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MARSEILLE
27/02/05

Danielle Streiff
© www.danielle-streiff.com
Franz LEHAR

LA VEUVE JOYEUSE

Opérette en 3 actes
Livret de Victor Léon et Léon Stein
d'après L'Attaché d'ambassade de Meilhac
Adaptation française de Robert de Flers et Gastoin de Caillavet
Nouvelle production en coproduction
avec l'Opéra National de Bordeaux

Direction musicale : Dominique Trottein
Mise en scène : Charles Roubaud
Décors : Emmanuelle Favre
Costumes : Katia Duflot
Lumières : Vlademir Lukasevich
Chorégraphie : Laurence Fanon
Orchestre et Choeurs de l'Opéra de Marseille
Chef des choeurs : Pierre Iodice

Missia Palmieri : Danielle Streiff
Nadia : Valérie Debize
Manon : Georgia Ellis-Filice
Danilo : Jean-François Lapointe
Camille : Marc Laho
Popoff : Patrick Rocca
Figg : Bernard Van Der Meersh
D'Estillac : Patrick Mallette
Lérida : Jacques Lemaire

Opéra de Marseille
Dimanche 27 février 2005

L'héritière la plus canaille de l'histoire de l'opérette méritait bien une nouvelle production. Marseille et Bordeaux se sont donc mis à la tache et le résultat est fort sympathique. Débarrassée des scories d'une certaine tradition, confiée à des chanteurs acteurs rompus à ce genre de répertoire, le succès ne pouvait être qu'à la clef et le public marseillais n'a pas hésité à clamer sa satisfaction au rideau final.

Les jolis décors d'Emmanuelle Favre et la mise en scène alerte à défaut d'être inventive de Charles Roubaud contribuent largement à la qualité de ce bon spectacle qu'on aurait aimé voir pour les Fêtes de Fin d'Année.

Rien de bien révolutionnaire donc sur la scène phocéenne mais La Veuve Joyeuse n'a rien à faire d'inutiles transpositions. Spectaculaire sera alors le dernier acte avec son immense seau à champagne, sa bouteille et le cancan endiablé et acrobatique !

Ceci dit, il est quand même plusieurs manières d'aborder Missia Palmieri : riche gouailleuse en quête d'un vieux beau ? Blonde platine style Jeannette Mac Donald ? Mélancolique et sensible créature richissime mourrant d'ennui ? Un peu des trois à la fois peut-être...

Danielle Streiff fait une entrée fort sage et musicalement timide mais sa beauté physique justifie pleinement l'engouement de ses nombreux courtisans. Le premier acte aura toutefois du mal à "décoller" malgré la présence et surtout la voix de bronze du Danilo de Jean-François Lapointe (hier encore Valentin à Monte-Carlo) qui donne à son premier air un poids et un esprit inattendus. Voici un attaché d'ambassade, non point dégénéré (habituel), à la présence physique et vocale incontestable !

Dès le début du deuxième acte, les choses changent. Avec son approche d'une inouïe délicatesse du Vilja-Lied, Danielle Streiff fait un malheur. Cette caressante mélodie à la suavité racoleuse devient ainsi le frontispice d'une sensibilité réelle et émouvante. La note aiguë finale est amenée en douceur, trahit l'émoi, non l'effort. Dès cet instant, la jolie dame aux cinquante millions gagne notre coeur.

La deuxième dame de la distribution sait trouver le juste milieu entre élégance et encanaillement. Eveil de la sensualité chez cette mondaine, possible rivale de Missia ?

Vrai ténor d'opérette, Marc Laho laisse ses Bellini ou autres Strauss au vestiaire pour chanter un Camille de Coutançon benêt et claironnant.

Rien à redire sur le quintette des "bouffons" de service. Jacques Lemaire (Lérida) et Patrick Rocca (Popoff) croquent de forts plaisants nigauds avec une diction irréprochable.

La baguette pondérée de Dominique Trottein crée aussi un spectacle équilibré. Passant avec un égal talent du grand répertoire à l'opérette viennoise traditionnelle, tel un spécialiste du musical, Trottein livre un discours musical très fluide pour deux heures de bonheur qui passent comme une lettre à la poste.
 
 

Christian COLOMBEAU
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