OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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VERBIER
22/07/2007
 
© Mark Shapiro


Franz Schubert (1797 – 1828)
Der Sänger D 149a
Der Fischer D 225

Die Forelle D 550

Seligkeit D 433

Im Frühling D 882

Auf der Bruck D 853

Thomas Quasthoff, baryton-basse
Justus Zeyen, piano

Felix Mendelssohn (1809 – 1847)
Trio pour piano, violon et violoncelle n°1 en ré mineur op. 49

Lang Lang, piano
Radoslaw Szulc, violon
Mischa Maisky, violoncelle

Entracte

Wolfgang Amadeus Mozart (1756 – 1791)
Requiem en ré mineur K 626

Barbara Bonney, soprano
Anne-Sofie Von Otter, mezzo-soprano
Kenneth Tarver, ténor
René Pape, baryton-basse

The Collegiate Chorale
Robert Bass, direction de chœur

USB Verbier Festival Orchestra
Manfred Honeck, direction

Festival de Verbier, Salle Médran
le 22 juillet 2007 à 19h

Heurs et malheurs des annulations


« Les aléas de la programmation » titre l’édito du Festival au quotidien, le petit journal qui, à Verbier, informe des événements au jour le jour. Après l’annulation de James Levine, celle de Renée Fleming – pour raison de santé aussi  – porte un coup au concert du 22 juillet, organisé précisément autour de ces deux personnalités. Le programme doit être revu à la hâte sans pour autant que le public ne se sente floué. Dans l’urgence, on cherche à ne pas le mécontenter en misant plus sur le prestige de l’affiche que sur la cohérence de l’ensemble. Tout en gardant le Requiem comme plat de consistance, on ajoute alors en guise de hors d’œuvre Thomas Quasthoff et Lang Lang, le premier dans des lieder de Schubert et le deuxième dans un trio de Mendelssohn.

Quant à la partie de soprano du Requiem, elle est assurée par Barbara Bonney qui peut ainsi se réjouir de faire ses débuts à Verbier. Le tour est joué : « De là à souhaiter beaucoup de problèmes de santé, il y a un pas qu’il serait malséant de franchir » conclut avec humour l’édito en question.


Barbara Bonney
© Mark Shapiro

Cependant, sans rien retirer aux qualités de Barbara Bonney – grande mozartienne devant l’Eternel – on regrette amèrement durant le concert l’absence de Renée Fleming. D’une part parce que la cantatrice semble en méforme – défaut d’intonation, manque de charisme vocal dans une œuvre qui demande un soprano suffisamment radieux pour pouvoir lancer ses phrases comme des flèches de lumière (« Lux aeterna luceat eis » dans le Communio évidemment mais aussi « Te decet hymnus Deus in Sion » dans l’Introitus, …) – et d’autre part parce que la direction de Manfred Honeck, dramatique, à l’instar de son Requiem allemand deux jours auparavant, appelle un chant d’une autre ampleur.
La même remarque s’applique à Anne-Sofie Von Otter dont la voix, comme la veille, manque d’impact dans le grave et le medium et dont le tempérament n’a jamais été de braise.
Les deux interprètes masculins se situent mieux dans la trajectoire enflammée que trace d’une baguette incandescente le chef d’orchestre. René Pape, plus méphistophélique qu’évangélique mais remarquable de projection et d’autorité, déploie comme rarement la voile sombre du Tuba mirum ; voile sombre que déchire, avec un éclat on ne peut plus théâtral, le timbre lumineux de Kenneth Tarver. Fatigue ou trac, le ténor parait pourtant légèrement en retrait par rapport à la répétition générale ; dommage….
L’orchestre et le chœur obéissent sans faiblir à la battue implacable du maestro avec une grande justesse, une amplitude sonore et une précision admirables. Seul, le pupitre des sopranos, exagérant ses intentions, use parfois de couleurs trop vives. 
Ainsi mené, à train d’enfer, l’ultime chef d’œuvre de Mozart flamboie au point qu’on se demande parfois s’il ne s’agit pas plutôt de son homologue verdien : Dies irae pris à une cadence infernale, Rex tremendae crucifiant, Confutatis tempétueux… Revers d’une telle médaille, le Lacrymosa montre moins de ferveur mystique ; le Communio ne se pare pas du même mystère. La messe des morts perd en religiosité ce qu’elle gagne en humanité.


© Mark Shapiro

Auparavant, on aura assisté à un trio de Mendelssohn, mené contre la montre par un Lang Lang survolté, plus spectaculaire qu’émouvant.  On aura surtout retrouvé avec la même stupéfaction que vendredi Thomas Quasthoff dans sept lieder de Schubert, six au programme plus un en bis. La projection – la voix remplit sans le moindre effort apparent la salle Médran - l’art de la diction comme celui des nuances, la souplesse, le sens du phrasé, la spontanéité, le naturel, l’imagination, l’intelligence, la fantaisie, l’humour, la joie ; il ne manque rien. Une véritable leçon de chant.


Christophe Rizoud




Un site internet consacré à la diffusion en direct et en haute définition des concerts du Festival de Verbier a été créé pour l’occasion :
www.medici-arts.tv. L’enregistrement de ce concert reste disponible jusqu’’au 31 août 2007, aux côté de reportages et d’interviews exclusifs.

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