OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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SANTANDER
01/08/2007
 
Diletta Rizzo Marin © DR


Vincenzo BELLINI (1801-1835)

LA SONNAMBULA

Mélodrame en deux actes
Livret de Felice Romani

Production de la Fondation Arena de Verona

Mise en scène, scénographie, costumes et lumières, Hugo de Ana
Chorégraphie, Leda Lojodice

Le comte Rodolfo, seigneur du lieu, Roberto Scandiuzzi
Teresa, meunière, Marina Pardo
Amina, orpheline recueillie par Teresa, Diletta Rizzo Marin
Elvino, riche propriétaire du lieu, Shalva Mukeria
Lisa, amoureuse d'Elvino, Sandra Pastrana
Alessio, amoureux de Lisa, Nicolo Ceriani
Notario, Charles Dos Santos

Choeur Intermezzo
Directeur, José Luis Basso

Orchestre Symphonique de la Principauté des Asturies

Direction musicale, Ottavio Marino

Un essai à transformer


A l'affiche de la soirée inaugurale du 56° Festival International de Santander une nouveauté, La Sonnambula. Cette incursion dans le répertoire romantique est précédée dans les journaux locaux d'articles qui soulignent les caractéristiques du bel canto et ses exigences redoutables quant à la virtuosité des chanteurs. On peut donc supposer que le choix de l'oeuvre découle d'une réflexion approfondie sur les conditions de la représentation et de l'équipe à rassembler pour en relever les défis.

Renonçant à l'aventure d'une production originale, le Festival préfère celle, au succès éprouvé et jamais représentée en Espagne, conçue naguère par Hugo de Ana pour Vérone. Maître d'oeuvre d'un spectacle où il a choisi décors, costumes et lumières, le metteur en scène reste fidèle à l'esprit du livret, qu'il illustre de façon séduisante. Deux décors, un vallon herbu au pied des rondeurs douces d'un mamelon et la galerie d'une auberge sur la campagne, s'ouvrent sur un arrière plan où des projections de paysages et d'éléments naturels évoquent la nature alpestre; on y verra même le château familial du comte lorsqu'il évoquera son passé. Les costumes masculins et féminins forment de séduisants camaïeux de teintes douces, leur caractère uniforme représentant clairement une communauté. Seule la tenue de noces d'Amina surprend, tant elle conviendrait mieux à Violetta Valéry qu'à l'incarnation de l'innocence. La disposition des personnages dans l'espace scénique, leurs évolutions et la gracieuse chorégraphie de Leda Lojodice composent des tableaux raffinés. Ces réminiscences de la peinture romantique se réfèrent à un monde naïf où les apparences sont prises pour la réalité, ce qui est bien la clef du drame.

Dans la distribution, des chanteurs plus ou moins chevronnés et une débutante. Côté comparses, un notaire bien en voix. Alessio, quasiment inaudible au premier acte, se reprend au second. Teresa est dignement incarnée par Marina Pardo, qui ne force jamais ses moyens. Sandra Pastrana, nonobstant quelques légères stridences dans les aigus, compose bien le personnage de Lisa et fait valoir une voix sonore, agile et étendue. Dans le rôle d'Elvino le ténor géorgien Shalva Mukaria ne démérite pas ; sa voix n'est pas spécialement séduisante mais elle est homogène, bien timbrée, il chante sans tricher et résout honorablement les difficultés. Quant à Roberto Scandiuzzi, impressionnant de désinvolture et d'allant scéniques, il plie sa grande voix aux exigences du rôle et obtient une souplesse d'une belle facilité. Mais au fond ce n'est pas une surprise.

Reste Diletta Rizzo Marino, distribuée dans le rôle d'Amina. Un enregistrement effectué il y a deux ans lors d'un concert permettait d'entendre une voix de soprano étonnante de souplesse et d'extension, longue et pleine sur toute l'étendue. Nous n'entrerons pas dans les détails; bornons nous à dire que dans l'immense salle Argenta du Palais des Festival de Santander ni les graves ni les centres n'ont passé la rampe, malgré la dentelle sonore obtenue de l'orchestre par un Ottavio Marino extrêmement attentif aux délicats équilibres entre la scène et la fosse. Probablement saisie par un trac difficile à surmonter - on peut le comprendre - la jeune chanteuse semble privée d'harmoniques et la prestation, quoique digne du fait de l'investisement scénique, reste un essai non transformé.

Aux saluts le Comte et Elvino l'emportent, mais Amina a de chaleureux supporters. Mention spéciale pour le choeur Intermezzo, chaleureusement applaudi. Beau succès aussi pour Hugo de Ana et le chef d'orchestre. Le programme des saisons suivantes nous dira si le bel canto a acquis droit de cité à Santander.



Maurice Salles
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