C O N C E R T S
 
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MONTPELLIER
(Opéra-comédie)
22/11/01
 
Lost in the stars

Kurt WEILL

Direction musicale : Michaël Dian
Mise en scène : Didier Kersten
Lumières : Maurice Fouilhé
Costumes : Pascaline Duron

Leader : Benoir Vuillon
Stephen Kumalo : Nicolas Volland
Absalom Kumalo : Benjamin Barou-Crossman
Irina : Leïla Benhamza
Grace Kumalo : Christelle Chouasne
James Jarvis : Didier Bernard
Arthur Jarvis : Raphaël
Mme Jarvis : Anne Guinot
Linda : Axelle Pringalle

Ensemble ECUME
(Ensemble Choral Universitaire de Montpellier)

 



Force est de constater que les expériences de théâtre musical sont de moins en moins présentes dans la programmation de nos théâtres. Ce genre qui devait succéder et survivre à l'Opéra n'a en effet trouvé ni sa place, ni ses créateurs, le répertoire, si on peut dire, ne se cantonnant pratiquement qu'au seul Kurt Weill.

C'est justement un de ses inédits (il s'agit surtout de la dernière oeuvre de Weill) que l'ensemble ECUME (Ensemble Choral Universitaire de Montpellier) nous propose de découvrir, Lost in the Stars, dont le propos annonce avec véhémence l'installation d'une société raciste en Afrique du Sud.

L'oeuvre est construite autour de quatre rôles principaux dont un récitant (renvoyant au coryphée de la tragédie grecque) mais surtout autour d'un choeur important occupant une place dominante.

La réussite du spectacle est totale, notons l'implication tant vocale que scénique de tous les participants. La musique n'est jamais desservie, ni par l'orchestre ni par les solistes et encore moins par ce choeur; il est important de souligner que tous les participants sont des amateurs encadrés par des professionnels.

Cette réussite tient en grande partie à cet encadrement, à commencer par le jeune metteur en scène Didier Kersten. Il donne vie à cette oeuvre et à cette masse chorale sans jamais encombrer la scène ni surcharger le discours d'un sujet déjà grave. Nous retrouvons la maîtrise des déplacements de foules qu'il nous avait déjà montrée dans son Vaisseau fantôme à l'Opéra de Massy. Mais aujourd'hui, il charge seul ce choeur de nous donner les indications de temps et de décors, dépouillant totalement l'espace et ne s'appuyant que sur quelques accessoires et surtout sur un travail d'éclairages splendide. Il obtient un résultat surprenant par son efficacité et sa beauté plastique, les re-positionnements du choeur étant accomplis dans un contexte dramatique réfléchi et d'une manière impeccable.

Les costumes également reprennent cette vision de simplicité et de cohérence visuelle : chaque homme est d'abord vêtu d'une simple tunique rouge puis se couvre d'éléments blancs ou noirs pour nous montrer de quel camp il retourne (dénonçant par là même l'universalité des hommes sous la couleur).

Il nous reste en mémoire de fabuleux tableaux dont la violence colorée répond à la douleur que nous infligent les propos politiques dénoncés par l'oeuvre. Un spectacle intense, conçu par des maîtres d'oeuvre qui savent ce que théâtre et musique signifient et qui donnent à voir d'une manière magistrale une oeuvre poignante, à l'heure où d'autres pays connaissent également les jougs de l'intolérance, de la domination et du racisme.
 
 
 

Loïc Lachenal
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