C O N C E R T S 
 
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MARSEILLE
17/06/05

Marie-Ange Todorovitch © DR
MARIA STUARDA

Gaetano DONIZETTI

Opéra en 3 actes
Livret de Giuseppe Bardari, d'après Friedrich Schiller
Création à Naples, Teatro San Carlo, le 18 octobre 1834 sous le tire Buondelmonte
A Milan, Teatro alla Scala, le 30 décembre 1835 sous le titre original

CREATION A MARSEILLE
Production du Théâtre de Bergame

Direction musicale : Patrick Davin
Mise en scène et costumes : Francesco Esposito
Décors : Italo Grassi
Lumières : Daniele Naldi

Maria Stuarda, reine d'Ecosse : Angela Blancas Gulin
Elisabetta, reine d'Angleterre : Marie-Ange Todorovitch
Anna : Burcu Uyar
Robert Dudley, comte de Leicester : Gioacchino Lauro Li Vigni
Talbot, comte de Shrewsbury : Franck Ferrari
Cecil, Lord Burleigh : Wotjek Smilek

Choeurs et Orchestre de l'Opéra de Marseille
Chef des choeurs : Pierre Iodice

17 Juin 2005

De par son unité d'atmosphère, sa persistance du décor, la tragédie de Maria Stuarda rencontre et prolonge celle d'Anna Bolena. Mais cette fois la hache du bourreau devient croix de rédemption, de libération...

Reconnaissons que la faible structure dramatique de Stuarda - sans doute la partition la plus originale de Donizetti - repose sur l'affrontement de deux reines. Comme sur un ring de boxe, voilà un affrontement de deux cantatrices dont on attend le meilleur. Deux femmes donc, deux " monstres " qui vont rivaliser pour nous de fioritures, ornements, aigus, pour la plus grande joie d'un public connaisseur qui ne demande qu'à compter les coups sous l'oeil complice et médiateur du chef d'orchestre.
Sur sa lancée, celle d'une audace éclectique qui lui fait grand honneur, Renée Auphan a donc choisi d'offrir, pour clore la saison et pour la première fois dans l'histoire de l'Opéra de Marseille, ce royal crêpage de chignons.

Rien à dire sur la production du Théâtre de Bergame. Franceso Esposito reste dans la tradition. Des décors et costumes de bon goût, point d'effets gratuits. C'est tant mieux.

Venons en aux protagonistes : à droite, la détentrice du (rôle) titre : Angela Biancas Gulin ; à gauche, Marie-Ange Todorovitch, challenger.

Au premier round la seconde n'eut guère de mal à s'imposer et triompher. Elle était seule en scène. Des si bémols et naturels en pagaille. Il fallait le faire dans cette fournaise phocéenne. Donner vie théâtralement à la Reine Vierge reste également un exploit et une prise de rôle réussie pour cette attachante artiste. On connaît son tempérament de feu.

Au second round le combat a vraiment commencé. Les deux dames s'affrontent, on le sait, dans une joute verbale sans merci, jetant l'une et l'autre tous leurs atouts dans la balance.

Trois fois hélas pour la sympathique Angela Biancas Gulin (fille de qui vous savez). La lutte était inégale. La soprano, en méforme vocale et physique évidente, projette un timbre ingrat, des notes mal assurées, une voix en piteux état. 

Mais le pire était à venir, après l'entracte. 
Précédée d'une annonce quémandant toute notre indulgence, Angela Biancas Gulin, dans une salle à la chaleur caniculaire, avec un métier en béton, relève le gant et monte bravement sur scène... pour s'évanouir quelques minutes plus tard au grand effroi de ses partenaires, du chef et de la salle. 

Dans l'impossibilité de reprendre le spectacle, tout le monde rentra donc chez soi. Frustré certainement de la grandiose scène de la montée au supplice que, de toute façon, Angela Biancas Gulin aurait été incapable d'assumer jusqu'au bout.

Que reste-il alors de cette soirée-sauna lyrique ? Un ténor à oublier au plus vite ou qui nous doit une revanche, les interventions percutantes de Wojtek Smilek (Cecil) et Franck Ferrari (Talbot), qui par leur poids musical ne faisaient pas tapisserie, rendant ainsi justice à deux rôles secondaires, et le bel arbitrage de Patrick Davin, qui fit sortir de leurs gonds, et l'Orchestre et les Choeurs de l'Opéra de Marseille.

Une soirée perdue alors ? Pas tout à fait... Il y avait LA Todorovitch dans toute sa splendeur vocale et dramatique, deux belles basses, un chef courageux... et rien que pour cela...
 
 

Christian COLOMBEAU
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