C O N C E R T S
 
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PARIS
13/10/2006
 
Franz Schubert (1797 – 1828)

WINTERREISE

Théâtre du Châtelet, Paris

Robert Wilson, mise en scène
Jessye Norman, soprano
Mark Markham, piano 

24/09/01

Yves St Laurent habille Jessye pour "L'Hiver"


Rentrée "chic et choc" au Châtelet le 24 septembre, avec la production scénique du "Voyage d'hiver" de Schubert, interprété par Jessye Norman et Mark Markham (remplaçant MW.Chung), mise en scène, éclairages et meubles (!) de Bob Wilson, costumes d'Yves St Laurent et porte-monnaie de Pierre Bergé !

Voilà le type d'évènement qui aurait fait fureur au début des années Mitterrand. Aujourd'hui, on a plutôt un sentiment de réchauffé.

Le spectacle repose sur une idée originale: mettre en scène le cycle de 24 lieder de Schubert.

C'est malheureusement une fausse "bonne idée": en plaquant son imaginaire personnel sur les poèmes mis en musique par Schubert, Bob Wilson nous bride dans notre propre ressenti et nous empêche d'y voir autre chose que son propre univers. Qu'en est-il de cette vision ?Ý Malheureusement, rien de neuf pour les habitués ! Toujours les mêmes couleurs (les toiles du Bergé ?), les mêmes formes, les mêmes poses gestuelles, avec en plus un je-ne-sais-quoi de bâclé (pour ne citer que les éclairages, des poursuites proprement "infernales", gestuelle sommairement exécutée par Jessye). Voici donc Jessye, déguisée en schtroumpfette obèse (copyright YSL) errant sur le plateau tel un paquebot dérivant après avoir largué ses amarres (impression accentuée par la coiffure d'Alexandre de Paris qui représente une espèce de cheminée ! ) : on regrette la version concert .

Mais notre plaisir est ailleurs. Après les performances de Françoise Pollet, Sharon Sweet, Jane Eaglen et autres Alexandra Marc, il était temps de remettre les pendules à líheure et les balances à zéro c'est le cas avec le chant de Jessye, qui approchera plus d'une fois les sommets.

Après un démarrage inquiétant (des graves qui ont du mal à sortir), la voix chauffée remplit bientôt le Châtelet: le timbre est toujours là, somptueux, la voix quasiment intacte (volume et vibrato). Un régal et une leçon de longévité ! Seuls quelques petits problèmes de stabilité la font détonner quelques fois.

L'interprétation, sans éviter totalement le maniérisme, en évite au moins les excès: sur les 24 lieder du cycle, moins d'une demi douzaine sont d'authentiques perles, mais l'impression d'ensemble est néanmoins superbe.

On en regrette d'autant plus l'absence de surtitrage, qui aurait permis aux non germanophones d'apprécier encore plus ce superbe travail (même avec des surtitres Bleu Wilson).



Placido Carrerotti

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