied levé est tout à fait honorable. Le Faninal de Peter Weber devrait abuser un peu moins du parlando. Quant à Shalva Mukeria il se tire de justesse du périlleux « Di rigori armato ».

Nos plus grandes satisfactions, on l’aura compris, viennent du côté des voix féminines. A Soile Isokoski (en septembre) succède Martina Serafin, qui par le physique, la diction, et le jeu est une maréchale de premier ordre. Le seul reproche qu’on pourrait faire si l’on aime les timbres de voix soyeux ou « double crème » est que son timbre est parfois rêche.

Après Ileana Tonca, c’est au tour de Patricia Petibon d’incarner Sophie (ses débuts dans ce rôle à Vienne). La comédienne montre à merveille l’évolution du personnage et son physique menu est idéal pour le rôle. Sur le plan vocal sa Sophie ne dépare pas le bon niveau du trio féminin, mais la voix sonne un peu en retrait, ne s’épanouissant pas totalement dans le vaisseau.


Elina Garanca


Le meilleur revient au rôle-titre interprété par Elina Garanca qui devait relever le défi de succéder au merveilleux Octavian de Sophie Koch. La chanteuse offre tout ce qu’on peut attendre du personnage : un physique avantageux et crédible, une belle présence, une voix mordorée et bien projetée. Elle forme avec sa Sophie un couple touchant de jeunes amoureux.

Il est toujours étonnant de songer que l’orchestre du Staatsoper ne répète pas les reprises du répertoire (Un Riccardo Muti a obtenu à titre exceptionnel 3 heures ( !) de répétition avec orchestre pour la reprise des Nozze di Figaro en décembre). Malgré les circonstances, ce soir encore, l’orchestre est à la hauteur de sa réputation (ce qui n’est pas toujours le cas dans certain répertoire). Donald Runnicles le mène au milieu des écueils avec passion ou sensualité. On aimerait que le public se retienne d’applaudir avant la fin de l’acte, surtout que les dernières mesures de chacun des actes du Rosenkavalier ne supportent pas les applaudissements anticipés.

A Vienne, la routine d’une production scénique est parfois compensée par le niveau musical. Tant que la routine reste à ce niveau, le Staatsoper a de beaux soirs devant lui.

Valéry Fleurquin

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