C O N C E R T S
 
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BRUXELLES
(Palais des Beaux-Arts - Société philharmonique)
27/11/01
 
Henryk Mikolaj Gorecki
Symphonie n° 3, op. 36, "Symphony of sorrowful songs"

Karol Szymanowski
Stabat Mater, op. 53

Orchestre symphonique national de la Radio polonaise
Choeur de la Radio polonaise de Cracovie
Antoni Wit, Direction
Wlodzimierz Siedlik, Chef de choeur
Elzbieta Szmytka, Soprano
Ewa Marciniec, Alto
Wojciech Drabowicz, Baryton

 


Dans le cadre du Festival Europalia, la Pologne est à l'honneur cette année. Splendide concert à Bruxelles, où se produisaient l'Orchestre symphonique national de la Radio polonaise, le choeur de la Radio polonaise de Cracovie, Elzbieta Szmytka (soprano), Ewa Marciniek (alto), et Wojciech Drabowicz (baryton), sous la direction experte d'Antoni Wit. Programme polonais, bien sûr, avec deux oeuvres fortes, et judicieusement choisies : toutes deux forment en effet un hommage à la Vierge Marie, très révérée au pays de Gorecki et de Szymanowski. Du premier, la célèbre Symphonie n°3 "des chants plaintifs" de 1976, qui connut immédiatement un succès mondial (300.000 disques vendus !). Son langage est certes simple et direct, tonalissime, mais il réconcilia une belle frange de la jeunesse devenue hostile à la musique contemporaine, ce qui n'est point son moindre mérite. Elzbieta Szmytka y fut admirable, alliant sa voix de grand soprano lyrique (Roxane, dans Le Roi Roger), à la pureté enfantine requise par certains des textes choisis par Gorecki. L'émotion a régné dans son chant d'une absolue perfection, jusqu'à l'adieu pur et consolateur de la prière finale, doucement rythmée par le piano et les accords soyeux des cordes. Impeccable mise en place (non évidente dans le premier mouvement !) d'un Wit dominateur.

Changement total avec le Stabat Mater de Szymanowski (1929), chef-d'oeuvre suprême du compositeur. Page intime (l'introduction est pure musique de chambre et le tutti ne se déchaîne que deux fois), ce Stabat Mater figure au panthéon de la musique sacrée du XXe siècle. L'émotion culmine au quatrième mouvement, pour soprano, alto et choeur a capella, moment d'une inexprimable beauté, exprimant toute l'essence de l'inspiration extatique de Szymanowski. Moins "spectaculaire" que la symphonie de Gorecki, il va plus loin dans l'intériorité par la rigueur serrée de son propos. Si le baryton fut quelques fois couvert, l'alto remarquable de Ewa Marciniec fut une belle découverte, et ses duos avec Szmytka un pur enchantement sonore. Le public ne s'y est pas trompé, et a réservé une ovation sans fin aux interprètes, après quelques secondes d'un silence poignant... Public majoritairement jeune (15-30 ans), ce qui est hautement réjouissant. Une soirée merveilleuse, donc, et qui démontre à l'envi la vitalité et la réception de la musique de notre temps !
 
 
 
 

Bruno Peeters
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