C  R  I  T  I  Q  U  E  S

les concerts de Forum Opera


Opéra de Marseille

La femme silencieuse
(Richard Strauss)

(17/10/01)

Direction Musicale : Friedrich Pleyer
Mise en scène : Robert Fortune
Décors : Cristophe Vallaux et Robert Fortune
Costumes : Rosalie Varda
Lumières : Philippe Groperin

Aminta : Constance Haumann
Sir Morosus : Daniel Lewis Williams
Le Barbier: Wolfgang Rauch
Henry Morosus: Juan Jose Lopera
La gouvernante: Anne Salvan
Farfallo : David Cale Johnson
Isotta : Jessica Comeau
Carlotta : Violeta Poleksic
Morbio : Marc Barrard
Vanuzzi : Evert Sooster

Choeur et Orchestre de l'opéra de Marseille

Cette nouvelle production de l'opéra de Marseille devait faire face à deux importantes défections : Marie Devellereau en Aminta et François Le Roux en barbier, remplacés respectivement par Constance Haumann et Wolfgang Rauch.

La soprano américaine possède une belle voix au timbre charmeur; malheureusement ses aigus sont un peu forcés et elle manque cruellement de souffle, ainsi, les vocalises du 2e acte n'ont pas la puissance ravageuse qui font leur intéret et leur charme. Elle compense par son jeu de scène, mis en valeur par un physique qui convient parfaitement au rôle..
Sa prestation, bien qu'imparfaite, ne justifiait certainement pas les quelques hués entendus aux saluts.

Daniel Lewis Williams campe un Sir Morosus magnifique. La voix est superbe et possède des graves abyssaux qui donnent une profondeur inhabituelle au personnage, profondeur renforcée par un investissement dramatique et une finesse d'interprétation rare. S'étant cassé le bras durant les répétition, il chante plâtré et en est chaleureusement remercié par une ovation méritée du public.

Wolfgang Rauch est un très beau barbier ; sa voix, aux aigus faciles, est parfaite pour Strauss et lui permet de jouer avec délectation les entremetteurs.

Le rôle assassin d'Henry Morosus revient à Juan Jose Lopera qui éblouit par la facilité avec laquelle il se joue des difficultés du rôle. Les aigus inhumains du 2e acte sont lancés avec une maîtrise qui impose le respect ; il n'est pas non plus en reste sur le plan dramatique et émeut de bout en bout.

Le reste de la distribution est excellente.

L'Orchestre de l'Opéra de Marseille - de son côté - sonne superbement sous la baguette experte de Friedrich Pleyer qui met en valeur toutes les subtilités de la partition grâce à un beau jeu de nuances et de couleurs orchestrales. Seul petit bémol, l'orchestre couvre un peu les chanteurs durant la première demi-heure.

La mise en scène de Robert Fortune est une totale réussite : des décors et des costumes superbes, mis en valeur par une lumière bleue énigmatique, et une intelligence de direction d'acteurs rare; le tout au service d'une vision poétique et très sensible de cet opéra. Le final, par exemple, est un véritable chef d'oeuvre d'imagination et de rêverie.

Lecture qui n'empêche pas Robert Fortune de souligner les nombreux traits d'humour de l'oeuvre dont notamment l'arrivée de Carlotta, déguisée en paysanne et affublée d'un costume de Bécassine qui provoqua l'hilarité de la salle.

Au final, une très beau spectacle de bonne augure pour le reste de la saison. 
 
 

Alexandre Lapierre

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