C O N C E R T S
 
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LYON
Opéra national de Lyon
14/11/2001
 
Rusalka

Anton DVORAK

Direction Musicale : Ivàn Fischer
Mise en scène : Jean-Claude Berruti

Collaboration à la mise en scène : Rosine Lefebvre
Décors et costumes : Rudy Sabounghi
Eclairage : Joël Hourbeigt
Chorégraphe : Darren Ross

Ondine (Rusalka) : Klaudia Dernerova
Odin (Vodnik) : Ludek Vele
la Sorcière (Jezibaba) : Mzia Nioradze
Première Dryade : Virginie Pochon
Deuxième Dryade : Svetlana Lifar
Troisième Dryade : Daniela Denschlag
Le Prince : Francisco Araiza
La Princesse Etrangère : Hedwig Fassbender
Un Chasseur (Lovec) : François Piolino
Un Garde Forestier (Hajny) : Jan Jezek
Un Marmiton : Karine Deshayes

Choeur et Orchestre de l'Opéra National de Lyon

 


Double événement à l'opéra de Lyon, qui nous présentait une production du trop rare Rusalka sous la direction très attendue du nouveau directeur musical Ivan Fischer. L'histoire est celle d'une fée de l'eau désirant se changer en humaine pour l'amour de l'Homme. Mi-femme, mi-créature, cet amour ne pouvait être qu'impossible et le dénouement autre que dramatique, nous rappelant ainsi un autre travestissement, celui rapporté par Fassbinder dans son Année des Treize Lunes, où un homme se change en femme pour conquérir l'amour, finissant par errer dans la peau d'un monstre solitaire.

La partition de Dvoràk révèle une musique lyrique et chatoyante, toute emprunte de magie et de sensualité comme l'exige le livret de ce conte, tiré en grande partie de La Petite Sirène et d'histoires populaires tchèques. La force de cet opéra réside essentiellement dans cette musique sans faille, parfaitement adaptée aux caractères des personnages et circonstances dramatiques.

Cependant, pour qui garde en mémoire la splendide exécution de Charles Mackerras au disque, la magie parait bien absente de la fosse. La direction précise d'Ivan Fischer reste trop analytique et trop sèche. Il ne tire en effet pas grande suavité de l'orchestre de l'opéra au point de se demander où sont passées les cordes. De la même manière, on souffre de l'absence de couleurs et d'ampleur sonore, le tout manquant singulièrement de passion et d'inspiration.

Sur le plan vocal, la soirée reste malheureusement marquée par la mauvaise impression que nous laisse Klaudia Dernerova. La voix est dure, tendue, la justesse approximative et la ligne de chant trop souvent malmenée par des problèmes techniques qui laissent interrogateur sur la présence de cette chanteuse dans le rôle titre. Bien qu'éprouvé par le temps, le chant de Francisco Araiza conserve la noblesse et la prestance qui sied au rôle du prince. Les aigus sont certes devenus difficiles, mais le timbre chaleureux lui permet de convaincre.

S'il manque parfois de menace en Maître des eaux, le Vodnik de Ludek Vele émeut en père blessé, montrant que son personnage est paradoxalement le plus humain de l'histoire. Sa complainte du second acte demeure un des plus beaux moments de la soirée. Mzia Nioradze et Hedwig Fassbender campent une sorcière et une princesse de bon aloi et ne manquent ni d'autorité vocale ni de présence scénique.

Tous les seconds rôles sont très bien servis, en partie par les artistes en résidence à l'Opéra de Lyon. Notons les belles prestations de Karine Deshayes en marmiton et de Virginie Pochon (qui fut une si jolie Juliette la saison dernière) en première Dryade. Le choeur également, fidèle à son habitude, est de tout premier ordre.

À cette soirée bien fade musicalement, se substitue le très beau spectacle réglé par Jean-Claude Berrutti. Dans des décors simples et évocateurs, il tire seul le peu d'émotion qu'il reste de ce spectacle. Se jouant du peu d'action se déroulant réellement sous nos yeux, sa direction d'acteurs est efficace et sa mise en scène respectueuse de l'atmosphère de l'oeuvre.

En définitive on sort retrouver le froid extérieur en grande partie déçu, par une interprète peu à sa place et un orchestre terni qui semble s'ennuyer. Les prochains rendez-vous avec Ivan Fischer (on attend les Wagner et les Strauss promis) nous éclaireront d'avantage sur ses affinités avec les forces de l'Opéra de Lyon.
 
 
 

Loïc LACHENAL
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