C O N C E R T S 
 
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ZÜRICH
16/04/05
Fiorenza Cedolins
Giacomo PUCCINI

TOSCA

Tosca : Fiorenza Cedolins
Mario : Vincenzo La Scola
Scarpia : Renato Bruson
Angelotti : Peter Kálmán
Le sacristain : Giuseppe Scorsin
Spoletta : Andreas Winkler
Sciarrone : Valeriy Murga
Un berger: Nathalie Zagoda
 
Mise en scène : Gilbert Deflo
Décors : Ezio Frigerio
Costumes : Franca Squarciapino
Lumières : Ulrich Senn/Jürgen Hoffmann
Chef de choeur : Jürg Hämmerli

Choeur d'enfants, choeur et orchestre de l'Opernhaus
Direction musicale : Nello Santi

Zürich, le 16 avril 2005

Une Tosca de plus. Le mélomane blasé qui a vu et revu des Tosca exige soit une production innovante, bien jouée, soit une distribution qui sort de l'ordinaire, ou du moins une soprano, un ténor et/ou un baryton de haut niveau, à défaut de réunir trois solistes d'exception.

Le vétéran Nello Santi dirige Tosca sans partition, comme à l'accoutumée. Le petit reproche qu'on peut lui faire est d'adopter parfois des tempi alanguis, mais les chanteurs qu'il suit dans leurs moindres respirations ne s'en plaindront pas. Pour le reste, sa direction est dramatique et l'équilibre fosse-scène globalement respecté. 

La mise en scène traditionnelle de Gilbert Deflo remonte à 2000 et assure à l'intrigue une lisibilité sans surprise. Le tandem Frigerio/Squarciapino illustre une Tosca 1800 de bon goût. Seul détail au dénouement, Tosca ne se jette pas dans le vide mais se poignarde. D'une manière générale, le jeu des artistes est assez conventionnel, parfois même figé. Mais le mélodrame a ses conventions, il est vrai. L'affrontement Tosca/Scarpia puis le meurtre du baron semblent se jouer de la même manière dans un grand nombre de théâtres.

C'est donc vers l'aspect vocal que se tourne notre curiosité. Les seconds rôles sont bien tenus, avec une mention particulière pour le Cesare Angelotti de Peter Kálmán. Pour le trio des solistes, commençons par le méchant, le Scarpia de Renato Bruson. Dire que la voix d'un homme à la carrière aussi longue a perdu en harmoniques, que le timbre est parfois rêche et le vibrato bien présent n'a rien d'une révélation. On peut regretter la voix d'il y a vingt-cinq ans, ou tout aussi bien admirer la capacité qu'a conservé cet artiste d'offrir un Scarpia crédible vocalement. Un Scarpia qui impressionne encore, malgré ses limites.

Le timbre de Vincenzo La Scola est certes plus jeune mais l'aigu, plutôt pâle, manque de brillant. Son interprétation demeure correcte, mais ne transporte pas. Ses deux grands airs ne sont pas indignes mais sentent l'effort. 

Lorsque la dernière intégrale de Tosca est sortie chez Decca, certains critiques ont signalé que Fiorenza Cedolins était une Tosca de studio, favorisée par les ingénieurs du son. On doit reconnaître que la voix n'est pas volumineuse. La soprano est prudente dans le grave qu'elle évite de poitriner de manière systématique. Ses aigus n'ont pas un rayonnement exceptionnel, mais dans un théâtre de la taille de l'Opernhaus, ils sont suffisants. Et ma foi, il faut aussi des Tosca pour les théâtres moyens; il n'y a rien de déshonorant à cela. Pour le reste, son chant est très musical et son "Vissi d'arte" phrasé dans les règles du beau chant, servie par un timbre agréable.

Au final, pas une Tosca exceptionnelle, mais un cru satisfaisant que le public applaudit généreusement.
 
 
 

Valéry FLEURQUIN
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