C O N C E R T S 
 
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PARIS
(opéra Bastille)

22/01/2002

 
Tosca
Giacomo Puccini

Direction musicale : Maurizio Benini
Mise en scène : Werner Schroeter
Décors et costumes : Alberte Barsacq
Lumières : André Diot
Chef des Choeurs : David Levi

Floria Tosca : Nelly Miricioiu
Mario Cavaradossi : Fabio Armiliato
Barone Scarpia : Lado Ataneli
Cesare Angelotti : Wojtek Smilek
Spoletta : Christian Jean
Il sagrestano : Alfredo Mariotti
Sciarrone : Youri Kissine
Un carceriere : Reynald Chapuis

 

UNE "TOSCA" MIRI - FIQUE !


 
 

Il serait fastidieux de critiquer ici la production universellement décriée de Werner Schroeter. Signalons toutefois que cette reprise a fait l'objet d'une certaine attention de la part de l'assistant anonyme qui s'en est chargé et qui en a tiré le meilleur parti possible : éclairages relookés, une certaine direction d'acteurs et des mouvements de foule un peu moins ridicules qu'à l'ordinaire.

Il reste qu'on sort de là avec une seule idée : vivement qu'on nous débarrasse de cette monstruosité.

Fabio Armiliato reprenait le rôle qu'il avait déjà chanté ici même aux côtés de Maria Guleghina en 1998 : sans être exceptionnel, son Mario emporte la conviction par son engagement et la qualité relative de son chant, surtout si on le compare aux divers hurleurs véristes qui écument les salles de concerts.

Lado Atanelli surprend : c'est un Scarpia bien chantant, à l'aise sur toute la tessiture, d'une belle voix puissante et bien timbrée, très loin des histrions véristes ... mais aussi très loin de nous captiver par son interprétation !

Venons-en au cas Miricioiu ...

Je n'avais pas vu cette artiste depuis un "Robert le Diable" assez calamiteux à Berlin, il y a tout juste deux ans. Les échos des spectateurs des premières représentations ne laissaient rien présager de bon : on parlait d'aigus criés, de sons inaudibles, d'une interprétation outrée ... rien qui ne m'étonnait de la part d'une artiste qui a toujours été irrégulière et qui a maintenant ses meilleures années derrière elle.

Contre toute attente, la soirée du 22 janvier fut une heureuse surprise.

Si quelques rares notes sont un peu en dessous, la tessiture du rôle ne pose pas vraiment de problème, loin de là : un des contre-ut du dernier duo vrille carrément les oreilles, déclenchant un murmure d'aise dans la salle ! L'interprétation physique est parfois un peu gauche (mais à qui la faute ?) : nous avons néanmoins à faire à une vraie diva. C'est surtout au niveau de l'interprétation vocale que nous retrouvons la grande Nelly : on a rarement entendu une telle intelligence du texte : rien que sur le "Presto su Mario" de la dernière scène, nous entendons d'abord la tendresse affectueuse, puis l'incompréhension, l'inquiétude, la terreur et finalement le désespoir, par la seule magie de la coloration de la voix. Un grand travail d'artiste dont on regrettera la méforme évidente pour cette série de Tosca.

Maurizio Benini dirige le tout efficacement, quoiqu'un peu bruyamment : on aimerait un peu plus d'attention portée aux chanteurs.

Placido Carrerotti

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