C O N C E R T S 
 
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BRUXELLES
15/12/04
Alessandra REZZA
© Ingmar Jernberg, GöteborgsOperan
La Forza del destino
Sinfonia
Aria "Madre, pietosa Vergine "
Duo Leonora-Padre Guardiano

Nabucco 
Choeur "Va, pensiero "

Il Trovatore
Aria "Tacea la notte "
Choeur "Vedi le fosche "
Aria "Ah si, ben moi "
Aria "Di quella pira "
Scena, Aria e Miserere

I Vespri Siciliani
Sinfonia
Aria "O tu, Palermo"

Un Ballo in maschera
Aria "Ecco l'orrido campo"
Duo "Teco io sto"

Ernani
Choeur "Si ridesti il Leon di Catiglia"

Alessandra REZZA, soprano
Boiko ZVETANOV, ténor
Orlin ANASTASSOV, basse

Orchestre symphonique
et choeurs de La Monnaie

Chef de choeurs : Piers MAXIM
Direction musicale : Giuliano CARELLA

Théâtre Royal de La Monnaie,
Bruxelles, le 15 décembre 2004


L'annuelle soirée de gala des Amis de La Monnaie était cette fois consacrée à la seule figure de Verdi. Pour le plus grand bonheur des amateurs présents - et ils étaient nombreux - elle présentait une belle enfilade d'ouvertures, d'airs, de duos et de choeurs choisis parmi les extraits les plus connus. Cela fait, bien sûr, plaisir de réécouter "Va, pensiero", "Di quella pira" ou "Ecco l'orrido campo", même si l'on connaît tout cela par coeur. C'est un peu ça, l'opéra populaire. Sur fond de décor, obscurci et étoilé, celui du Songe d'une nuit d'été de Britten actuellement à l'affiche du théâtre bruxellois, les choeurs, magnifiquement préparés par Piers Maxim, et l'orchestre, entraîné parfaitement par Giuliano Carella, entouraient et galvanisaient trois solistes à suivre.

Très classiquement, l'ouverture de La Force du destin ouvrait le concert. L'orchestre s'y est montré un peu hésitant, sec parfois, comme s'il avait du mal à s'entendre avec son chef, à la gestique particulière, presque outrancière. Les choses allaient immédiatement s'arranger avec l'air de Leonora, qui nous fit découvrir puis admirer la remarquable soprano Alessandra Rezza, puis avec le fameux duo entre Leonora et le Père Gardien, ce dernier incarné magistralement par la basse bulgare Orlin Anastassov, autoritaire, mais un peu limité dans le grave. Après un inévitable et fort correct "Va, pensiero" suivit le sommet de la soirée : cinq extraits du Trouvère, entamés par un sublime "Tacea la notte" à l'irrésistible cabalette. Rezza, très à l'aise, y a révélé son extraordinaire joie de chanter, soutenue par un Carella simplement parfait, chef d'opéra idéal, épousant les moindres nuances et rythmes intérieurs de la partition. Entrée du ténor, bulgare également, Boiko Zvetanov, petit de taille mais au beau talent vigoureux, et qui se sortit vaillamment du périlleux "Di quella pira". Avant cela, les choeurs réjouirent le public par un inénarrable "Zingarella". Ils participaient ensuite au célèbre Miserere complet, de l'extatique "D'amor sull'ali rosee" jusqu'à l'électrisante strette finale, dans lequel Rezza brilla de tous ses feux.

La seconde partie débutait par la toute aussi connue ouverture des Vêpres siciliennes (aux applaudissements, le chef fit lever les pupitres des percussions) puis, du même grand opéra, l'air de Procida "O tu, Palermo", hélas, sans cabalette. Anastassov s'y montra péremptoire et nuancé à la fois. La belle et forte scène ouvrant l'acte II du Bal masqué démontra une fois encore l'immense et impressionnant talent d'Alessandra Rezza, soprano verdienne de première grandeur, décidément : timbre, puissance, facilité, legato, elle possède tout et plus encore. Et la salle délira après le magnifique duo avec Riccardo, extrait du même acte, porté à une incandescence quasi puccinienne lors de l'explosion de la passion des amants. Un grand moment lyrique. Fin ludique avec le bref et jovial choeur d'Ernani puis, en bis, l'irrésistible "Libiamo" de La Traviata. Tout le monde est rentré content et heureux. N'est-ce pas là aussi le but de ce genre unique qu'est l'Opéra : réjouir les coeurs ? En cela, grâce à la formidable prestation d'Alessandra Rezza, aux jolies interventions de Zvetanov, et au métal hautain d'Anastassov, portés par l'élégance du chef, totalement en phase avec ses solistes vocaux et instrumentaux, ce gala des Amis de La Monnaie, bien plus qu'un évènement mondain, devint une véritable fête musicale !
 
 

Bruno PEETERS
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