C O N C E R T S
 
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NANCY

19/01/2001

 
La Traviata

Giuseppe VERDI

Direction musicale : Sebastian Lang-Lessing
Mise en scène : Jean-Claude Berutti
Décors et costumes: Rudy Sabounghi
Lumières : Laurent Castaingt
Chorégraphe : Darren Ross

Violetta Valery Eva Jenis
Flora Bervoix Marie-Thérèse Keller
Annina Anne Pareuil
Alfredo Germont Soner Bulent Bezdüz
Giorgio Germont Victor Torres
Gastone Hubert Humeau
Le Baron Douphol Anthony Marber
Le Marquis d'Obigny Malcolm Rivers
Le docteur Grenvil Vincent Pavesi

Production de l'Opéra de Nancy et de Lorraine
en coproduction avec l'Opéra de Rennes

 


C'est avec La Traviata de Verdi que l'Opéra de Nancy a décidé à la fois d'ouvrir sa saison et de contribuer aux célébrations verdiennes de l'année! Décision que l'on peut regretter pour deux raisons, la première étant que choisir le titre le plus populaire de Verdi n'est pas des plus audacieux pour une scène qui, en d'autres temps, a eu le courage de monter des ouvrages rarement représentés en France tels que Attila, I Masnadieri. La seconde raison est que la production proposée n'est en rien une nouveauté puisqu'elle a déjà eu les honneurs de la scène nancéienne il y a trois ans! Néanmoins, en dépit de quelques réserves que l'on peut formuler vis à vis de certaines options du metteur en scène Jean Claude Berutti, le public n'a pas boudé son plaisir à revoir cette vision très esthétique et assez originale.

Ce qui gène essentiellement dans cette mise en scène, c'est la conception que Berutti a de l'acte 2: La confrontation entre Germont et Violetta tombe totalement à plat du fait de l'intrusion d'un personnage non prévu dans l'opéra (ni dans la pièce d'Alexandre Dumas fils, La Dame aux Camélias d'où le livret est tiré): la soeur d'Alfredo!! En effet, au moment ou Germont explique à Violetta qu'il a une fille à marier, on voit débarquer sur scène une gamine de douze ans qui s'installe dans la pièce, farfouille dans les partitions posées sur le piano à queue qui trône au milieu du salon de Violetta pour finir par s'asseoir aux pieds de cette dernière comme pour la narguer! Tout ceci pourrait être intéressant sur le plan dramatique si le livret lui-même ne s'y opposait pas. Quelle valeur accorder alors aux paroles de Violetta "Dite alla giovine" alors que la jeune fille est à vingt centimètres d'elle ? Du même coup, la noblesse et la grandeur du sacrifice de Violetta s'en trouvent fortement réduits. Mais ce n'est pas tout! Le comble du ridicule et de l'absurde, c'est lorsque Germont revient en compagnie de sa fille "pura siccome un angelo" morigéner son fils chez Flora! Voilà un père bien contradictoire: d'un côté il exige que son fils cesse de fréquenter une demi-mondaine mais de l'autre, il n'hésite pas à introduire sa propre fille dans un bordel! Certes la bourgeoisie de l'époque n'en était pas à une hypocrisie près, mais là tout de même...!

Sur le plan musical en revanche la réussite est totale: Eva Jenis a offert de Violetta une interprétation éblouissante et très émouvante: son timbre magnifique et ample, l'arrogance de sa projection vocale alliée à un art achevé des nuances en ont fait l'interprète idéale du rôle même si les tenants de la tradition ont regretté - à juste titre - l'absence du contre mi bémol à la fin du Sempre libera. Le ténor turque Soner Bulent Bezduz a sans aucun doute le physique et l'allure d'Alfredo mais sa voix passait assez mal au début de l'ouvrage en raison certainement de sa position quasi permanente au fond de la scène; par la suite, plus en avant scéniquement, il a pu déployer sa belle voix de ténor lyrique avec beaucoup plus d'aisance! Quant à Victor Torres, il a offert du rôle de Germont, dont il dit lui-même qu'il ne l'intéresse pas du tout, une vision standard tant sur le plan scénique que sur le plan vocal. Sa voix est belle, ample, chaude mais on ne le sent pas particulièrement concerné par ce qu'il chante, ça manque de "tripes"!
Très belle direction de Sébastien Lang-Lessing qui a su restituer l'exacte pulsation de la musique de Verdi et une mention spéciale pour le Choeur de l'Opéra de Nancy, particulièrement bien préparé par Philip White !
 
 

Jérôme Royer
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